Kinshasa, 6 avril 2023(ACP).-S’exprimant à l’occasion de l’instauration par le Chef de l’État de la date du 6 février comme journée fériée en souvenir du combat de Simon Kimbangu et de la conscience africaine, le Professeur d’histoire Kambay Bwatshia a confié à l’ACP son point de vue sur cette décision étatique et sa raison d’être dans le cours de l’histoire de la République démocratique du Congo.
Le Pr Kambay Bwatsha, également recteur de l’Institut facultataire des sciences de l’information et de la Communication (IFASIC), estime que « le Président Félix Tshisekedi a permis la concrétisation d’un vœu resté longtemps oublié, celui de reconnaître et honorer la mémoire et le combat du Prophète Simon Kimbangu » qu’il préfère uniquement appelé « Tata Kimbangu », pour marteler sur son rang de précurseur de la liberté et de la conscience africaine. A travers le concept »conscience africaine », le Chef de l’Etat sensibilise à l’émergence d’un peuple renouvelé dans son intelligence, conscient de son identité et dévoué à servir la Nation :
Question n°1 : Le Président de la République Félix Tshisekedi vient de décréter la date du 6 avril, journée fériée dédiée au combat de Simon Kimbangu et la conscience africaine, Qu’est-ce que cela représente dans l’évolution de l’histoire du Congo ?
Pr Kambay Bwatshia : « Félicitations au Président de la République Félix Tshisekedi qui honore la mémoire d’un digne fils et ancêtre des noirs, en la personne de « Tata Kimbangu ». La Nation toute entière se range derrière le Chef de État pour reconnaître, saluer le combat du » libérateur du peuple noir ». Le Président de la République a répondu à un besoin resté non comblé depuis plusieurs décennies, au regard de la lutte menée jusqu’au sacrifice suprême de cette personnalité religieuse contre le joug colonial. La France, les USA, comme tout autre nation du monde ont chacun un libérateur et « Tata Kimbangu » est le libérateur du peuple congolais et de l’homme noir en général », que d’aucuns ne peuvent contester.
Il constitue un patrimoine spirituel, en même temps un précurseur de la liberté et de la conscience africaine qui mérite d’être immortalisé également par l’érection d’un monument en sa mémoire. Que l’État congolais aille loin en faisant de lui aussi un Héros national, au même titre que Patrice Lumumba et les autres. Car, il fait partie de la lignée de ceux qui ont combattu pour la liberté jusqu’au sacrifice suprême ».
Question n°2 : En mettant en exergue le concept « Conscience africaine », qu’est-ce que le Chef de État veut, selon vous, susciter dans le chef du commun des Congolais?
Pr Kambay Bwatshia : « Il veut réveiller la conscience du peuple congolais vis-à-vis de son identité originale, le « muntu », cet ensemble des valeurs liées à la nature et à la créativité de l’homme congolais, perdues au fil des années. ll veut susciter la naissance d’une nouvelle forme de pensée fondée sur le patriotisme et le désir de servir son pays. Il veut que nous mettions en tête que le Congo est notre pays (kwetu) où nous pouvons vivre dans la liberté et la tranquillité, et pas ailleurs. Le message est que nous devons l’aimer, chercher à le bâtir, à lui donner les meilleures conditions. A l’inverse, ce concept de la conscience africaine interpelle sur les habitudes du passé, à la base du passé sombre du Congo et de toute Afrique que tous devons abandonner.
Nous devons notamment arrêter d’envier chez autrui, nous investir pour qu’il fasse mieux vivre chez nous ».
Question n°3 : Quelle attitude observer, ou actions à mener, recommandez-vous à Eglise kimbanguiste au lendemain de cette journée fériée ?
Professeur Kambay Bwatshia : J’encourage les fidèles kimbanguistes à mieux promouvoir les acquis de la lutte de « Tata Kimbangu » à travers le monde. Qu’ils sortent du ghetto par la vulgarisation de la pensée de cette personnalité religieuse qui va au-delà de sa sphère tribale et qui continue à servir de guide de la Conscience africaine. ACP/
