Une rentrée scolaire 2024-2025 à multiples défis pour les élèves des camps de  déplacés (Pierre Matadi)

Kinshasa, 01 septembre 2024 (ACP).- 02 septembre 2024. Si la rentrée scolaire dans les trois cycles (primaire, éducation de base et humanités) se passe sans embûches dans 3/4 de provinces de la République démocratique du Congo, des défis énormes jonchent le retour sur les bancs des élèves des camps de déplacés. Des parents ayant fui des combats, accompagnés de leurs enfants qui, pour la plupart ont connu des années blanches malgré eux, brûlent du désir de les voir à nouveau à l’école.

C’est le cas particulièrement des enfants victimes de la guerre imposée dans la partie orientale du  pays par la coalition M23-AFC-ADF soutenue par des pays  voisins en mal d’expansionnisme ainsi que  de la quête des richesses du sol et du sous-sol congolais. Que des écoles fermées et délocalisées dans l’Ituri  (Djugu, Mambasa) ; au Nord-Kivu (Ruthuru, Masisi et Kibumba, dans le territoire de Nyiragongo).

Il y a lieu de citer également dans ce drame entamant la scolarité, des écoliers de l’Ouest du pays insécurisé par la milice Mobondo (Conflit Yaka-Teke)  dans les provinces de Mai-Ndombe, Kwango et Kinshasa-Maluku. Pour la plupart de ces élèves accueillis dans des abris d’apprentissage de fortune construits dans et aux alentours des camps, des  défis énormes sont à relever au matin de la rentrée 2024-2025.

Nord-Kivu : besoin en espaces temporaires d’apprentissage

« Les acteurs de l’éducation (dans les camps de déplacés) butent contre des difficultés liées notamment à l’insuffisance des salles de classe, au manque des pupitres et de tableaux appropriés ainsi qu’à la non-mécanisation des enseignants déplacés », a indiqué Luc Baweza, directeur de la province éducationnelle Nord-Kivu 1 approché par l’ACP.

Une école des enfants déplacés au Nord-Kivu à cause de la guerre

Il a fait savoir, qu’au cours de la dernière année scolaire, il a été mis en place « 63 écoles de déplacés dont 4 écoles à Rutshuru centre, 36 à Nianzale (Rusthuru 2), 10 à Rumangabu, 20 écoles à Kibumba et 2 autres à la Sous-Division de Nyiragongo, ainsi que 2 écoles à Masisi dans le camp de déplacés de Bulengo (Nord-Kivu 3 -Walikale)». Du fait de l’insécurité, a-t-il déploré, 312 écoles ont été fermées.

Dans le même cadre, « une commission ad hoc mise en place pour enquêter sur des données fiables a pu identifier 137.323   enfants en âge scolaire dans les camps de déplacés », a précisé Luc Baweza, insistant sur le besoin pressant en salles de classe  et enseignants au profit desdits camps.

Il a, en outre, parlant de la partie occupée par les rebelles du M23, il a dit que  450 écoles avaient été fermées et délocalisées l’année dernière. Pour l’instant, a expliqué le directeur provincial, « les besoins sont encore énormes, car il faut encore des classes supplémentaires. Près de 2 000 salles de classe devront être construites pour contenir plus de 160 000 enfants déplacés », au profit des élèves ainsi récupérés. La province éducationnelle du Nord-Kivu compte 11 sous-provinces éducationnelles dont 6 paralysées par la situation sécuritaire.

229 écoles dans cette province éducationnelle ont été incendiées et/ou détruites par les rebelles à la solde du Rwanda voisin, a-t-on renseigné.

Ituri : 1.126 élèves déplacés inscrits dans une école

Par ailleurs, à Bunia (chef-lieu de la province de l’Ituri, dans le Nord-est du pays) 1.126 élèves déplacés sont inscrits à l’école primaire Saint Luc du site du Lycée Kingonze, selon la direction de cette école.

Une vue d’une école incendiée

Ituri, plusieurs écoles délocalisées avant la rentrée scolaire

« 1 126 élèves ont été inscrits à l’école primaire Saint Luc du site des déplacés du Lycée Kingonze pour la rentrée scolaire 2024-2025, dont 652 filles et 474 garçons. Le premier degré compte 650 élèves, le deuxième degré 357 élèves et le troisième degré ou le degré terminale 119 élève », a annoncé à l’ACP Benoît Mandje dont l’établissement scolaire fait face à plusieurs défis. Il a relevé en passant que « les planches utilisées pour la construction de cette école depuis 2019 mettent ainsi en danger permanent la vie de ces élèves déplacés et leurs enseignants ». La même source a indiqué que plusieurs écoles des territoires de Djugu et Mambasa fonctionnent en déplacement, les unes au centre du territoire de Mambasa, les autres à Bunia « en raison de la crise sécuritaire qui règne dans cette partie du pays depuis décembre 2017 ». Cependant, avec  l’amélioration de la situation sécuritaire dans certaines entités de l’Ituri, quelques écoles de l’axe Lolwa-Mambasa (le long de la route nationale N°4) vont retourner dans leurs milieux d’origine dès cette rentrée scolaire, a-t-on fait savoir.

53 écoles fermées à Kinshasa-Maluku

Dans la périphérie de la capitale, des élèves de la zone de conflit communautaire Yaka-Teke voyant également leur scolarité menacée, se sont retranchés dans la commune de Maluku.

Une des écoles qui a récupéré des enfants déplacés à Kinshasa-Plateau

Près d’un millier d’entre-eux sont attendus au premier  jour de  la rentrée scolaire 2024-2025 dans la province éducationnelle de Kinshasa-Plateau, a indiqué dimanche Robert Kongi, directeur de cette juridiction. Et de préciser: «Ces élèves habitent des villages dont les établissements font partie  de  53 écoles fermées des suites de l’insécurité dans cette contrée (Maluku 1, 2 et 3) ». « Nous avions pu récupérer 13 écoles pour inscrire ses élèves déplacés dans celles se situant le long du Boulevard Lumumba (Kinshasa) à partir de Dumi à Mbakana et dans les écoles environnantes de la sous -division de N’sele », a-t-il dit. C’est grâce aux 10 écoles construites « via le projet Unicef et  la coopération sud-cornéenne (Koica) dans différents sites de Kinshasa-Plateau », que ces élèves déplacés de la partie ouest de la RDC ont pu  étudier « paisiblement et en toute sécurité », a expliqué le directeur Kongi.

ACP/

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