RDC : le sous-sol du Sankuru analysé dans une thèse doctorale

Kinshasa, 30 novembre 2024 (ACP).- Les variations spatiales et temporelles des propriétés physiques du sous-sol de la province du Sankuru dans le Centre de la République démocratique du Congo, ont été analysées dans une thèse doctorale soutenue samedi à l’Université pédagogique nationale(Upn) à Kinshasa (capitale de la RDC).

« Intitulée +Etude structurale et prospective de la province de Sankuru par la méthode sismo-magnetométrique+, l’objectif général de cette thèse, est l’élaboration des différentes cartes à partir de données disponibles par les méthodes géophysiques.

Comme objectifs spécifiques, nous nous sommes assignés d’élaborer des cartes d’anomalies magnétiques et sismiques, de modéliser la structure du sous-sol de la zone d’étude et d’indiquer les zones de sondage de gisements miniers et des hydrocarbures de la province du Sankuru », a dit Senglaithons Kitenge Okaya, doctorant et auteur de la thèse.

Cette province a fait l’objet de nombreuses campagnes géophysiques qui ont abouti à des levées géophysiques non exploitées par les scientifiques congolais et que nous examinons. Outre, les atouts agricoles, elle dispose des potentiels miniers et en hydrocarbures qu’il faut développer. D’où l’intérêt de cette étude de déterminer la variation du champ magnétique total et différent filtre, les comportements des vitesses des ondes sismiques dans des profils pour déterminer les zones susceptibles de contenir des minerais et des hydrocarbures, a- t-il dit.

Les méthodes géophysiques mesurent selon lui, les variations spatiales et temporelles des propriétés physiques du sous-sol. La prospection géophysique vise à définir des paramètres qui sont en liaison directe ou indirecte avec les ressources naturelles telles que les substances minérales, hydrocarbures ou organiques contenues dans le sous-sol.

Ces ressources naturelles peuvent générer une croissance durable, réduire la pauvreté et amener un développement rapide de la province du Sankuru en particulier et du pays en général.

Il est impérieux de mettre beaucoup de moyens dans la recherche minière et des hydrocarbures dans notre pays qui est pourtant un scandale géologique suite à son sol et sous-sol très riches, a soutenu le récipiendaire, doctorant en sciences.

Etude de la terre

L’impétrant a soutenu que la géophysique est la science qui utilise les principes de la physique à l’étude de la terre. Elle exploite des techniques d’investigation du sous-sol reposant sur la mesure des propriétés physiques de celle-ci.

« L’analyse des résultats des mesures révèle comment varient verticalement et horizontalement les paramètres physiques de l’intérieur du globe terrestre jusqu’à la surface, en nous apportant les informations recherchées.

Elle possède aussi des méthodes de recherches prospectives permettant d’imager la structure terrestre, son ére archéologique (datation) et de connaitre la géométrie des roches, de différents gisements présents sous la terre. Ces dernières sont fondées sur l’existence de contrastes de propriétés physiques entre les matériaux constituant ces vestiges et leur encaissant », a-t- il évoqué.

La prospection géophysique reste un domaine scientifique privilégié par sa rapidité de mise en œuvre. Quel que soit l’apport de l’imagerie géophysique, la fouille reste la démarche incontournable pour apporter une information stratigraphique, seule apte à permettre une reconstitution chronologique de la structure géologique.

Les méthodes magnétique et sismique seront utilisées pour l’étude structurale et prospective de la province du Sankuru. Les résultats obtenus sont comparés à ceux de l’étude antérieure où nous avions utilisé la méthode gravimétrique, a fait savoir le doctorant Senglaithons Kitenge Okaya.

« Notre étude porte sur la province du Sankuru, en République Démocratique du Congo, comprise entre les latitudes 1°58’7.19″S; 5°53’40.60’S et les longitudes: 22°6’37.76″E: 24°7’37.87″Ε.

La méthode sismo-magnétométrique est utilisée pour l’élaboration des cartes de l’anomalie des champs magnétiques et leurs différents filtres, des profils des ondes sismiques de la province du Sankuru.

Les données sismiques utilisées sont issues d’une campagne aéroportée en 1987 couvrant la plage de 1914 à 2020. D’autres données sont celles fournies par le Centre géodésique géologique européen et la campagne sismique réalisée sur terrain entre 1952 et 1986 par la société REMINA », a expliqué le récipiendaire.

Des données pour l’exploration minière

Le doctorant Senglaithons Kitenge a dit avoir fourni à travers cette étude un document valable d’exploration minière et hydrocarbure dans cette partie du pays.

« L’ensemble des résultats obtenus conduit à la description de la structure et de la prospection de la zone d’étude qui pourrait constituer un document de base susceptible d’orienter les futurs chercheurs en géophysique, en géologie et en exploration minière et hydrocarbure ».

L’impétrant a en outre, indiqué que « nous avons exploité les logiciels suivants : Surfer 21, Géosoft 8.5, Arcgis 10.5 et Gocad et Visin pro qui ont permis d’élaborer des cartes du champ magnétique total et celles avec réduction aux pôles, du gradient vertical, du gradient horizontal, des dérivées, de prolongements, de successibilité magnétique, la carte sismique et la carte d’aléas sismique de la province du Sankuru. Ces cartes ont fourni des informations permettant de mieux cerner des structures en potentiel minier ou en hydrocarbures dans les zones à prospecter ».

La géologie de la province de Sankuru est très riche, dominée par des formations géologiques. La Cénozoïque constituée de supergroupe de la cuvette centrale qui affleure toute la partie du Nord en allant vers le centre, elle occupe presque 55% de la province. La formation géologique Mésozoïque affleure toute la partie du Sud-ouest et occupe 30% de la province du Sankuru, elle est aussi serpentée dans le reste des parties au centre et au Nord sous forme des filons. La topographie de la province du Sankuru est irrégulière car elle est dominée par une série de horsts et de grabens, a-t- il signifié. Ce qui fait que la distribution des altitudes dans la province du Sankuru se présente de manière variable. Ces altitudes varient entre 355 à 851 m, composées de plusieurs talwegs présents occupés par les cours d’eaux orientés du Nord-ouest vers le Sud-est et de l’Est à l’Ouest formant deux principaux bassins hydrographiques : bassin de la rivière du Sankuru et le bassin de la rivière de Lukénic qui sont navigables.

Enormes potentialités

Selon le récipiendaire, « la province du Sankuru dispose d’énormes potentialités suite à la présence des structures géologiques favorisant la migration (faille) et les piégeages (anticlinaux) dans des profondeurs biens détaillées [Figs (4,14) à (4,17)) ».

 La méthode sismique montre que la structure terrestre de la province du Sankuru contient des synclinaux, des anticlinaux et de dôme de Sel (4,29) et (4,30) qui renseigne sur la présence d’hydrocarbure, a-t -il demontré .

« Nous avons fait aussi la superposition des cartes des anomalies de Bouguer, du champ magnétique réduit au pôle, de carte géologique et combinée avec les cartes obtenues par la méthode d’Euler, ce qui a permis de localiser des structures en potentiel minier ou hydrocarbure à prospecter dans la province du Sankuru [Fig. (5,16a) et (5,17a)) », a-t- il conclu.

Cette thèse de physique lui a valu le grade docteur en sciences avec la mention « la plus grande distinction ».

Les professeurs François Tondozi Keto, Albert Kabasele de l’Upn, God’El Kinyoka  , David Ngindu , Mukange Besa, André Zana et Emile Onema, ont été respectivement promoteur, co-promoteur, président et membres du jury  de cette thèse tandis que la séance académique a été présidée par le professeur Albert Phongi, représentant de la rectrice de l’Upn. ACP/C.L.

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