Kinshasa, 21 mai 2025 (ACP).- La République démocratique du Congo (RDC), pays du Bassin du Congo, a exigé mercredi, une finance climatique équitable reconnaissant la valeur mondiale de ses forêts, lors de l’atelier régional d’information et d’appropriation d’une initiative, tenu du 19 au 21 mai, à Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC).
«La RDC, tout comme les autres pays du Bassin du Congo (…) subissent de plein fouet les effets du changement climatique. Nous exigeons une finance climatique équitable, prévisible et directe qui reconnaisse la valeur mondiale de nos forêts tout en respectant notre souveraineté environnementale», a déclaré Eve Bazaiba, ministre d’Etat chargé de l’Environnement et développement durable.
«Pourtant, nous avons choisi la voie de la responsabilité, en maintenant un taux de déforestation faible, en promouvant la conservation et en portant des solutions concrètes au niveau mondial. Cependant, cette responsabilité ne saurait être unilatérale», a-t-elle dit.
Selon Mme Bazaiba, cet atelier se déroule à un moment stratégique à la veille de la COP30, prévue au Brésil en novembre prochain. «C’est une responsabilité pour les pays du Bassin du Congo de se préparer en Conséquence, au regard de leur responsabilité climatique, et nous apprécions la collaboration de nos partenaires dans la participation effective des pays de notre région», a-t-elle affirmé.
Elle a noté que les forêts du Bassin du Congo, qui couvrent plus de 530 millions d’hectares, représentent 70 % du couvert forestier africain et 91 % des forêts denses humides du continent. Elles capturent plus de
1,5 milliard de tonnes de CO₂ par an, soit 4 % des émissions mondiales, un taux six fois supérieur à celui de l’Amazonie. «Cependant, malgré cette contribution écologique mondiale inestimable, elles sont trop souvent négligées dans les financements climatiques internationaux», a-t-elle déploré.
De son côté, Rokya Ye Dieng, représentante-pays du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), a indiqué que cet atelier offre une opportunité de définir une approche commune adaptée aux besoins des pays du Bassin du Congo et de favoriser l’appropriation du mécanisme TFFF (Tropical forest forever facility) par les acteurs de la région.
D’après elle, les forêts du Bassin du Congo représentent le 2ème plus grand massif forestier tropical du monde après l’Amazonie et jouent un rôle central dans la régulation du climat, la protection de la biodiversité, le développement économique et le bien-être social de l’ensemble des pays de la région et au-delà.
Elle a déploré du fait que malgré des efforts déployés par les gouvernements, avec le soutien précieux de leurs partenaires, ces ressources se trouvent confrontées à des menaces croissantes. « La déforestation, la dégradation des écosystèmes et l’intensification des pressions économiques et démographiques pèsent lourdement sur leur intégrité. «Relever ces défis exige des financements innovants et substantiels, particulièrement dans un contexte mondial d’incertitude touchant l’aide publique au développement. Seuls des investissements d’envergure, soutenus par une collaboration renforcée permettront de préserver durablement ce patrimoine naturel», a-t-elle dit.
Le TFFF qui a été portée par le Brésil, soutenue par la RDC ainsi que par plusieurs autres pays forestiers tropicaux, est une réponse innovante vissant à mobiliser jusqu’à 125 milliards USD pour la conservation structurelle et pérenne des forêts tropicales, avec un focus particulier sur le Bassin du Congo. Cette initiative complète le dispositif REDD+ et garantira des paiements annuels stables aux pays préservant leurs forêts intactes, même sans réduction active de la déforestation. ACP/C.L.