Kinshasa, 23 décembre 2022 (ACP).- La malnutrition dans trois zones de santé des provinces de la Tshopo et du Haut-Uélé demeure une réalité aggravée notamment par le manque d’intrants nutritionnels, rapporte une note d’information de l’Organisation médicale internationale Médecins sans frontières (MSF) consultée vendredi par l’ACP.
Ces trois zones de santé sont Banalia (Tshopo), Isiro et Niangara (Haut-Uélé). « Le manque ou l’absence d’intrants nutritionnels disponibles dans les structures de santé pour prendre en charge les enfants malnutris est un des défis majeurs que nos équipes rencontrent sur le terrain », a affirmé le coordinateur médical de MSF, le Dr Patrick Nkemenang.
Selon ce médecin, si la rougeole affaiblit le système immunitaire des enfants, et peut avoir des conséquences négatives sur leur état nutritionnel, ce n’est pas le seul facteur qui explique cette situation préoccupante. Il y a également le manque de diversité alimentaire dans le régime quotidien des familles et la faible production de récoltes agricoles dans la zone de santé de Banalia dans la province de la Tshopo qui contribuent à exacerber la malnutrition.
« Avant l’arrivée de MSF, le centre de santé de Bopepe dans la zone de santé de Banalia faisait constamment face à des ruptures d’intrants nutritionnels depuis plusieurs mois. Dans ces conditions, les prestataires de soins sont démunis et ne peuvent offrir une prise en charge médicale appropriée aux enfants », poursuit le Dr Nkemenang.
Il a fait savoir que face à cette réalité, les prestataires de soins se retrouvent limités à donner des conseils alimentaires aux parents qui, eux-mêmes, manquent de moyens pour les appliquer. Pour lui, l’absence de prise en charge précoce de la malnutrition modérée contribue à faire basculer les enfants dans la malnutrition sévère qui est encore plus difficile à guérir.
Le coordinateur médical de MSF a affirmé que le soutien de son organisation est ponctuel, mais le problème de malnutrition dans ces parties de la Tshopo et du Haut-Uélé est structurel et ne disparaîtra pas en quelques mois.
C’est ainsi qu’il a plaidé pour que ces provinces puissent non seulement avoir accès aux intrants nutritionnels de manière régulière tout au long de l’année, mais aussi que des acteurs s’impliquent davantage pour lutter contre la malnutrition dans ces trois zones de santé.
Durant l’intervention contre la rougeole menée par MSF de juin à août 2022 dans la Tshopo et le Haut-Uélé, plus 3.500 cas de malnutrition aigüe modérée et 1.880 cas de malnutrition aigüe sévère avaient été identifiés par ses équipes chez les enfants de moins de 5 ans dans les zones de santé de Banalia (Tshopo), d’Isiro et de Niangara (Haut-Uélé). MSF intervient depuis novembre 2022 aux côtés du ministère de la Santé publique, Hygiène et Prévention pour renforcer la prise en charge des enfants malnutris dans ces trois zones de santé. ACP/Kayu/JLL/Thd