Kinshasa, 7 novembre 2024 (ACP).- Une conférence destinée à appuyer les autorités et aider la société civile à renforcer ses capacités à protéger les lanceurs d’alerte pour l’intérêt général, a été organisée jeudi à Gombe, (Nord de Kinshasa), capitale de la République démocratique du Congo, a constaté l’ACP.
« Le but de cette conférence est d’appuyer les autorités et aider la société civile à renforcer ses capacités afin de protéger plus efficacement les lanceurs d’alerte pour l’intérêt général. Les lanceurs d’alerte peuvent déclencher des tremblements de terre dans les petites prises de conscience dans la société civile et amener les autorités à déclencher des processus judiciaires. Et nous considérons que cette protection peut lutter contre la corruption », a déclaré Henri Thulliez, directeur exécutif de la Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF).
« (…)la République démocratique du Congo fait face à des multiples défis, notamment les questions de la lutte contre la corruption (…). Depuis plusieurs années, certains lanceurs d’alerte congolais ont permis à l’opinion congolaise et internationale de prendre conscience de certaines fraudes et irrégularités qui se réalisent sur le territoire et portent préjudices aux citoyens congolais et à la population. Il y a aussi une vague sur le continent et ailleurs pour promouvoir de plus en plus la protection des lanceurs d’alerte du point de vue législatif », a-t-il indiqué.
« Nous sommes ici pour discuter et échanger avec les participants pour mieux saisir les enjeux auxquels doivent faire face les lanceurs d’alerte. Nous soutenons en particulier l’approche qui consiste à tirer profit de l’expérience et des enseignements d’autres pays du continent africain. Comme vous le savez, la lutte contre la corruption est un thème cher à la Belgique », a noté, de son côté, Stanley Mathys, représentant de l’ambassadeur du Royaume de Belgique.
« Trop souvent, le cercle vicieux de la corruption se reproduit, car les personnes qui veulent la dénoncer s’exposent à des risques et des menaces énormes. Un cadre juridique et institutionnel de protection des lanceurs d’alerte est donc crucial, impactant aussi beaucoup de domaines de nos programmes de coopération, et je pense en particulier à nos efforts dans le secteur de la réforme des finances publiques, en ce qui concerne la Belgique », a-t-il poursuivi.
« Elle renforce le droit de partager et de recevoir des informations, mais elle est également fondamentale pour une société dans laquelle la transparence et la responsabilité démocratique sont centrales et dans laquelle les droits humains de toutes et tous sont protégés. A ce titre, nous sommes ravis d’apprendre que la RDC est activement engagée dans un processus législatif visant à renforcer la protection des lanceurs d’alerte avec le soutien d’organisations comme UNODC », a-t-il renchéri.
La Suède fière d’appuyer le travail des lanceurs d’alerte
« Je suis très honoré d’avoir été invité pour appuyer le travail des lanceurs d’alerte dans la lutte contre la corruption et la promotion de la bonne gouvernance en RDC. La question de la corruption touche plusieurs préoccupations suédoises. Cela fait partie intégrante de notre engagement envers les droits humains, la démocratie et l’état de droit, et la Suède vise à soutenir la transparence et la responsabilité pour rétablir la confiance et protéger les plus vulnérables et les plus pauvres », a dit de son côté Joachim Vaverka, ambassadeur de Suède en RDC.
Prenant la parole à son tour, Jennifer Sarvary-bradford, représentant de l’Office des Nations Unies Contre la Drogue (ONUDC), a axé son intervention sur la protection des lanceurs d’alerte.
« La protection des lanceurs d’alerte et des personnes qui transmettent les informations est très souvent citée parmi les outils les plus efficaces pour prévenir, détecter et poursuivre la corruption. Un système solide de protection et de signalement est une pierre angulaire pour lutter contre la corruption et contribue à renforcer la responsabilité institutionnelle comme il est prévu au sein de l’objectif du développement durable numéro 16 », a-t-il dit.
Selon lui, l’ONUDC est gardien des Nations Unies contre la corruption. La convention exige de ces états partis d’envisager, d’incorporer dans leur système juridique interne des mesures appropriées pour assurer leur protection contre tout traitement injustifié de toutes personnes qui signalent aux autorités compétentes, de bonne foi, sur la base du soupçon raisonnable, tout fait concernant les infractions établies conformément à la convention.
Il a également fait savoir que la réticence des individus à signaler ces actes de corruption répréhensibles continue d’être identifiée comme l’un des défis majeurs de l’application de la convention dont environ 70% des Etats partis ont été identifiés comme ayant des lacunes au besoin de renforcer leur cadre législatif.
Cette conférence de deux (2) jours a été organisée par le plateforme de protection de lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF), en partenariat avec l’agence suédoise de coopération internationale au développement (SIDA), l’Office des nations unies contre la drogue (ONUDC), le Congo n’est pas à vendre (CNPAV), ainsi que l’institut de recherche congolais.
ACP/JF