Kinshasa, 29 septembre 2024 (ACP). –Quelques progrès ont été accomplis en République Démocratique du Congo après la publication dans le journal Officiel de la Charte Africaine des droits de l’homme et des peuples signée à Maputo en son article 14.c sur la dépénalisation de l’avortement, a-t-on appris dimanche d’un entretien.
« Le monde entier a célébré le 28septembre, la Journée internationale de la dépénalisation de l’avortement. C’est une occasion pour nous de célébrer aussi les progrès accomplis en RDC depuis la publication au journal officiel du Protocole de Maputo, ce traité régional qui autorise l’accès à l’avortement en respectant certaines conditions », a déclaré Dr Jean – Claude Mulunda, directeur – pays de l’ONG américaine IPAS.
Ce traité régional, a – t-il ajouté, à servi de fer de lance au pays pour améliorer l’accès aux soins d’avortement de qualité et surtout de réduire le recours à des avortements clandestins sécurisés qui souvent sont à la base des conséquences néfastes pour la santé et de décès maternel.
A en croire ce médecin, la RDC a accompli plusieurs progrès. Il s’agit entre autres du développement de la stratégie générale de communication sur les soins complets d’avortement centrés sur la femme qui a été validé par le ministère de la Santé de la RDC. Cette stratégie, a-t-il poursuivi, est utilisée par les agents communautaires pour informer la communauté des risques qu’il y a à tenter de recourir aux avortements clandestins quelles que soient les raisons, à toujours s’adresser à un prestataire formé pour obtenir des plus amples détails qui peuvent orienter leurs décisions, mais aussi bénéficier des soins sécurisés tels que stipulés dans le protocole de Maputo (PM).
Un progrès important qui permet aux congolaises d’accéder à des informations de qualité. Aussi, du côté de l’ engagement du système judiciaire en faveur de l’implémentation de l’article 14 du PM, des étapes importantes ont été franchies grâce à la collaboration entre ‘IPAS, le secrétariat permanent du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et la Cour Constitutionnelle, le développement du module de formation du Magistrat, la disponibilité de commodités, des médicaments et des nouvelles technologies permettant d’offrir les soins de qualité ainsi que la formation des sages-femmes qui a changé la donne.
Disponibilité des soins d’avortement de qualité
Pour le directeur – pays de IPAS, à ce jour, des milliers de femmes et de jeunes filles congolaises ont accès aux soins d’avortement de qualité grâce à la collaboration entre le ministère de la Santé et Ipas qui soutient à travers le pays plus de 150 formations sanitaires et près de 250 pharmacies qui donnent des informations et des orientations sur comment les femmes peuvent éviter les voies clandestines et aller vers les voies tracées par le ministère de la santé.
Selon lui, près de 10.000 adolescentes et jeunes sont capables de poursuivre leurs cursus scolaires et académiques grâce entre autres à ces soins d’avortement sécurisés disponibles, accessibles, presque gratuitement à toutes les bourses et surtout proches de la communauté.
Le Dr Jean-claude Mulunda a noté que l’éducation de la fille va contribuer à la réduction des inégalités entre les hommes et les femmes et aider le pays à construire une société égalitaire, vu que les grossesses non désirées sont souvent la cause de rejet des jeunes filles de l’école qu’elles soient issues du viol ou de l’inceste.
Le fait que les femmes, jeunes filles, les adolescentes aient l’accès à l’information, aux soins de qualité et peuvent continuer leurs études est un progrès important pour l’avenir de la parité et de l’égalité en RDC, a-t-il soutenu.
Défis à relever
Jean-Claude Mulunda s’est dit convaincu qu’il y a plusieurs défis à relever concernant les soins complets d’avortement centrés sur la femme. Ainsi, il est important d’intégrer les soins complets d’avortement centrés sur la femme dans la stratégie nationale de couverture santé universelle, a-t-il indiqué. A l’entendre, ce sujet par lui seul couvre 30 % de mortalité maternelle, en plus, c’est la deuxième principale cause de la mortalité maternelle en RDC.
« Il est crucial que le plaidoyer soit engagé et que les décideurs prêtent attention à cette question d’avortement clandestin et puissent progressivement intégrer dans la nouvelle stratégie de couverture santé universelle, les soins complets d’avortement centrés sur la femme, ceci sera une justice pour les femmes et les filles de plusieurs provinces qui n’ont pas encore la possibilité d’accéder aux soins complet d’avortement centrés sur la femme même en cas de viol ou encore en cas d’inceste », a-t-il fait soutenu.
La couverture santé universelle est une opportunité de faire le passage à l’échelle des soins complets d’avortement centrés sur la femme et permettre à ce que ces soins soient disponibles et beaucoup plus proches de la communauté, a poursuivi le Dr Jean-Claude Mulunda.
En deuxième lieu, il est important de s’assurer que les lois du pays soient en accord avec les traités régionaux et Protocole que la RDC a ratifié. Il y a donc une urgence de travailler pour s’assurer que le PM et le code pénal disent la même chose avec les lois existantes. Puis, il est temps de commencer à préparer à faire une évaluation, de voir la contribution des soins complet d’avortement centré sur la femme par rapport à l’amélioration du bien-être de la femme, réfléchir à aller au-delà de la PM.
Enfin, il y a nécessité de vulgariser le Protocole de Maputo.
« Il y a toujours des acteurs à tous les niveaux qui ignorent ou qui ont entendu parler du PM sans connaitre le contenu. D’autres encore ont lu mais l’ont mal interprétés. Il est important de lire le PM avec son annexe et aussi lire les observations générales numéro 2 qui sont un complément d’informations pour que chaque pays ne puisse pas l’interpréter à sa façon. Donc, le législateur africain a prévu une explication de chaque mot qui est repris dans cet instrument juridique régional », a conclu le directeur – pays de IPAS.
ACP/C.L.