L’héritage du Royaume Kongo reconnu dans la culture cubaine

Kinshasa, 8 juin 2025 (ACP).- L’influence du Royaume Kongo dans la formation de la culture cubaine a été reconnue comme une composante essentielle de la mémoire partagée entre l’Afrique centrale et les Caraïbes, a appris l’ACP dimanche lors d’un échange téléphonique avec l’ambassadeur de la République démocratique du Congo à Cuba.

«Ce que l’on appelle aujourd’hui culture afro-cubaine porte l’empreinte profonde du Royaume Kongo. Les percussions, les danses, les croyances et les langues ont survécu à la déportation et ont façonné l’âme cubaine», a affirmé Yves Patrick Lihau Moleli, diplomate congolais en poste à la Havane.

Entre le 16e et le 19e siècle, près de 1,4 million d’Africains ont été déportés à Cuba, dont une large majorité provenant du bassin du Kongo – un territoire qui couvre aujourd’hui des régions de la RDC, du Congo-Brazzaville, de l’Angola et du Gabon. Leurs traditions ont traversé les siècles pour s’incarner dans les rythmes et rituels qui nourrissent encore la musique cubaine contemporaine.

«On retrouve dans la Santería cubaine, par exemple, des éléments spirituels directement issus des cosmologies du Kongo. Ce sont des racines africaines profondément ancrées dans l’identité cubaine», a souligné M. Lihau.

De la rumba au cha-cha-cha, en passant par le mambo, ces expressions culturelles nées du choc colonial sont revenues sur le continent africain par les ports de Boma et Matadi, où les marins apportaient disques et influences. C’est ainsi que Kinshasa est devenue, dans les années 1950, un centre créatif de la rumba congolaise, fusion musicale entre clave cubaine et guitare sebene du Congo.

«Nous avons ici une histoire de va-et-vient culturel. Ce qui est parti d’Afrique est revenu transformé, mais toujours reconnaissable. La rumba congolaise en est le témoignage vivant», a expliqué le diplomate.

Selon lui, cet héritage commun constitue aujourd’hui un socle solide pour bâtir des relations culturelles durables entre les deux pays. «La culture est un langage sans frontière. C’est par elle que la diplomatie devient humaine, sensible et mémorielle», a conclu M. Lihau. ACP/C.L.

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