Trois questions au Pr. Ambroise Kua-Nzambi, musicologue et analyste culturel

Kinshasa, 21 mai 2023 (ACP).- La « Journée mondiale de la diversité culturelle pour le dialogue et le développement », célébrée le 21 mai de chaque année, a fait réagir le Pr. Ambroise Kua-Nzambi, musicologue et analyste culturel de la République démocratique du Congo(RDC, approché dimanche par l’ACP.

« Cette édition est une occasion pour les forces congolaises de se lancer à de profondes réflexions, sur les richesses culturelles de la République démocratique du Congo, ainsi que  sur les mesures à prendre dans l’immédiat et dans l’avenir », a-t-il déclaré en substance.

 Cet opérateur culturel, connu du milieu musical congolais et à l’international, soutient que la RDC, en plus d’être un scandale géologique, est aussi « un scandale culturel » de par ses  groupes ethniques, et ses 212 langues vernaculaires et véhiculaires. Il a ainsi répondu à nos questions : 

Question 1. Quel sens donnez-vous à la « Journée mondiale de la diversité culturelle pour le dialogue et le développement », dans le contexte de la RDC ?

Ambroise Kua-Nzambi : « La RDC est une nation aux dimensions continentales. Son scandale n’est pas que géologique. Ses plusieurs centaines de groupes ethniques, ses 212 langues vernaculaires et véhiculaires pour ne citer ceux-là font d’elle un véritable scandale culturel. Le vrai scandale réside dans le fait d’avoir rendu muettes certaines expressions culturelles, par manque de politique culturelle efficace.

Cette journée devrait non seulement être célébrée de façon festive, mais plutôt constituer l’occasion pour de profondes réflexions sur nos richesses culturelles.

Le Congolais a tendance à vite rejeter ou négliger ce qu’il possède naturellement, pour vite adopter ce que l’autre lui offre et qui tape à l’oeil, à l’oreille, au goût.

Notre « chikwange » est longtemps restée emprisonnée dans les feuilles et a même vu certaines de ses variétés d’autrefois (Nsesa, ntolola, et autre miondo) vite disparaitre au lieu d’être améliorées pour s’intégrer davantage.

C’est aussi les cas pour nos multiples langues écrasées par les 4 langues portées au niveau national.

Il est donc question de faire des plaidoyers, auprès du législateur, pour protéger la diversité dans tous les secteurs de la vie nationale et, en particulier, dans le domaine culturel.

A mon avis, la RDC tarde à comprendre qu’elle possède une richesse culturelle qu’elle peut exporter à travers le monde ».

Question 2 : En tant que formateur, chef de chœur renommé sur le international, que faites-vous, avec votre chorale « Chœur la grâce », pour promouvoir cette forme de pensée, via la musique ?

Ambroise Kua-Nzambi : « Pas plus tard qu’hier, je me suis fait recevoir au ministère de la Culture pour faire un rapport moral sur la participation de Choeur La Grâce de Kinshasa au 12è Symposium mondial de Chorale organisé du 25 au 30 avril à Istanbul.

Notre groupe a été sélectionné pour présenter la rumba congolaise version chorale. Nous avons fait des recherches et nous avons publié des articles scientifiques sur des sites de musicologie bien reconnus.

Bien avant cela, nous avons participé à 38 festivals et événements mondiaux de haute portée culturelle, en tant que représentant de la RDC, et voire de l’Afrique, pour présenter les styles de chants traditionnels sacrés du pays et du continent. Nous chantons en 28 langues d’Afrique. Je pense que l’action de « Chœur la Grâce » est officiellement reconnue dans le réseau mondial de chant choral.

Je peux vous donner le témoignage du  Professeur Michel Wolovsky, directeur du légendaire festival international des musiques sacrées et musiques du monde de Sylvanes : il  a un jour déclaré que « Chœur la Grâce » était l’une de meilleures illustrations de la musique chorale « panafricaine » et que le groupe jouait bien son rôle d’Apôtre du rayonnement du chant choral congolais et africain.

Actuellement au sein de notre Institut facultaire de musique, nous travaillons sur cette version chorale de la rumba en essayant d’apporter des innovations.

Question 3. En ce moment l’on assiste à des divisions entre des tribus congolaises de même environnement, à cause parfois des conflits de terre, quel peut être votre message ?

Ambroise Kua-Nzambi : « La RDC ne va jamais se développer par des oppositions sans nuances à proposer, des conflits ayant comme cause la protection des intérêts égoïstes, des coalitions d’allure tribale, ayant comme velléités la domination d’une tribu sur l’autre.

Où sont passés ces leaders qui sont allés chercher l’électorat auprès de ces communautés?

Qu’ont-ils réellement fait pour rapprocher ces peuples autour des valeurs sociétales pouvant engendrer le développement communautaire, social, culturel et économique ?

La culture, les échanges culturels, la valorisation de nos différentes cultures pouvaient bien faciliter la compréhension, la tolérance, le respect mutuel, les négociations, et donc jouer sur la consolidation de la paix ». ACP/NGOY

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