Iran : le Parlement révoque le ministre de l’Économie

 Kinshasa, 02 mars 2025(ACP).- Le Parlement iranien a révoqué dimanche le ministre de l’Économie lors d’une motion de censure, dans un contexte de forte dépréciation de la monnaie nationale face au dollar et d’une inflation galopante qui étrangle les ménages, a-t-on appris des médias internationaux.

«À l’issue d’un vote, 182 députés sur 273 se sont prononcés pour la destitution du ministre de l’Économie et des Finances, Abdolnasser Hemmati, en poste depuis août dernier », a déclaré Mohammad-Bagher Ghalibaf, président du Parlement iranien.

C’est la seconde fois depuis 2018 qu’un ministre de l’Economie est démis de ses fonctions par le Parlement. Les députés opposés au limogeage de M. Hemmati ont notamment fait valoir que la décision, qui intervient à la veille du Nouvel An persan (20 mars), déstabiliserait encore plus le marché.

Les congés de Norouz, équivalent aux fêtes de Noël et du Nouvel An en Occident, mettent chaque année le pays à l’arrêt. Dans une ambiance quelque peu houleuse, des députés ont multiplié à tour de rôle dimanche leurs reproches au ministre de l’Economie.

Depuis 2019, l’inflation en Iran est supérieure à 30% par an, selon les chiffres de la Banque mondiale. Elle a atteint 44,5% en 2023, d’après cette institution qui a son siège à Washington. Le chiffre pour l’an dernier n’est pas connu.

La dépréciation de la monnaie iranienne, le rial, s’est quant à elle intensifiée depuis la chute en décembre du président syrien Bachar al-Assad, dont l’Iran était le principal allié. Elle s’est encore accélérée depuis le retour en janvier à la Maison Blanche du président américain Donald Trump, dont le premier mandat avait été marqué en 2018 par le retrait unilatéral d’un accord international avec Téhéran sur son programme nucléaire et la réimposition de sanctions.

Dimanche à Téhéran, un dollar s’échangeait au marché noir plus de 920.000 rials, proche d’un record absolu, selon l’un des sites de référence pour le suivi des changes AlanChand. Le taux était d’environ 600.000 rials pour un dollar en juillet lorsque le président Massoud Pezeshkian a pris ses fonctions, avec pour ambition de raviver l’économie et négocier avec les pays occidentaux la levée d’une partie des sanctions.

Massoud Pezeshkian a tenté devant les députés de défendre son ministre de l’Economie. « Nous sommes en pleine guerre (économique) avec l’ennemi », a affirmé M. Pezeshkian, qui la veille a attribué les difficultés aux « sanctions » réimposées par les Etats-Unis. « On ne peut pas rejeter la responsabilité (des problèmes) sur une seule personne », a-t-il argué.

Le gouvernement aura ensuite trois mois pour présenter un remplaçant, dont la nomination devra être entérinée par un autre vote au Parlement.

En avril 2023, les députés s’étaient prononcés pour la destitution du ministre de l’Industrie d’alors, Reza Fatemi Amin, en raison d’une flambée des prix liée aux sanctions internationales.

ACP/C.L.

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