Kinshasa, 26 mai 2023 (ACP).- Près de 95 % d’entreprises en République démocratique du Congo (RDC) évoluent dans l’informel contre 70 à 90 % en 2012, a indiqué Don Pierre Yembal Okito, un analyste économique congolais au cours d’un entretien vendredi avec l’ACP.
« Les derniers chiffres officiels indiquent toujours un faible taux de création d’entreprises (près de 10.000 sur l’étendue du territoire national) et un taux élevé d’entreprises évoluant dans l’informel en dépit de l’amélioration de l’arsenal juridique des affaires. Quelques parties majeures de l’activité économique formelle sont sous le contrôle des entreprises étatiques », a relevé Don Pierre Yembal Okito, un analyste économique congolais qui a soutenu qu’il s’agit d’une preuve parmi tant d’autres de la difficulté d’assurer le décollage de l’entrepreneuriat national en République démocratique du Congo.
Il a laissé entendre que l’Agence nationale de développement de l’entrepreneuriat congolais (ANADEC), avait confirmé que 6000 entreprises congolaises évoluent aujourd’hui dans l’informel soit dans le secteur de l’entrepreneuriat féminin, où il règne également un vrai malaise en matière de création d’entreprise.
« On nous parle d’un pourcentage féminin qui ne dépasse pas les 35 %. En réalité, moins de 10 % de ces entreprises créées appartiennent réellement à des femmes. Il s’agit pour la plupart des prête-noms », a-t-il affirmé.
Par ailleurs, a-t-il révélé, le ton monte du côté des sous-traitants congolais qui dénoncent pour leur part les dures conditions d’accès à un financement pour arracher des parts des marchés. Selon lui, l’absence des réformes déterminantes dans le secteur financier et même le régime fiscal fait que l’avenir du secteur entrepreneurial reste sombre en RDC.
L’inefficacité de FOGEC à assurer ses missions
Il a rappelé que plusieurs sous-traitants congolais ont relevé l’inefficacité du travail abattu par le Fonds de garantie de l’entrepreneuriat au Congo (FOGEC). Cette structure a pour mission de mobiliser et de collecter des ressources financières au niveau national et international, en vue de garantir un accès au financement aux différentes Mocro, petites et moyennes entreprises (MPME). Trois ans après sa création, son bilan reste très contrasté.
« Pour les uns, les opportunités existent réellement dans la sous-traitance en RDC, mais il est difficile d’aller plus loin, faute d’un réel fonds de garantie. Pour les autres, la concurrence bien souvent déloyale dans ce secteur conduit à la disparition progressive des sous-traitants congolais », a dit M. Don Yembal, avant d’ajouter que » pour dissiper les zones d’ombre autour de son bilan, le FOGEC/RDC a présenté ses chiffres dans un tweet datant du 29 décembre 2022 : « 100 000 USD de financement pour 10 bénéficiaires dans la première cohorte, 500 000 USD pour 31 bénéficiaires dans la seconde », a-t-il indiqué.
Il a expliqué qu’avec ces deux structures, en l’occurrence l’ANADEC et le FOGEC, la tâche est herculéenne pour l’État congolais, pour répondre à des millions de demandeurs de crédit. Outre le déficit en formation dans le domaine de l’entrepreneuriat, plusieurs études ont épinglé également d’autres faiblesses, principalement le niveau de financement et surtout l’accès aux marchés publics.
Selon une étude : « entre 2013 et 2016 la RDC atteignait la moyenne record de 7000 entreprises créées, les Nigérians 75 000 entreprises au cours de la seule année 2016. Avec un besoin estimé à 82 millions de paires de chaussures par an, la production locale ne dépasse guère les 5 % », a-t-il soutenu.
Et d’ajouter que Devant tant d’opportunités, on ne peut que déplorer l’étendue du gâchis. Pour rappel, l’architecture des Petites et moyennes entreprises (PME) se présente de la sorte : « plus de la moitié dans le négoce ou commerce général, 4 % dans l’industrie légère et 2 % dans l’agriculture», a-t-il statué. ACP/
