Kinshasa, 04 février 2025 (ACP).- L’affluence de la population de la République démocratique du Congo (RDC) vers les jeux d’argent est le résultat de l’absence d’une éducation financière adéquate, selon un spécialiste en entrepreneuriat lors d’un entretien mardi avec l’ACP.
« L’absence d’éducation financière conduit les gens à adopter des pratiques économiques à haut risque. Sans une sensibilisation adéquate, de nombreux Congolais continuent de privilégier des investissements spéculatifs et les jeux d’argent, au détriment d’une épargne et d’un investissement productif », a déclaré M. Trésor Kalonji, formateur et spécialiste en entrepreneuriat. D’après lui, cette affluence se manifeste à travers les paris sportifs, mais également via des plateformes financières non régulées, telles que « MyGold Rev » et « Dutch International », qui ont causé la ruine de nombreux ménages. Cette tendance risque de s’aggraver avec la montée progressive des « crypto-monnaies », s’est-il inquiété.
La méfiance envers les banques cause de l’affluence vers les jeux d’argent
Selon M. Trésor Kalonji, la méfiance envers les banques a façonné les choix financiers des Congolais, les conduisant à se tourner vers des systèmes informels d’épargne. « L’effondrement de l’économie après les pillages de 1991 et 1993, ainsi que la faillite de la banque internationale pour l’Afrique au Congo (BIAC) en 2016, a conforté cette méfiance des épargnants envers les banques préférant ainsi des alternatives comme le Mobile Money, mais principalement les tontines pour conserver leur argent », a-t-il expliqué. Il a souligné que la seule alternative visiblement rentable pour fructifier de l’argent était apparue avec les jeux d’argent.
« La création de la Société zaïroise de loterie (Sozal) avait ainsi capté, via des paris sur les courses hippiques, des sommes considérables, alimentées par des fonctionnaires qui tentaient de valoriser leurs maigres salaires », a poursuivi M. Trésor Kalonji. Ce phénomène s’était aggravé avec l’essor de structures telles que Bindo et Nguma dans les années 1990.
Ces systèmes proposaient des rendements annuels excessivement élevés, malgré les mises en garde de la Banque centrale du Congo, à l’époque Banque centrale du Zaïre, à qui personne ne faisait plus confiance. C’est ainsi que l’effondrement de ces dispositifs a engendré des crises sociales majeures. En outre, pour assurer une croissance économique stable et inclusive, M. Kalonji a évoqué la nécessité de renforcer la culture de l’effort et l’éducation financière, dans un cadre réglementaire strict, afin d’offrir aux citoyens les outils, ainsi que les assurances nécessaires à une gestion éclairée de leurs finances, a-t-il conclu. ACP/