Kinshasa, 6 mars 2025 (ACP).- La suspension d’exportation du cobalt de République démocratique du Congo a été jugée légitime, consécutivement à un excédent de 27% d’exportation réalisé en 2023, a indiqué jeudi à Kinshasa un expert du secteur extractif lors d’un entretien avec l’ACP.
« Il y a l’offre qui a été excédentaire sur le marché en 2023 évaluée à 27%. C’est-à-dire nous fournissons de trop et personne n’achète. La conséquence directe a été la chute du prix sur le marché, la RDC a réagi tardivement mais sur le fond légitime », a déclaré M. Jean-Pierre Okenda, analyste senior dans le domaine de gouvernance des industries extractives et directeur exécutif de la Sentinelle des Ressources Naturelles.
Selon lui, la RDC doit aller vers une réglementation appropriée et efficace. C’est le principal facteur qui explique la chute des prix.
« Sur le fond, la RDC doit absolument réguler les exportations des substances minérales stratégiques surtout celles où nous avons une domination sur le marché global comme le cobalt et le coltan. En ce qui concerne le cobalt, le fait de suspendre l’exportation est une démarche légitime. Nous sommes en train de couvrir le marché international jusqu’à quasiment 70%, nous pouvons jouer un rôle moteur dans la régulation des prix notamment avec l’Indonésie », a-t-il indiqué.
M. Jean-Pierre Okenda, a estimé que cette décision a été prise de manière unilatérale, sans prendre en compte les avis de tous les acteurs intervenant dans ce domaine.
« Pour le premier cas, sur la forme, de manière générale, c’est en réalité sur base de ce genre de décision qu’on adopte une approche assez consultative pour permettre à ce que le gouvernement comprenne les contours, les difficultés, les défis qui sont liés ou dans quelle mesure cela peut affecter ou pas tous ces producteurs de la chaîne du cobalt. C’est important de les comprendre, parce qu’on sait qu’on est dans un marché où le produit est vendu en avance, c’est connu et c’est ça la chaîne d’approvisionnement », a-t-il dit.
Il a suggéré, à cet effet, de consulter les compagnies, notamment la chambre des mines pour mieux comprendre les enjeux du secteur pour que la décision soit prise dans l’intérêt des deux parties.
Il a relevé que la RDC est un pays réputé instable en termes d’environnement d’affaires, de stabilité juridique et politique. De ce fait, il a recommandé aux autorités de prendre à l’avenir des approches qui déconstruisent ce narratif négatif et de prendre des approches qui renforcent le narratif de la sécurité et de la stabilité.
Par ailleurs, M. Okenda a fait constater que la Chine, bien que grand acheteur du cobalt sur le marché international, « est entrain de saboter le marché » ; sur ce, il a appelé la RDC à réagir avec des mesures de suivi.
« Il y a des mesures de supervision, pourquoi c’est aujourd’hui qu’on constate qu’il y a surproduction, les services qui sont habilités de superviser est-ce qu’ils ont fait leur travail en amont ? » s’est-il interrogé. Tout
en soulignant qu’il ne s’agirait pas seulement de s’arrêter à cette décision là, mais de constituer une politique de réglementation sur comment gérer pas seulement sur les exportations mais aussi sur comment gérer les substances minérales en général.
Notons que sur le marché international de cobalt, il ‘Ya également le Pérou qui a suspendu l’exportation du cobalt. Une décision justifiée notamment par le fait de la surproduction déversée sur le marché, a-t-on noté. ACP/JF