Kinshasa, 21 novembre 2024 (ACP).- Les acteurs financiers ont été sensibilisés jeudi à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, sur la dette publique et son annulation, lors d’un atelier organisé par le Centre d’études pour l’Action Sociale (Cepas).
« L’objectif global de cet atelier est de sensibiliser les parties prenantes sur l’année jubilaire et la contribution de l’Eglise congolaise ainsi que son implication dans les activités et le lobbying à mener en faveur de l’annulation de la dette », a fait savoir Séraphin Baharanyi, consultant du Cepas et chercheur.
Il a fait savoir que le Saint Père François a préconisé l’annulation de cette dette au regard de son impact sur des pays africains, sa répercussion négative dans le secteur économique et la détérioration des conditions de vie des populations congolaises en particulier et africaines en général.
« L’une des questions principales qui est adressée au moment de ce jubilé, c’est celle de la dette. La dette, elle est devenue croissante. Elle consomme les ressources surtout des pays en développement ou des pays pauvres. Et le service de la dette prend de plus en plus de ressources, de telle manière que les Etats manquent des moyens pour subvenir aux besoins de populations dans les secteurs prioritaires, dans les secteurs agricole, social, de l’éducation et de la santé », a indiqué Séraphin Baharanyi Naciyimba, avant d’appeler le gouvernement congolais à la prudence.
« Le gouvernement congolais devrait faire très attention à la dette, surtout celle qu’il est en train de contracter sous forme de divers partenariats privés. (…) En bref, ce qu’on lui demande, c’est la prudence, une bonne gouvernance, la gestion de cette question des amendements de manière efficace de telle manière que lorsqu’on s’endette pour réaliser un projet que celui-ci soit réellement réalisé et que les ressources ne puissent pas être soustraites pour d’autres dépenses », a souligné le consultant du Centre d’études pour l’action sociale (CEPAS).
Au cours de cet atelier, les participants ont été informés notamment des questions de la dette et ses conséquences négatives sur la population.
Chaque année, l’Afrique dépense 90 milliards de dollars américains pour le service de la dette publique, amenuisant les fonds alloués à la santé, à l’éducation et à la protection sociale. Cet atelier d’une journée s’est inscrit dans cette dynamique en vue d’amener les parties prenantes de la RDC, y compris les évêques, à accorder une attention particulière à cette question cruciale.
Pour rappel, la campagne menée par les communautés religieuses et les militants a apporté un succès à l’approche du grand jubilé de l’an 2000, qui a abouti à la plus grande initiative collective d’allègement de la dette de l’histoire.
Cette initiative a permis de mobiliser 130 milliards de dollars américains pour l’allégement de la dette, ce qui a favorisé d’importants investissements dans la réduction de la pauvreté dans plusieurs pays. L’idée a été inspirée par le Jubilé biblique des 50 ans de l’ancien Israël, que l’Église catholique célèbre tous les 25 ans comme un temps de renouveau spirituel dédié au pardon et à la réconciliation avec Dieu et les autres (Lévitique chapitre 25). Malheureusement, les inégalités dans les systèmes fiscaux, financiers et commerciaux internationaux, ainsi que les lacunes dans la gouvernance nationale ont continué à favoriser une dette insoutenable; malgré l’annulation d’une bonne partie de la dette de la RDC, le 30 juin 2010 suite à l’atteinte du Point d’achèvement de l’Initiative PPTE. A ce jour, les défis financiers ont été aggravés par les conflits et les guerres, ainsi que d’autres chocs multiples, notamment la pandémie de Covid-19 et le changement climatique.
Selon lui, l’importance de cet atelier se situe dans le cadre des activités de sensibilisation pour le jubilé, qui a été lancé par le Saint le Père le 09 mai dernier. Le 24 décembre prochain à Rome, les portes de la Cathédrale Saint Pierre vont être ouvertes en signe de la pénitence que le peuple de Dieu demande pour plus de justice et l’égalité dans le monde. Ces portes seront fermées le 06 janvier 2026 aux termes de cette année jubilaire.
ACP/JF