Kinshasa, 10 novembre 2024 (ACP).- La Première ministre a promis de réduire les inégalités homme-femme, lors de la 1ère édition de l’AGORA de la femme de la République démocratique du Congo, organisée samedi à Kinshasa.
« Je voudrais vous assurer que dans le Programme d’actions de mon Gouvernement, la réduction des inégalités homme-femme et la lutte contre les violences faites aux femmes occupe une place prépondérante. Il s’agit d’accorder à la femme sa juste place au sein de la communauté en favorisant sa participation au développement du pays à tous les niveaux et en luttant contre les violences liées au genre », a déclaré Judith Suminwa, Première Ministre de la RDC.
»Faut-il le reconnaître, à divers endroits que la situation de la femme congolaise n’est pas des plus reluisantes sur les plans économique et social », a-t-elle ajouté, avant de souligner que dans la pratique, la majorité les femmes ne sont pas autonomes.
« Je pense aux jeunes filles, mes filles, qui font encore l’objet de mariage et grossesse précoces », a-t-elle déploré.
La première ministre a, par ailleurs, salué le courage des femmes oeuvrant dans tous les secteurs de la vie nationale, tout en en les appelant à prendre conscience face aux inégalités sociales.
»Les inégalités que la femme a connues et connaît encore aujourd’hui devraient plutôt lui faire prendre conscience de sa fonction sociale. Car une femme épanouie est gage d’une famille heureuse, d’une communauté paisible et prospère, d’une nation stable et développée », a martelé la Cheffe de l’exécutif national.
»C’est l’occasion pour moi de saluer le courage des femmes évoluant dans divers secteurs qui contribuent à la vie économique du pays. Je pense aux femmes qui sont dans le petit commerce (maman mapa, maman makala, maman bateki ndunda, nos coiffeuses, maquilleuses, couturières…), celles de l’éducation, de la santé, de la justice, de l’agriculture, de la politique, des domaines scientifiques, technologiques, de l’ingénierie, des mathématiques…et j’en passe », a-t-elle fait savoir.
Les femmes appelées à travailler pour le développement du pays
La première ministre Judith Suminwa a appelées femmes congolaises à se lever et à travailler pour booster le développement du pays.
« je compte sur vous chacun dans son secteur de se lever avec force mains dans la mains pour qu’ensemble, nous poussions aller de l’avant», a-t-elle dit.
« je dis bravo à la femme congolaise parceque c’est elle qui porte ce pays . On l’a bien vu pendant des moments de crise terrible dans ce pays, où les fonctionnaires n’étaient pas payés, c’est grâce aux mamans que les ménages ont pu fonctionner et que les enfants ont pu trouver à manger et sont allés à l’école. Ceci est juste un exemple démontrant que la femme peut tout», a-t-elle ajouté.
La première ministre en outre fait savoir que l’objectif auquel court la femme congolaise est celui de jouer sa partition dans l’avancement du pays .
« Nous allons jouer notre partition avec toutes les maraîchères, les mamans malewas, les mamans makalas, les femmes ingénieurs, les femmes professeurs, les femmes chercheurs, les femmes entrepreneurs, sénatrices, députés, les femmes DG, PCA etc », a-t-elle indiqué.
Mme Suminwa a révélé qu’il y a beaucoup des contraintes et défis mais qu’on devrait les prendre de manière positive comme des potentialités . Il s’agit entre autres des problèmes liés à l’assainissement.
« Aujourd’hui ce sont des perspectives de création d’emplois qu’on peut avoir pour gérer, pour travailler dans la transformation au niveau de la gestion des déchets. Ceci est un exemple pour dire que tous nos problèmes sont des secteurs d’avenir une fois qu’on aura trouver des solutions », a souligné la Première Ministre.
« les femmes qui sont dans le milieu scientifique une fois qu’on va commencer à trouver des solutions à nos problèmes, nous aurons toutes les réponses pour le développement du pays».
Condamnation des comportements sexistes
Mme Suminwa a condamné les comportements sexistes au sein de la société congolaise.
« En tant que Premier ministre, je suis redevable et c’est normal que ceux qui ne sont pas satisfaits le disent en me disant nous ne sommes pas satisfaits telle ou autre action que vous avez prise mais le problème c’est lorsqu’on s’attaque à la femme en estimant que la femme ne peut pas porter une telle responsabilité, ça devient un problème de sexisme ce n’est plus une question d’évaluation », a-t-elle indiqué, avant de remercier ceux qui soutienne les actions des femmes.
« Aujourd’hui, il faut faire en sorte que tous ces stéréotypes en pensant que la femme ne peut être déduit qu’à un petit rôle alors qu’elle a sa place autant que les hommes change ».
« nous travaillons pour le bien de notre pays et on ne peut pas dire qu’il y a que les hommes qui ont droit au chapitre. Nous devons construire notre pays pour l’avenir de nos enfants et donc la route est encore longue on n’est pas encore arrivé au bout mais comme j’ai eu à le dire au cours d’un de mes voyages dernièrement à Bruxelles», a-t-elle relevé.
Des hommages au Président de la République
Mme Suminwa a, par ailleurs rendu hommage au Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, champion de la masculinité positive. « Je rend hommage à un homme exceptionnel, le champion de la masculinité positive, son excellence Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, Président de la République, Chef de l’Etat. Dès son accession à la magistrature suprême, il avait exprimé sa ferme volonté de promouvoir les femmes au sein des Institutions de la République. L’expression de cette volonté s’est traduite d’abord avec la nomination des femmes à plusieurs niveaux de responsabilité au sein des Institutions du pays, dans les entreprises publiques et à d’autres postes stratégiques de la vie nationale », a rappelé Mme Suminwa.
»Le Chef de l’Etat a honoré la femme congolaise en m’élevant à la fonction de Première Ministre, Cheffe du Gouvernement. Au nom de toutes les femmes congolaises, je lui en suis infiniment reconnaissante », a-t-elle renchérit.
Dénonciation des violences faites aux femmes congolaises
La Première Ministre a dénoncé les violences que subissent encore les femmes congolaises, particulièrement dans la partie Est du pays.
Pour la patronne de l’Exécutif Central, cette première édition d’Agora sur le leadership féminin met en exergue les principes d’une gouvernance participative et inclusive, ainsi que la lutte contre les violences basées sur le genre, en perspective de leur réduction sensible et drastique.
« La situation socioéconomique des femmes congolaises est encore précaire. Mariées de force pour certaines, d’autres vivant dans des zones de violences de tous genres, imposées notamment par le Rwanda et ses supplétifs du M23 et la milice Mobondo, a-t-elle indiqué.
« Les femmes continuent de subir au quotidien toutes formes de violences. Je pense tout particulièrement aux femmes de la partie Est de notre pays, en proie à la barbarie que nous imposent le Rwanda et ses supplétifs du M23. Elles subissent toutes sortes de violences pouvant illustrer la cruauté humaine. Je n’oublie pas nos sœurs des provinces du Kwango et Kwilu, victimes des atrocités commises par la milice Mobondo, et celles victimes du banditisme urbain dans les autres grandes villes du pays », a déclaré la Cheffe du Gouvernement, avant de préconiser la construction des centres de suivi des VBG et l’installation des antennes provinciales de l’Agence nationale de lutte contre les violences faites à la femme, à la jeune et petite fille (AVIFEM).
Mesures en faveur des femmes
La Première Ministre a évoqué certaines prévisions de son Gouvernement en faveur de la gente féminine pour l’amélioration de leurs conditions. Ces mesures incluent l’augmentation du quota de participation des femmes dans les institutions politico-administratives.
Elle a également mentionné la mise en œuvre du Plan d’action de la Stratégie nationale de lutte contre les violences basées sur le genre, l’élargissement de la gratuité des accouchements et des soins aux nouveau-nés dans toutes les provinces, la modernisation des marchés et espaces de vente, ainsi que la gestion des risques : systèmes d’assurances, mutuelles et garanties pour la tranquillité dans la conduite des affaires.
Mme Suminwa a saisi l’occasion pour lancer un appel à la sensibilisation contre toutes formes de violences dans le pays.
« J’en appelle à une véritable campagne de sensibilisation à travers tous les canaux médiatiques pour que ce message de lutte atteigne toutes les couches de la société, jusqu’aux milieux les plus reculés », a-t-elle appelé.
Recommandations
13 groupes, rassemblés autour des thèmes correspondants, ont présenté à la Cheffe du Gouvernement un rapport sur les recommandations et suggestions visant à améliorer la situation de la femme et sa participation au développement socio-économique du pays.
Il a été recommandé l’accès au financement et un accompagnement technique pour des projets innovants des femmes.
» Le manque de financement pour la recherche pose problème au développement car c’est de la recherche que découle l’enseignement et tous les services à la nation. Nous demandons votre implication pour utiliser les fonds disponibles aux établissements universitaires et appuyer l’accroissement du nombre des femmes car il ya 9% des femmes professeures d’univers représentativité », a déclaré le Dr Berthe Zinga du cercle Sophie Kanza.
La générale major Justine Sheshi a souligné : » il n’y a pas de paix sans la femme parce que la femme a des qualités naturelles qui peuvent compléter ce que l’homme fait. Sa participation contribuera à la promotion des droits de l’homme et de l’égalité du genre ».
Les femmes en situation de handicap ont plaidé pour leur accessibilité aux services sociaux de base, notamment la santé et l’éducation et pour l’identification des non voyants qui se livrent à la mendicité afin de les aider à créer des activités génératrices de revenus.
Il a été également recommandé de lutter contre les stéréotypes dans les médias et de sensibiliser la population sur le droit des femmes.
Cette rencontre qui a reuni près de 500 femmes de divers secteurs de la vie nationale a connu également la participation du gouverneur de la villes de Kinshasa et des représentants des organisations des Nations-Unies. Cette première édition, de l’AGORA met l’accent sur le leadership féminin et les principes d’une gouvernance participative et inclusive.
Elle a été organisée en marge du lancement des 16 jours d’activisme contre la violence basée sur le genre (VBG), qui ont lieu chaque année du 25 novembre au 10 décembre, dont le thème de l’année est : « Réflexion stratégique sur la bonne gouvernance et l’émergence socioéconomique du pays ».
ACP/C.L.