Kinshasa, 20 Juillet 2023 (ACP).- Des partis politiques ont été sensibilisés à lutter contre le discours de haine pendant les élections de décembre 2023 en République démocratique du Congo, lors d’une journée d’échange organisée jeudi à Kinshasa, par le «Groupe de média Next Corp».
« Il résulte cependant que la plupart des messages de haine dans les réseaux sociaux sont politiques parce que nous sommes dans un contexte où l’activité politique est au centre de tout. D’abord politique avant de parler culture, santé, environnement etc. Il y a plus de partis politiques que d’entreprises », a déclaré l’un des intervenants à ces assisses et professeur Bobo Kimuntu.
IL a révélé que pendant la période pré-électorale, un autre type de discours est communautaire, c’est-à-dire, qu’il se fait remarquer dans la stigmatisation tribale, religieuse et autres.
« Le fait d’être par exemple, de l’église catholique suppose qu’on est de l’opposition. La variable de ce message a tendance à cultiver la xénophobie, à rejeter d’autres nationalités, la misogyne, l’homophobe. Les principales victimes de ces discours sont les politiques, principalement sur Twitter, TikTok et Facebook », a-t-il précisé.
De son côté, le professeur Jean-Claude Matumueni, a, dans son intervention, soulevé que les discours de haine sont devenus un phénomène quasi permanent en période électorale en RDC. Pour lui, il faut une législation pour leur barrer la route de peur qu’ils produisent des effets à n’importe quel moment.
« Les discours de haine manipulent notre mental, notre esprit pour inculquer en nous, une certaine articulation de valeur par rapport aux autres. Il faut absolument essayer de faire face à travers la législation. Il faut que la loi montre là où il s’agit d’un discours de haine et que des sanctions soient prises en conséquence. Sinon, ces discours vont continuer à proliférer », a-t-il soutenu.
« Même si ces discours ne produisent pas des effets tout de suite, il faut toujours les contrecarrer parce qu’ils vont demeurer dans l’esprit des gens et se cristalliser dans le stéréotype, enfin resurgir à un moment donné si le contexte s’y prête. Si on ne réagit pas, ça devient une sorte d’idéologie dormante qui apparemment ne produit pas d’effets mais un jour, elle peut se réveiller comme un volcan », a ajouté le Pr. Matumueni.
Parlant au nom des participants, Mme Merveille Nduwa, vice-présidente de la Ligue des jeunes de parti politique ‘’Union des nationalistes du Congo (UNC)’’, a remercié les organisateurs pour la tenue de cette activité.
“Etant que jeune, la conférence a été enrichissante et nous sommes appelés à lutter contre ces fléaux qui prennent des allures inquiétantes parce que cela fragilise l’évolution de notre pays sans se rendre compte”, a-t-elle dit, avant d’ajouter qu’à la place de tenir des propos discriminatoires à l’endroit d’une communauté, il faudrait que les politiciens réalisent les projets sociaux de base qui vont les défendre au lieu et place de multiplier des propos de haine à l’égard des autres.
Quid de la définition du concept “discours de haine” selon l’ONU ?
Selon l’ONU, le concept discours de haine est une expression orale ou écrite de comportement qui constitue une atteinte en utilisant un langage péjoratif ou discriminatoire à l’égard d’une personne ou d’un groupe d’individus en raison de leur identité, de l’appartenance religieuse, de l’origine ethnique, de la nationalité, de la race, de la couleur de peau, de l’ascendance, du genre ou d’autres facteurs constitutifs de l’identité.
Cette définition prend également compte des caractéristiques telles que la langue, l’origine économique ou sociale, le handicap, l’état de santé ou l’orientation sexuelle.
D’après cette Organisation internationale, les discours de haine peuvent être véhiculés par toute forme d’expression, notamment des images, des caricatures, des objets, des gestes et symboles et ils peuvent être diffusés en ligne ou hors ligne. ‘’Les discours de haine sont discriminatoires (biaisés, fanatiques ou intolérants) ou péjoratifs (préjudiciables, méprisants ou dévalorisants) et s’attaquent aux facteurs d’identité réels ou ressentis d’un individu ou d’un groupe”, rappelle-t-on.
IL faut noter que cette conférence a connu la participation des représentants des organisations de la société civile et estudiantines, ceux des partis politiques ainsi que des journalistes.
ACP/ODM