Kinshasa, 13 novembre 2024 (ACP).- La mécanique a été identifiée parmi les métiers qui s’ouvrent peu à peu aux femmes en République démocratique du Congo (RDC), a appris mercredi l’ACP, du responsable d’un garage, au cours d’une descente effectuée dans un garage basé dans la commune de Ngaliema dans l’ouest de Kinshasa. « Sur le plan international, la femme est égale à l’homme. C’est au Congo où la femme est négligée dans beaucoup de choses.
Surtout delà où nous venons, dans certains pays, vous verrez les filles conduire les tracteurs, les remorques, les grands cars sans problème, et la plupart d’entre elles, ce sont des mécaniciennes », a déclaré Timothée Diakukwa, patron du garage « Mécanique-auto».
Et d’ajouter : « Mais, ce qui a fait que je puisse recruter les filles, premièrement c’est pour soutenir la vision du Chef de l’Etat, Félix Antoine Tshisekedi qui est le Champion de la masculinité positive, ensuite celles-ci ont moins de charge que les hommes. Les hommes sont bourrés de problèmes, certains peuvent avoir trois femmes. Difficile de lui confier des tâches, car un homme voudra à tout prix satisfaire ses maîtresses. Il y a aussi de bons, mais la plupart sont distraits.
Mais, quand vous confiez le travail à une fille, elle le fera avec beaucoup d’attention. Même pour apprendre, la femme apprend vite que les hommes ». M. Timothée Diakukwa, diplômé en mécanique générale, a été formé à l’Institut national de préparation professionnelle (INPP), avant d’aller se perfectionner sous d’autres cieux.
Il a 28 ans d’expériences professionnelles en mécanique automobile et n’a pas honte d’employer les filles dans son garage. Pour lui, les femmes sont autant capables que les hommes. C’est ce qu’il fait qu’il travaille désormais avec une équipe mixte au sein de ses garages basés à Kinshasa et à Luanda, en Angola. Mme Prescilia Belade, une mécanicienne âgée de 22 ans a fait savoir que les métiers qui n’étaient autrefois réservés qu’aux hommes s’ouvrent peu à peu à la gent féminine.
Parmi ces métiers à dominance masculine, on trouve la mécanique, a-t-elle dit, avant de préciser qu’à une certaine époque, les femmes mécaniciennes automobiles étaient très rares à Kinshasa. «Premièrement, j’aime la technique. En plus pour voir une femme faire le métier des hommes, c’est un peu rare. C’est ainsi que je m’étais décidée d’apprendre la mécanique puisque j’aime la technique, ce qui pourrait m’aider un jour. Au début, on m’avait surnommé soupape qui est une pièce très importante dans la voiture », a-t-elle expliqué.
Sarah Panda, âgée de 21 ans, détentrice d’un diplôme d’Etat en coupe et couture et ayant une passion pour la mécanique, lors de son arrivée à ce garage, elle a été surnommée « Radiateur ». Toutefois, a-t-elle dit, elle rencontre quelques difficultés pour desserrer les bouleaux des véhicules mais, elle ne va pas se décourager, a rassuré la mécanicienne.
« Avant, je n’avais pas vraiment envie de le faire. Mais, vu que je suis venue ici et j’ai vu ce que les autres font, ce que d’autres femmes réalisent, ça m’a aidé d’aller de l’avant. Je fais la mécanique, je suis l’élève du maître. Je joue aussi le rôle d’aide mécanicienne. Bien que j’éprouve encore quelques difficultés pour ouvrir un boulon, mais avec l’aide des maîtres, je vais y arriver petit à petit», a fait savoir Mlle Panda.
Pour un monde où la femme peut travailler au même titre que l’homme
De son côté, Jeremy Basilua, élève mécanicien a soutenu qu’il n’y a pas au vrai sens du mot un métier qui soit propre aux femmes et aux hommes. Aujourd’hui, a-t-il relevé, les études ont démontré que les femmes peuvent travailler au même titre que les hommes mais concernant la mécanique, ceci est un métier qui a souvent été négligé.
« A l’époque, les gens ne connaissaient pas la valeur de ce métier. On considérait des mécaniciens comme des personnes exerçant des métiers de basse classe. Mais, en réalité ce n’est pas ça. Car, aujourd’hui, les pays comme les USA se sont développés grâce à la technique. Mais, par contre, la technique est négligée ici. La façon dont la mécanique se pratiquait autrefois, ce n’est pas ce qui se fait actuellement. La mécanique est vraiment un bon métier», a-t-il dit.
« Quand les propriétaires des véhicules franchissent la porte de ce garage, ils sont curieux de voir les femmes porter la tenue de travail pour réparer les véhicules, au-delà de leur étonnement, ils sont satisfaits de la qualité du travail », a-t-il dit. « Ces jeunes femmes ne sont pas seules dans ce garage. Elles évoluent aux côtés de leurs collègues masculins. Jeremy Basilua en fait partie. Il se souvient encore des préjugés, qui autrefois, entouraient le métier de la mécanique automobile. Des préjugés qu’il a su banaliser à l’instar de ses collègues femmes pour continuer d’œuvrer ici », a martelé le garagiste.
Témoignage des clients
« La voiture ne s’allumait pas. C’est pourquoi je l’ai amené dans ce garage. L’électricien que j’avais contacté avant n’a pas pu la réparer. Maintenant, comme ils viennent de travailler, je vois que ça va, parce qu’elle ne s’allumait pas. Il y avait aussi un souci avec l’arrière et le changement de vitesse. Maintenant, comme on vient de réparer, ça marche », a témoigné José Anzemba Kalonji, un client de ce garage. Selon lui, si elles se montrent autant endurantes et persévérantes dans leur travail, ces femmes mécaniciennes auront de beaux jours devant elles dans ce métier. Il sied de noter que depuis six mois, huit filles apprennent la mécanique dans ce garage basé dans la commune de Ngaliema.
ACP/