Kinshasa, 20 mars 2023 (ACP).- Le harcèlement sexuel des femmes des médias a été au menu d’une conférence sur l’état des lieux de leurs situations en Afrique francophone, organisée lundi à Kinshasa, en République démocratique du Congo.
« Cette conférence de deux jours sur le ’’ harcèlement sexuel dans la sphère médiatique’’, s’inscrit dans l’idée de porter à la connaissance des journalistes, les formes ou types de harcèlement pour lutter contre ces pratiques dans le but de dénoncer, d’informer mais également d’accompagner la femme dans cette démarche », a déclaré la Première dame de la RDC, Denise Nyakeru Tshisekedi.
« Comme la pauvreté, le harcèlement sexuel prend tristement un visage féminin. Peu importe le secteur socioprofessionnel, la femme ou la jeune fille subit encore une fois, très souvent impuissante, à l’avalanche des pratiques odieuses et tout aussi subtiles du harcèlement sexuel. Toutes ces pratiques avilissent la femme et la rendent encore plus vulnérable. Elles l’exposent à d’autres maux et perpétuent ainsi le cycle interminable de la pauvreté », a fait savoir Denise Nyakeru Tshisekedi, également marraine de cette activité.
« Comme vous le savez certainement, je m’investis totalement dans la valorisation des femmes et de la jeune fille de mon pays. Et les violences basées sur le genre faisant partie des axes d’intervention de ma Fondation qui, s’est trouvée, dans le devoir de saisir la main tendue par la Fondation Zacharie Bababaswe afin de contribuer modestement à la tenue de cette conférence », a-t-elle soutenu.
« A ce jour, plusieurs cas restent encore dans les cœurs des victimes alimentant ainsi le sentiment d’injustice, de peur et surtout de honte tout en constituant un frein à l’épanouissement professionnel et émotionnel. Les pesanteurs culturelles sont certes, des facteurs aggravants mais l’omerta ou la loi du silence à laquelle les victimes sont soumises doit s’arrêter », a indiqué la présidente de la Fondation portant son nom. D’où, il est nécessaire d’informer à toutes les femmes qu’il existe des instances auprès desquelles, elles peuvent rapporter les faits qui leur arrivent.
« Autant il y a des organes de régulation de la profession des médias, autant il existe des organes de répression du harcèlement sexuel. Il existe une brigade au sein de la police nationale Congolaise (PNC), spécialisée sur les questions de lutte contre les violences et harcèlement sexuels. N’hésitez pas à dénoncer », a-t-elle convié. Elle a invité les participantes d’une part, à dénoncer ces actes ignobles et de l’autre, à accompagner la victime pour que la juste réparation lui soit accordée.
« Je suis convaincue que ce n’est que de cette manière que la blessure ou la plaie sera traitée et ce fléau éradiqué », a rassuré la Première dame Denise Nyakeru.
Pour l’intégration de l’éthique et des valeurs dans les contenus de communication des médias sociaux
Parlant du nouveau segment d’influence, à savoir les médias sociaux, la Première dame Nyakeru, a exhorté les influenceurs à intégrer les valeurs et l’éthique dans leurs contenus de communications car, la société de demain ne se construira pas sans eux.
« Je voudrais m’adresser particulièrement aux TikTokeuses, Youtubeuses et autres influenceurs des médias sociaux. Être influenceur ou Influenceuse est une énorme responsabilité. Ce n’est pas la recherche du ‘’Buzz’’ qui valorise. Communiquer est un art et également un métier. Prônons par conséquent l’éthique et le respect de la déontologie exigée par la profession. La vraie influence que vous aurez sera celle qui conduit à la construction de l’Homme, respectueux de soi-même, de son prochain et de son pays », a-t-elle souligné.
Elle a, dans ce cadre, encouragé les autorités du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication(CSAC) à promouvoir des émissions, programmes, des documentaires et des articles de presse aux contenus éducatifs et respectueux des valeurs humaines, notamment la dignité de la femme, de la jeunesse ainsi que des groupes vulnérables, dans la stricte observance du code d’éthique et de déontologie.
La femme, une force émouvante et non un jouet sexuel
Pour sa part, le président du CSAC, Christian Bosembe a qualifié la femme comme étant une force émouvante et non un jouet sexuel et que certains compliments devraient être considérés comme des atteintes à sa personnalité.
« Il est inacceptable d’apprécier la femme d’autrui à partir de ses formes physiques. Il est inacceptable de faire des compliments déplacés à l’endroit des femmes mariées, ou des jeunes sœurs puis qu’il n’est pas question dans le milieu professionnel de dire à une femme qu’elle est sexy. Au contraire, le meilleur compliment ici c’est de dire à la femme qu’elle a bien fait son travail, louer ses qualités et son cerveau », a-t-il martelé, avant d’inviter les femmes à croire plus à leur potentiel.
De son côté, la présidente de l’Union congolaise des femmes des médias (UCOFEM), Rose Masala, a fait savoir que sa structure qui, mis en place depuis 25 ans, a pour objectif de combattre les stéréotypes dont les femmes subissaient dans le monde des médias.
« Dans l’ancienne configuration, la femme journaliste était considérée comme une prostituée, ne passant à la télévision que pour se faire voir et attirer des hommes. Cela décourageait les jeunes filles de l’époque d’embrasser le métier de journaliste. D’où la création de sa structure pour pallier à cette problématique », a-t-elle fait savoir.
Auparavant, le président de la Fondation portant son nom, Zacharie Bababaswe, avait souligné que l’idée de la tenue de ces assises est d’associer les femmes des médias classiques et celles des réseaux sociaux à la réflexion afin d’écouter comment introduire le contenu éducatif dans leurs sorties sur les réseaux sociaux qui sont pour autant suivis par la majorité de la jeunesse. Ceci, a-t-il poursuivi, rejoint la vision du chef de l’état, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, président de la République, en matière d’éducation et d’épanouissement de la jeune fille et femme congolaise.
Il sied de rappeler que cette conférence de deux jours a été organisée par la FOZABA, en collaboration avec la Fondation Denise Nyakeru Tshisekedi.
ACP/KHM