60 ans de l’UA : dénonciation de la tentative de balkanisation des Etats africains

Kinshasa, 25 mai 2023 (ACP).- La tentative de balkanisation des Etats africains, dont la République démocratique du Congo, a été dénoncée jeudi par l’ancien ministre sénégalais des Affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio, lors d’un entretien avec un média international, à l’occasion du 60ème anniversaire de l’Union africaine.

« Certains disent que la RDC n’est pas viable, il faut la découper en 5 ou 10 États. Le Nigeria, il faut le découper en quelques États. On se retrouve avec 80 États dans un continent qui avait une trentaine d’États à l’indépendance et qui aspirait aux États-Unis d’Afrique. C’est le comble de l’incohérence. Qu’on nous laisse ensemble ! », a déclaré Cheikh Tidiane Gadio, répondant à un journaliste dudit média.

L’homme d’Etat sénégalais a, en outre, déploré la tendance des anciens pays colonisateurs à soutenir le découpage de pays africains quand ils rencontrent des problèmes internes.

« Régler les problèmes de l’Afrique par la balkanisation, c’est le passif économique, le passif politique le plus grave que le système colonial nous a laissé », a-t-il dit, citant les cas des anciennes colonies françaises autrefois regroupées dans l’ « Afrique occidentale française » (AOF) et l’ « Afrique équatoriale française » (AEF).

« L’AOF et l’AEF étaient des ensembles, on travaillait bien ensemble, on pouvait aller à l’indépendance ensemble. Le colonisateur, en se retirant, s’est organisé pour démanteler ces fédérations et nous laisser ce que Cheikh Anta Diop a appelé « des Etats nains et non viables » », a-t-il martelé.

Par ailleurs, Cheikh Tidiane Gadio a souligné les conséquences négatives pouvant résulter de cette balkanisation, évoquant notamment le cas du Soudan.

« Ce qu’on a fait au Soudan, prendre le plus grand pays africain et dire que la solution, c’est d’utiliser le bistouri comme on le faisait du temps du partage de Berlin. On découpe une partie de 600.000 km2, on la donne au Soudan du sud, en disant qu’on va régler les problèmes du Soudan », a-t-il déploré.

 « Depuis qu’on l’a fait, il y a eu plus de 300.000 morts au Soudan du sud, plus de 4 millions de déplacés sur les 12 millions d’habitants, la situation est devenue plus catastrophique qu’elle ne l’était », a conclu l’ancien ministre sénégalais.

De l’OUA à l’UA

L’Union africaine (UA), qui fête 60 ans d’existence, est l’héritière de l’ex Organisation de l’unité africaine (OUA), créée le 25 mai 1963 par 32 chefs d’État et de gouvernements.

Le 9 septembre 1999 fut signée la déclaration de Syrte en Lybie, qui fixe l’objectif de la création d’une Union africaine. Cette déclaration rappelle, dans ses premières lignes, les idéaux des pères fondateurs de l’OUA et notamment celui du panafricanisme. L’un des objectifs de l’UA consiste également en la création d’une banque centrale de développement.

Dans sa forme actuelle, l’UA a officiellement vu le jour en juillet 2002 à Durban, en Afrique du Sud.

Cependant, comme lors de la création de l’OUA, les conceptions fédéralistes et souverainistes ont continué à s’affronter, aboutissant à une organisation de compromis.

Malgré ses 60 ans, l’organisation continentale fait face à divers défis, au nombre desquels la libre circulation des personnes et la mise en route effective de la zone de libre-échange continentale. La résolution des conflits est aussi loin d’être un succès, ont indiqué des experts. Son budget, note-t-on par ailleurs, dépend essentiellement des partenaires extérieurs.

Les festivités du soixantenaire sont prévues dans les 55 pays membres de l’organisation. Une conférence annuelle, animée par l’ex-président sud-africain Thabo Mbeki, sera également organisée à Conakry en Guinée. ACP/

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