Conférence à l’UNIKIN sur la justice en transition et enjeux de la restitution des corps humains

Kinshasa, 1er avril 2022(ACP).- Le recteur de l’Université de Kinshasa (UNIKIN), le Pr Jean-Marie Kayembe Ntumba a présidé jeudi dans la salle des promotions Mgr Luc Gillon, une conférence-débat sur « la justice en transition et enjeux de la restitution des corps humains ».

Le recteur Kayembe a salué les différentes  contributions  scientifiques apportées, par  des professeurs, des apprenants et étudiants ainsi que d’autres   chercheurs congolais et belges, participant  en présentiel et en ligne à cette conférence organisée par l’Ecole de criminologie de l’UNIKIN à travers son  Centre de criminologie et pathologie sociale(CCPS).

Il a réaffirmé l’engagement du comité de faire de plaidoyer auprès des décideurs politiques ainsi que des scientifiques dans le cadre de la triple mission de l’université en vue de faire avancer en RDC cette question notamment  de la restitution des ossements humains et des œuvres d’art.

Cela contribuera également à réécrire l’histoire du Congo , a-t-il dit.

Il a été question à l’issue de cette conférence-débat   de sensibiliser la communauté universitaire pour son implication  sur cette nécessité de repenser les catégories coloniales des collections de restes dans le cadre du projet belge « Human remains origin multidiscipinary évaluation(HOME).

Nécessité de mise en œuvre d’un cadre légal de restitution des œuvres d’art

Par ailleurs, le directeur de l’Ecole de criminologie de l’UNIKIN, le Pr Raoul Kienge- Kienge et la directrice adjointe de cette Ecole en charge de recherche et du CCPS à l’UNIKIN, le Pr Sara Liwerant, ont apprécié les résolutions soulevées dans les échanges dans le cadre de l’élaboration d’un cadre légal pour accueillir  la restitution de la Belgique des biens , des œuvres d’art et des restes humains en RDC.

Dans cette phase de préparation d’un cadre légal, l’Ecole de criminologie de l’UNIKIN  devra travailler en connivence avec l’Institut des Musées nationaux du Congo(IMNC) qui est déjà avancé dans cette affaire avec le Musée royal de l’Afrique centrale(MRAC) de Belgique.

Selon ces organisateurs de la conférence, les juristes, les historiens et d’autres scientifiques, vont être mis à contribution pour  préparer ce cadre légal devant accueillir et poser le problème de la translation des restes des êtres humains car cela fait partie de l’indépendance culturelle et restauration  des liens avec les morts tel que le corps de Premier ministre Patrice Emery Lumumba qui est en Belgique.

Ils ont aussi salué les questions d’ordre juridique, de réparation, de justice transitionnelle, historique et culturelle ainsi que d’autres questions  similaires, soulevées par les participants

Ethique relationnelle RDC-Belgique

Intervenant à l’issue de cette conférence, le directeur général de l’IMNC, le Pr de l’UNIKIN, Placide Mumbembele Sanger,  a indiqué la restitution du patrimoine culturel congolais par la Belgique, est un processus qui doit s’inscrire sur les plans scientifique, juridique, culturel, politique, économique et éthique surtout une éthique relationnelle entre la RDC et la Belgique.

Il a fustigé  le manque d’études de terrain qui doit être comblé par les apports des chercheurs appelés à s’approprier en RDC  cette problématique de restitution du patrimoine culturel congolais par la Belgique.

Comme objets à restituer par la Belgique à la RDC, l’intervenant a relevé les objets acquis de manière irrégulière, les objets qu’on ne connait pas leurs origines et ceux pris légalement par la Belgique.

Il a préconisé dans le cadre de cette éthique relationnelle, le dialogue entre la RDC et la Belgique devant s’inscrire dans ce processus de restitution et de reconstitution de ces objets.

Il a fait  auparavant, une mise au point de 84.ooo objets provenant du Musée royal d’Afrique centrale de Belgique, obtenus par le ministère de la Culture et arts congolais. Ces objets, a-t-il dit, ont été présentés comme objets appartenant à la RDC, d’où la nécessité de l’argumentaire qu’il a développé à l’issue de cette conférence scientifique.

Le projet belge  fédéral  « HOME »

Par ailleurs, la chercheure au Musée royal de l’Afrique centrale centrale(MRAC) de Bruxelles, Lies Busselen, a présenté  le projet belge fédéral « Humanremainsoriginmultidiscipinary évaluation(HOME).

Elle a fait savoir que ce projet est une évaluation multidisciplinaire des origines des restes humains dans les collections belges.

L’objectif dudit projet, a-t-elle indiqué, est d’évaluer et d’examiner le contexte historique, scientifique, juridique, social et éthique des restes humains conservés en Belgique.

La documentation associée aux restes humains, a-t-elle poursuivi, pourra en quelques cas apporter plus de clarification sur leur provenance et leur mode d’acquisition.

Mme Lies Busselen a indiqué  qu’il sera aussi question dans les objectifs principaux pour  MRAC, à étendre et renforcer  son réseau en Afrique centrale par rapport à ces collections de restes humains.

Ce projet HOME envisage, a-t-elle dit, à produire un inventaire digital de ces collections consultable en ligne et des documents y afférent, à formuler des recommandations quant à la politique de gestion éthique de ces collections dans les institutions belges, y compris  des pistes de rapatriement.

Ce projet a démarré en décembre 2019, continuera jusqu’en septembre 2022 dont les partenaires en Belgique, sont l’Institut royal des sciences naturelles de Belgique(IRSNB) pilote du programme, l’Institut national de criminalistique et de criminologie(INCC), les Musées royaux d’art  et d’histoire(MRAH), l’Université libre de Bruxelles(ULB), l’Université Saint-Louis –Bruxelles (USL-B) et l’Université de Montréal.

ACP/Kayu/FMB/SGB/MMC/Nig/TKM/Cfm

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