Kinshasa, 14 avril 2023 (ACP).- La République démocratique du Congo n’engagera plus de négociation avec les groupes armés, à part le processus de Désarmement, démobilisation et réinsertion sociale (DDRS), a souligné le Président Tshisekedi, au cours d’un point de presse conjoint, jeudi à Kinshasa, avec son homologue suisse, Alain Berset.
« Il n’est pas question de dialogue politique avec eux. Je le dis et je tiens à le préciser.
Il n’en sera jamais question. Tout simplement parce que nous savons comment ceux qui nous déstabilisent profitent de la situation, pour nous infiltrer des éléments qui, plus tard, vont créer des revendications fallacieuses et justifier leur agression de la République Démocratique du Congo », a déclaré le Président de la République.
« Nous n’en voulons plus également parce que le Parlement congolais a décidé qu’il ne sera plus question de négociations avec les groupes armés », a déclaré le Président Félix Antoine Tshisekedi.
« Nous n’allons pas aussi le faire, parce que nous avons retenu les leçons du passé et parce qu’aujourd’hui il y a une nouvelle donne, c’est que le Parlement congolais a pris une décision claire et ferme là-dessus : il ne sera plus question de négociation politique avec les groupes armés qui prennent les moyens militaires contre la République », a insisté le Chef de l’Etat.
Pour lui, la RDC n’est favorable qu’au processus de Désarmement, démobilisation et réinsertion sociale.
Cantonnement du M23
« C’est clair, ce qui va se passer c’est du désarmement et de la mobilisation. Si ces gens sont des Congolais, ils vont tout simplement accepter de réintégrer la société civile », a-t-il dit avant d’assurer que des éléments de l’armée angolaise vont bientôt se déployer dans l’Est de la RDC en vue de poursuivre l’encadrement du processus de retrait, jusqu’ici timide, des M23, actuellement effectué par les éléments de la Force régionale de l’EAC.
« Nous sommes confiant que ce processus de retrait prendra un rythme beaucoup plus rapide pour faciliter le désarmement du M23.
Et une fois les éléments de l’armée angolaise arrivés sur place, je pense qu’à partir de ce moment, il ne sera plus important de garder les forces qui composent aujourd’hui la Force de l’EAC, telles que l’Ouganda, le Burundi, le Kenya, etc. », a aussi affirmé Félix Tshisekedi.
Par ailleurs, le Président de la République a rassuré que le gouvernement prépare un lieu sûr où seront cantonnés les rebelles du M23.
« Nous sommes en train d’apprêter un coin sûr pour le cantonnement des M23, près de Kindu, lieu prévu également pour organiser le P-DDRCS ouvert à tout patriote congolais désireux de réintégrer la société », a-t-il dit.
Il a néanmoins souligné que la situation humanitaire dans la partie Est reste encore précaire, caractérisée par le retour timide des déplacés dans leurs milieux respectifs, du fait de la lenteur du retrait des terroristes du M23.
Résolution de la crise par les pays de la région
A son tour, le Président de la Confédération helvétique, Alain Berset, a recommandé que la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC soit à priori résolue par les pays de la région, en lieu et place d’attendre l’intervention de la Communauté internationale, dont son pays.
« La discussion n’est pas de chercher à comprendre comment résoudre le problème avec l’indifférence de la communauté internationale, mais plutôt de voir la crise être résolue par les Etats de la Région, et précisément les pays concernés », a-t-il dit.
« La charge que mon pays peut prendre, est d’apporter plus de visibilité à la question et amener son débat sur le plan international. En même temps, nous soutenons les droits du pays agressé, notamment le respect et la souveraineté de son intégrité territoriale », a expliqué le Chef de l’Etat suisse.
Le Président Alain Berset a, en outre, rassuré que son pays, qui va obtenir pour la première fois l’année prochaine, la présidence du Conseil de sécurité des Nations unies, va notamment se consacrer à des plaidoyers en faveur des pays secoués par l’insécurité et la crise humanitaire.
Avant l’étape du point de presse, les deux chefs d’États avaient eu un tête-à-tête de près d’une heure. La Coopération bilatérale (RDC-Suisse), quelques sujets d’intérêt commun, ainsi que la question relative à l’aide humanitaire au profit des populations déplacées de l’Est de la RDC ont fait partie des points au centre de cette rencontre.
Visite surprise du Président suisse au Parlement
Le Président de la Confédération suisse a effectué, le même jour en début d’après-midi, une visite surprise au parlement congolais, au Palais du peuple, pour un entretien avec les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, a constaté l’ACP.
« Nous avons échangé sur diverses questions de l’heure, notamment sur l’instabilité en RDC », a dit l’homme d’Etat suisse.
C’est sa deuxième visite en RDC, depuis l’indépendance du pays, après avoir participé en 2010, à Kinshasa, à une Assemblée des parlementaires de la francophonie.
La Suisse, a-t-il rappelé, aura le privilège de présider en mai prochain le Conseil de sécurité de l’ONU.
Alain Berset à l’Académie des Beaux-arts de Kinshasa
Alain Berset a en outre visité les ateliers de sculpture et de céramique ainsi que les départements de photographie et de peinture de l’Académie des Beaux-arts de Kinshasa, en compagnie de quelques membres du Gouvernement de la RDC, dont les ministres de l’Enseignement supérieur et universitaire, Muhindo Nzangi, et de la Culture et des arts, Catherine Kathungu.
Sur place, un portrait du Président suisse peint sur un tableau par un étudiant de l’ABA lui a été présenté.
« Cette œuvre d’art symbolise l’amitié, la responsabilité, les voyages, le tourisme, la santé, la richesse culturelle, la science et la joie du partenariat entre nos deux pays et nos deux peuples », a expliqué le directeur général de l’ABA, le Pr Kalama.
Avec beaucoup d’admiration le Président de la Confédération helvétique a apprécié quelques photos de différentes personnalités et des ressources naturelles de la RDC, exposées au département de la photographie. ACP/