La population fuit Goma à destination de Bujumbura et Kampala, jamais Kigali

Kinshasa, 12 fév. 2025 (ACP).- La Grande barrière séparant la République démocratique du Congo du Rwanda ne désemplit pas, la population fuit Goma, ville-martyre à destination de Bujumbura (Burundi) et Kampala (Ouganda), sans jamais s’établir à Kigali au Rwanda, selon des témoins interrogés mercredi au téléphone par l’ACP depuis Kinshasa.

« Il y aura contre-offensive des FARDC (Forces armées de la RDC). Je ne souhaite pas vivre le même enfer ici à Goma. Mais, ma destination finale est Bujumbura. Impossible de rester à Kigali ou au Rwanda », a déclaré A. K., un habitant interrogé au téléphone à la Grande barrière. « Je me rends directement à Bujumbura pour me mettre en sécurité avec mes deux fillettes.

Leur père est resté pour suivre l’évolution », a témoigné Jeanne Kitoko (noms changés), une infirmière de 33 ans, au visage fatigué. « S’il y avait une autre itinéraire, je ne serais pas passé par Kigali. Ce qu’ils nous ont fait est simplement cruel et barbare.

Je me rends directement à Bujumbura », a-t-elle dit. Trois autres personnes interrogées au téléphone à partir de Kinshasa ont déclaré que Kigali n’était qu’un « transit ». Ce n’est pas la première fois que les Congolais ont manifesté cette attitude vis-à-vis du Rwanda, à cause des exactions et la barbarie avec laquelle ce pays traite les Congolais sur leur territoire.

Hospitalité et humanité douteuses

Lors de l’éruption du volcan Nyiragongo en 2021, les populations ont fui les laves au Rwanda voisin. Mais le séjour était de très courte durée parce que ces mêmes personnes sont retournées aussitôt que les autorités avaient annoncé la fin de l’activité sismique.

« Les Rwandais ne peuvent pas nous apporter hospitalité et humanité. Les violences qu’ils nous imposent nous rappellent qu’ils ne sont pas nos frères », a réagi toujours au téléphone Marie Masirika (noms changés).

« Je préfère ne pas vivre l’esclavage qui nous est imposé avec l’entrée des militaires rwandais. J’ai encore frais en mémoire les souffrances des années 1996, 1997 et 1998. Je n’ai plus l’âge de me battre. Je rejoins mes amis à Arusha en Tanzanie, plutôt que de rester à Kigali », a tranché Thérèse Kavira (noms changés), une femme de 53 ans. ACP/

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