Kinshasa, 1er septembre (ACP)-Le traitement de la variole du singe (Mpox), déclarée « Urgence sanitaire de portée internationale » par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) exclut totalement la médecine traditionnelle qui recourait autrefois à des sèves des plantes en République démocratique du Congo pour soigner une maladie présentant les mêmes symptômes.
Le Mpox, tout comme la varicelle apparue vers les années 70 en RDC, provoque des éruptions cutanées comme principal symptôme visible ainsi que des fortes fièvres, tout en étant contagieux.
« Le traitement de Mpox est symptomatique. Les recherches sur le traitement scientifique sont encore en cours », a indiqué le Dr Cris Kacita, chef des opérations du Programme National de Lutte contre le Mpox et les fièvres hémorragiques virales (PNLMPOX-FHV) du ministère congolais de la Santé.
Pour soigner le Mpox, les résultats de toutes les recherches « doivent être approuvées par les autorités régaliennes« , a expliqué le médecin congolais.
Conscients de la dangerosité de cette maladie virale qui a causé au moins 610 décès en RDC, selon les statistiques officielles, « les guérisseurs » eux-mêmes, invitent la population à se rendre dans des centres de traitement prévus par les autorités, « au lieu de venir auprès de tradipraticiens », a conseillé avec insistance le phytothérapeute Winer Fimbo ya malade de la ville de Gemena, chef-lieu de la province du Sud-Ubangi dans le nord-ouest.
« Cette maladie n’est pas une blague. Elle existe bel et bien ici à Gemena« , a-t-il témoigné.
Au Sud-Kivu, « aucun cas de Mpox n’a été soigné dans un centre de traitement traditionnel« , a réagi auprès de l’ACP, Mudagi Balodebwami, président du Conseil provincial des associations des tradipraticiens de cette province de l’Est de la RDC, épicentre de l’épidémie avec 17.342 cas suspects, signalés actuellement dans l’ensemble du pays, selon CDC Africa, faisait état, vendredi,
Les phytothérapeutes, appelés aussi « guérisseurs » ou tradipraticiens, sont souvent considérés en RDC comme des « charlatans » par des adeptes de la médecine moderne, importée par le colonisateur belge.
« Depuis l’apparition de Mpox, je n’ai pas encore reçu un seul cas de cette maladie à soigner. Les malades et beaucoup de gens ne font pas confiance aux tradipraticiens pour se soigner contre cette maladie », a reconnu Mondo Bololo, guérisseur dans un centre de médecine traditionnelle à Mbandaka chef-lieu de la province de l’Équateur.
Dans une vidéo largement partagée dans les réseaux sociaux, une dame d’une trentaine d’années affirme qu’elle avait été guérie de cette maladie (Mpox) en appliquant sur son corps une mixture constituée de la sève verte de feuilles de manioc et de celle de canne à sucre.
Plusieurs personnes d’un certain âge interrogées par l’ACP ont témoigné avoir appliqué ce mélange, elles ont été guéries des éruptions cutanées apparues sur leurs corps, au bout de quelques jours.
Complications graves
« Il faut éviter de recourir aux plantes traditionnelles, comme les feuilles de manioc, la vernonie et autres. Cette pratique engendre des complications graves chez les patients atteints de Mpox. Le Mpox n’est pas la varicelle», a tranché le Dr Praticien Gongo, ministre provincial de la Santé de Kinshasa, la capitale.
De son côté, le Dr Glory Mundweni, médecin à Lubumbashi (Haut-Katanga), importante ville minière du Sud-est de la RDC, a estimé « qu’actuellement, la prise en charge de Mpox repose principalement sur des soins symptomatiques. (…) Les autorités sanitaires recommandent de consulter des professionnels médicaux pour un diagnostic et un traitement appropriés », a-t-il expliqué.
Au Kasaï Central, « plusieurs familles recourent aux feuilles de manioc pour soigner le Mpox« , a reconnu Kabemba Mfuki, de l’Association des guérisseurs traditionnels de Kananga, chef-lieu de cette province du centre de la RDC.
En ce qui le concerne, le Dr Deogratias Ngabo responsable dans un hôpital de Bukavu au Sud-Kivu (Est), a tranché que « les tradipraticiens n’ont pas de place dans la prise en charge de Mpox, parce que la variole du singe est une épidémie médicalement soignable par la médecine moderne« .
La vaccination, seul moyen efficace
Face au nombre croissant des personnes atteintes de Mpox sur le continent africain, avec la propagation d’une nouvelle souche du virus, détectée en RDC, en septembre 2023 et baptisée « Clade 1b », avec un taux de mortalité élevé à 3,6 %, en plus très contagieuse, les autorités sanitaires congolaises préconisent la vaccination, comme unique moyen efficace d’éradiquer cette épidémie.
« Nous avons besoin d’au moins 3,5 millions de doses« , avait estimé le Dr Roger Kamba, ministre congolais de la Santé.
Le Japon, a décidé d’apporter à la RDC « 3 millions de doses », selon le ministre Kamba, qui attend aussi la contribution en vaccins des États-Unis et de la Belgique.
Pour la rentrée des classes, le ministre Kamba a encouragé les parents, à protéger les enfants par des mesures d’hygiène et de propreté: le port des maques, l’utilisation des désinfectants, éviter les rapports sexuels avec les partenaires sexuels occasionnels, le lavage régulier des mains avec du savon ou de la cendre, etc.
Le Mpox se transmet, notamment à l’homme par des animaux infectés ou d’homme à homme par contact physique étroit.
ACP/