Trois questions à l’ambassadeur de l’UE,Jean-Marc Châtaigner

Kinshasa, 09 mai 2023 (ACP).- L’ambassadeur de l’Union européenne en République démocratique du Congo (RDC), Jean-Marc Châtaigner, a accordé mardi une interview à l’ACP, à l’occasion de la « Journée de l’Europe » célébrée le 9 mai de chaque année. Le  diplomate français a profité de cette fête de l’Union européenne faisant l’éloge de la paix et de l’unité de son continent, pour commenter, notamment, les enjeux congolais de l’heure.

Question 1 : La « Journée de l’Europe » célèbre la paix et l’unité de l’Europe. Cette année, la Délégation de l’Union européenne en RDC a décidé de la placer sous le signe de la culture congolaise. Pourriez-vous nous en dire plus, sur le programme de l’événement qui se tiendra ce soir à Kinshasa ?

Jean-Marc Châtaigner :

« On a souhaité passer cet anniversaire sous la lueur de la culture, parce que nous pensons que la culture est un élément qui peut rapprocher les peuples autour de la musique, les arts plastiques, autour des arts oratoires, du théâtre. C’est une occasion de fraternité. C’est pour valoriser les richesses culturelles extraordinaires de la République démocratique du Congo.

Cette fête de l’Union européenne va se passer au musée national, autour des artistes. C’est un cadre magnifique, et c’est extraordinaire de passer un bon moment autour de toutes ces œuvres d’art. Ce sont les artistes qui vont bâtir avec le public les événements culturels, des réalisations. Donc il va y avoir un échange entre les artistes et le public. C’est pour nous une occasion de montrer cette créativité et cette fraternité ».

Question 2 : La RDC vient de connaitre l’une des catastrophes naturelles les plus meurtrières de son histoire, avec des inondations au Sud-Kivu qui ont fait plus de 400 morts. Quelle est la réaction de l’Union européenne ?

Jean-Marc Châtaigner :

« D’abord toutes mes condoléances pour ces inondations qui ont été terribles, aussi bien au Rwanda que dans le Nord-Kivu, avec plus de quatre cents (400) victimes en République démocratique du Congo. C’est un événement qui nous a touché de voir ces familles, ces femmes et ces enfants qui ont été touchés par ces inondations. « Nous exprimons notre solidarité à toutes ces familles qui ont été touchées. Nous essayons déjà de mobiliser nos moyens, pour accompagner les autorités provinciale et centrale congolaises. Nous avons le bureau de notre branche d’aide humanitaire à Bukavu, où j’ai demandé qu’on fasse le maximum, pour commencer à travailler notamment avec les partenaires de la Croix rouge congolaise, pour pouvoir apporter le premier secours. Ce nouvel événement tragique m’a vraiment touché au cœur.

« On a mobilisé beaucoup d’aide humanitaire ces dernières semaines à Goma, et on va voir comment mobiliser aussi certaines ressources pour pouvoir assister ces populations qui sont frappées. On a des médicaments, des tentes. Il faut absolument qu’on fasse les analyses avec les autorités.. On va accompagner la démarche des autorités, et on va mobiliser les partenaires qui sont déjà sur place ».

Question 3 : Depuis plus d’un an, les Congolais sont victimes des massacres perpétrés par le M23 avec le soutien du Rwanda. Quel a été le rôle de l’Union européenne depuis le début du conflit ?

Jean-Marc Châtaigner :

« L’Union européenne est touchée par la tragédie de cette guerre dans l’Est de la République démocratique du Congo qui ne se résume pas aux M23, parce que si vous regardez ce qui se passe en Ituri, vous allez vous rendre compte des massacres commis par la CODECO, la milice Zaïre et ce qui se passe aussi dans le Sud-Kivu. On voit qu’il y a une spirale de violence.

« Nous soutenons le processus politique en cours, le processus politique de Nairobi dans son double volet, politique et militaire, le processus de Luanda, les histoires des organisations  régionales qui veulent aider à ramener la paix dans l’Est de la RDC, la SADC et tous les partenaires concernés. Mais, à condition qu’ils travaillent efficacement et bien ensemble avec les autorités congolaises . « Spécifiquement, pour le M23, je vais dire que nous l’appelons à déposer les armes, à se démobiliser sans poser des conditions. C’est-à-dire qu’ils doivent rentrer dans le rang. Nous avons réaffirmé notre position de principe par rapport au gouvernement congolais. C’est-à-dire que cette démobilisation ne doit pas se traduire par une réinsertion des rebelles dans les rangs des forces armées congolaises. Non au brassage, et pas d’amnistie non plus, pour ceux qui ont commis des crimes graves. Il y a des crimes graves qui ont été commis. Ils doivent être investigués et enquêtés. Pour tout ça il y a aussi matière à informer à la justice. « L’Union européenne a fait des déclarations très importantes au mois de décembre dernier et au mois de février, en exhortant le Rwanda à cesser de soutenir le M23. C’est aussi quelque chose que nous tenons à répéter à l’occasion de cette journée de célébration. Nous souhaitons que le processus politique permette à toutes les parties de rentrer dans la voie de la paix. Il est hors de question pour nous, par exemple, de toucher au principe d’intangibilité des frontières ». ACP/

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