Trois questions à Noël Tshiani, candidat malheureux à l’élection présidentielle de décembre 2023

Kinshasa, 08 décembre 2024 (ACP).-Les débats fusent de partout autour de la révision ou changement de la constitution en République démocratique du Congo. Le sujet fait couler beaucoup d’encre et de salive, au regard des enjeux politiques.

L’agence congolaise de Presse(ACP) a approché dans ce cadre   Noël Tshiani, candidat malheureux à la présidentielle de décembre 2023.

 Ci-dessous son point de vue sur cette question qui fait la Une de l’actualité au pays.

Question 1 : Selon Noël Tshiani, quels sont les principaux enjeux de la réforme constitutionnelle qui anime pour l’instant le débat politique en RDC ?

Noël Tshiani : ’’J’avais pris soin de lire attentivement la Constitution de la République démocratique du Congo. En le faisant, j’avais découvert que cette Constitution, qui est la loi fondamentale du pays, contient beaucoup d’imperfections et d’impuretés qu’il nous faut nécessairement, en tant que Congolais, corriger pour bien sécuriser notre pays et assurer le fonctionnement fluide des institutions . Je suis arrivé à une longue liste d’environ une vingtaine d’impuretés et d’imperfections  c’est-à- dire,  des  choses qui fâchent et qu’il faut nécessairement corriger. 

Quelques-unes ont retenu mon attention, à  l’exemple de l’élection  des sénateurs et gouverneurs, dont d’aucun  n’ignore qu’elle se fait par suffrage universel indirect (le peuple ne les élit pas directement). Ce sont les députés provinciaux qui choisissent les gouverneurs des provinces et les sénateurs. Mais qu’est-ce qu’on constate ? Nous avons constaté qu’il y a beaucoup de corruption, moi-même je suis témoin. J’ai même été sollicité par des gens qui me demandaient de faire de moi un sénateur une fois que  j’aurais remis à chacun une enveloppe de cinquante mille dollars (50.000 $). D’aucuns ne diront le contraire. Nous avons un système de corruption à ciel ouvert. Est-ce qu’on peut rester comme cela en tant que pays ? Après avoir fait ce constat-là, il faut changer cela. Il faut éliminer ce système en adoptant un système de suffrage universel direct pour que la population ne soit pas prise en étau et que la corruption ne détermine pas qui doit gagner. Or, pour changer et passer au suffrage universel direct, on trouve que cela est interdit par l’article 220 de la Constitution, qui est un article verrouillé disant qu’on ne peut pas changer le mode de scrutin. Par conséquent, je me suis dit, après avoir fait la liste des choses qui fâchent, on peut changer ces choses à travers une révision constitutionnelle, par exemple […] Parmi les choses à modifier, il y a des matières verrouillées, dont le passage du scrutin indirect au direct. D’où la nécessité de toucher urgemment l’article 220’’.

Question 2 : Votre proposition de loi sur le verrouillage des postes clés (De père et de mère) s’invite-t-elle dans ce débat autour de la Constitution ?

Noël Tshiani : ’’Parlant de la proposition sur le verrouillage des postes clés  (De père de mère et d’épouse congolaise), si nous voulons mettre notre pays sur la voie normale, il nous faut un changement pur et simple de la Constitution.

Raison pour laquelle j’opte  pour la révision de la  constitution et si cela s’avère nécessaire, de changer. Je suis d’accord à condition qu’on inclue  la loi Tshiani De père, de mère et d’épouse, lors de la rédaction ou modification,  que je considère comme extrêmement important pour deux raisons : notamment, la protection de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale. Cela nous évite des infiltrés au sommet de l’État, des gens dont nous ne contrôlons pas l’origine et qui, une fois à la tête de nos institutions, risquent de vendre le pays.

Il y a également la récupération de la nationalité congolaise pour les Congolais d’origine ayant perdu leur nationalité : environ 15.000 de ces personnes dans la diaspora ont perdu leur nationalité congolaise après avoir adopté une nationalité étrangère. Ce sont des ressources humaines de qualité que nous devons récupérer’’.

Question 3 : Des voix s’inquiètent et trouvent votre proposition très restrictive.  Quelle est la garantie pour préserver l’équité et l’inclusivité?

Noël Tshiani : ’’Qui dit qu’on écarte qui ? Dans toutes les lois, il y a un aspect qui écarte certaines personnes. Quand on dit aux États-Unis d’Amérique que pour être candidat à la présidence, il faut être né sur le sol américain, ceux qui ne sont pas nés là-bas sont nombreux et ne sont pas éligibles pour être candidats à la présidence ? Eh bien, Dura lex, sed lex : comme on le dit, la loi est dure, mais c’est la loi. Elle a été faite pour marquer certaines démarcations entre les gens, pour dire qui sera éligible et qui ne le sera pas. Dans ce cas précis, il faut savoir si la discrimination que certaines personnes semblent voir est positive dans l’intérêt de la majorité des Congolais ou si elle est négative  ou encore aveugle. 

Ici, elle est positive, car elle protège la grande majorité des Congolais, préserve la souveraineté nationale et permet au Congo, en tant que pays, de survivre. Sinon, nous serons absorbés par des marionnettes placées à la tête du pays pour balkaniser et vendre la RDC’’. ACP/

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