Ngandajika, 02 novembre 2024 (ACP).– Une professeure d’université, spécialiste en linguistique africaine, a fustigé, vendredi à Ngandajika, province de Lomami (centre de la République démocratique du Congo), le fait que les noms et les langues d’autrui est une bombe de destruction massive et un handicap sérieux, a constaté l’ACP.
« Le travail à faire est énorme, les langues d’autrui et les noms d’autrui dans lesquels l’africain se complaît est une bombe de destruction massive et constituent un handicap sérieux. Le contrôle qu’exerce le Blanc sur les noms des Africains n’est qu’une facette de ce qu’il exerce sur la langue », a déclaré la professeure Mpunga wa Ilunga, Dr en linguistique africaine, dans sa conférence intitulée « comment être Noir dans les noms et dans les langues d’autrui ? ».
Elle a exhorté l’assistance à prendre conscience des maux qui rongent la culture africaine pour s’approprier la dignité africaine. « Il est temps de nous réveiller et de prendre conscience du danger qui nous guette. Nous n’allons pas attendre que le Pape demande pardon aux Noirs pour leur avoir imposé les noms des Occidentaux pour devenir chrétiens. Nous devons nous prendre en charge nous-mêmes en nous libérant pour nous approprier notre dignité », a insisté la prof Mpunga Wa Ilunga.
Et d’ajouter : « Nous aimons porter les noms des ancêtres des autres et courir après eux pour demander leur faveur. Eux ne nous connaissant pas, ils tournent le dos pendant les nôtres nous regardent avec désolation, la main sur la joue ».
Pour la conférencière, le nom exprime quelque chose de la personne et se donne selon les règles bien déterminées par la tradition. Elle interpelle ainsi les africains qui aiment bien porter les noms des autres au détriment de la culture locale.
« Le nom est important pour l’individu, pour tout le peuple et dans toute civilisation. Livrer son nom, c’est se livrer. Le nom est la consécration de la vie : les mors sont ramenés à l’existence, celui qui était stérile est rendu fécond mais l’enfant reçoit le nom selon les règles bien déterminées par la tradition. Le nom évoque et rappelle des souvenirs inoubliables. Enlever le nom à quelqu’un, c’est le tuer culturellement », a expliqué la professeure dans sa conférence.
C’est en guise de conclusion qu’elle a souligné : « ce nom des colonisés nous marque en fait comme propriété de l’Occident et qu’il était temps de prendre conscience et de savoir quel nom attribuer aux enfants ». ACP/UKB