Kinshasa, 13 juin 2023 (ACP).- Les articles de seconde main «Buy low cost», communément appelés «Bilokos», provenant de l’Occident, sont de plus en plus prisés par les Kinois à Kinshasa, en République démocratique du Congo (RDC), depuis quelques années, a constaté mardi l’ACP chez les vendeurs comme acheteurs.
« Les articles que nous vendons proviennent très souvent de l’Europe, des États-Unis et du Canada, c’est souvent des meubles, des appareils électroménagers et même des boîtes de conserve. Dans la plus part de cas, ces articles sont déjà utilisés, mais nos clients affluent toujours pour s’en procurer », a relevé Ikulu Bakali Djo.
Et d’ajouter : « Le seul problème auquel nous sommes butés c’est les tracasseries des différents services de l’État. Nous contribuons, tant soit peu, à l’économie du pays et par conséquent nous devons être protégés. Il y a trop de tracasseries alors que nous payons des taxes. Les agents commis à ces différents services nous dérangent, que l’État nous vienne en aide ».
« Le phénomène « Buy low cost » avait commencé dans les villes de Boma et Matadi dans la province du Kongo Central, grâce aux ports maritimes qui permettent aux navires d’accoster. Pendant plusieurs années, nous avons fait ce commerce sans problème. Tout a basculé avec la décision de l’ancien Premier ministre, Matata Ponyo, interdisant l’importation des vieux véhicules qui transportaient certains de nos articles. De ce fait, notre activité a commencé à connaitre des difficultés en termes de rentabilité. Et du coup, ce commerce n’avait plus d’ampleur », a poursuivi Ikulu Bakali Djo, qui est en même temps, le chargé des relations publiques à l’Association des vendeurs des bilokos de Kinshasa (AVBK), non encore reconnu par l’Etat congolais.
A en croire ses propos, cette décision de Matata Ponyo avait mis au chômage des milliers des jeunes qui avaient finalement pris la décision d’envahir Kinshasa.
« A l’unanimité, nous avions tous décidé, nous qui faisions les navettes entre Kinshasa et certains pays européens, avions pris la décision de regagner la capitale, et continuer avec notre commerce. Nous nous sommes regroupé au sein d’une structure bien qu’elle ne soit pas encore connue par l’État. Mais le plus important pour notre commerce est d’occuper les jeunes, qui jadis étaient des kuluna, ou encore des délinquants, mais aujourd’hui ils se débrouillent et s’occupent de leurs familles », a fait savoir Ikulu Bakali.
La diaspora : principale pourvoyeuse des « Bilokos »
Actuellement, les principaux pourvoyeurs de ces différents articles, sont les congolais de la diaspora qui se font de l’argent en acheminant leurs marchandises dans des conteneurs. « La vie est devenue tellement difficile en Europe que ce commerce reste notre seul moyen de gagner un peu d’argent », a déclaré une des pourvoyeuses, Mme Mangoyisa Mireille, joint au téléphone par l’ACP depuis Paris en France où elle vit.
Et de préciser : « Notre soucis est d’aider aussi nos frères et sœurs au pays. Mais le seul gros problème pour nous, c’est la douane qui demeure encore un casse-tête. Trop de services de l’État. Si nos autorités peuvent trouver une solution durable pour nous, cela sera une bonne chose ».
De leurs cotés, quelques acheteurs trouvés sur l’avenue Gambela, dans les communes de Kasa-Vubu et de Ngiri-Ngiri qui regorgent un nombre important de marchés des « Bilokos », ont exprimé leurs impressions.
« Nous préférons acheter des articles de « Buy low cost »parce qu’ils sont fiables et durables. Les ventilateurs, les fers à repasser, les postes téléviseurs ont une durée de vie très longue, comparativement à ce qui est vendu dans nos magasins et boutiques en ville. Mais il faut aussi dire que nos frères de l’Europe nous envoient de fois des articles usés, mais vendus ici à des prix exagérés. Si non, c’est un marché qui nous aide », a, pour sa part, laissé entendre Lyly Tevo, femme ménagère.
Les marchés des « Bilokos », se sont à ces jours, étendus dans plusieurs communes de la ville de Kinshasa, notamment à Ngiri-Ngiri ; Kalamu ; Kasa-Vubu ; Lemba et Bandalungwa et connaissent une grande affluence de la part de la population kinoise, toutes classes confondues.
ACP/ODM