Kinshasa, 27 septembre 2024 (ACP).- Le professeur Florent Munenge, spécialiste de la Région des Grands Lacs, s’est exprimé sur le procès opposant le Rwanda à la République démocratique du Congo, qui devait commencer jeudi à Arusha en Tanzanie suite à la plainte déposée par Kinshasa devant la Cour de justice de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC).
Selon cet expert, si la RDC espère gagner ce procès, elle doit présenter un bon dossier avec des preuves, soulignant que le dossier doit être bien préparé avec tous les éléments indexant le Rwanda et qui montre réellement qu’il est un pays agresseur de la RDC.
Question 1. Qu’est-ce que les Congolais peuvent attendre du procès qui s’est ouvert jeudi à Arusha contre le Rwanda ?
« La République démocratique du Congo a intenté une action en justice contre le Rwanda au sein des instances judiciaires de l’EAC. Ce qui est normal en tant que pays membre. Lorsqu’un pays se sent lésé, normalement, au lieu de recourir à des moyens violents, on doit d’abord épuiser les moyens spécifiques, dont celui de faire appel à la justice. Pour le cas de la RDC et du Rwanda, la situation est déjà toute autre, étant donné que ces États sont dans une guerre ouverte sur le sol congolais. Alors, que peut attendre la RDC de ce procès qui, d’ailleurs, devrait déjà avoir commencé ? Je viens d’apprendre que cela n’a pas pu commencer comme c’était prévu à Nairobi ».
Question 2 : Que doit réellement faire la RDC pour gagner ce procès ?
« La RDC espère gagner, mais gagner un procès signifie présenter un bon dossier avec des preuves. S’il n’y a pas de preuves en justice, s’il n’y a pas de témoins en justice, on peut sortir perdant étant donné que vous ne présentez pas de preuves. Le dossier doit être bien préparé avec tous les éléments possibles qui indexent le Rwanda et qui montrent que réellement le Rwanda est un pays agresseur de la RDC. Dans ces conditions, la RDC peut sortir de ce procès gagnant ».
Question 3 : Est-ce que la RDC peut compter sur ses voisins et sur les États amis pour remporter ce procès ou devrait se limiter à son dossier constitué.
« Au-delà du dossier, il faut ajouter à cela, avoir une belle équipe d’avocats pour défendre le dossier devant cette instance judiciaire de l’EAC. Mais n’oubliez pas aussi l’aspect politique et diplomatique dans ce dossier. Le dossier qui oppose des États doit également faire appel à des aspects politiques et diplomatiques. C’est vrai, la RDC a plusieurs soutiens maintenant et il faut que ce soutien pèse même dans le déroulement de ce procès.
Mais n’ignorez pas que c’est le Rwanda qui est derrière le M23, derrière cette coalition militaire dont Nangaa est président. Alors, grâce à ce soutien d’autres pays membres, notamment de l’EAC et de plusieurs autres pays membres de l’ONU, la RDC doit s’appuyer sur ce soutien pour peser politiquement et diplomatiquement sur ce procès. Il faut aussi qu’au-delà des moyens judiciaires, il faut ajouter ces moyens diplomatiques et politiques. Dans le cas contraire, si le Rwanda faisait l’inverse sur le plan politique et diplomatique, ce procès ne pourrait même pas commencer. Voilà ce que je peux ajouter à ces premiers éléments de réponse».
ACP/C.L.