Le pape François sera sûrement confronté, en marge de sa prochaine visite en République démocratique du Congo (RDC), aux points « chauds » des réalités du clergé local, a rapporté à l’ACP un intellectuel proche de l’Eglise catholique du pays.
« L’Eglise catholique congolaise traverse, depuis des décennies, une longue période de turbulences et de déviations. Il s’agit notamment du mariage des prêtres, de la pédophilie, de la déstabilisation des foyers des couples chrétiens, du léger comportement de certains religieuses et religieux ainsi que de la mauvaise gouvernance des paroisses et évêchés », a déclaré, indigné, cet intellectuel qui a ajouté que cette liste n’est pas exhaustive.
Il a cité des cas d’un prêtre dominicain de Kinshasa, dont la désobéissance vis-à-vis du Cardinal archevêque a été décriée par toute la communauté catholique de la capitale, en plus de la suspension fortement médiatisée d’un Abbé curé d’une paroisse de Kintambo.
Récemment, les fidèles catholiques d’un archidiocèse du centre du pays ont vécu un scandale dont les échos, parvenus aux oreilles du Vatican, ont entrainé une décision exemplaire de Rome.
Voilà des questions que le souverain pontife ne manquera pas d’aborder lors de sa « rencontre de prière avec les prêtres, les diacres, les personnes consacrées et les séminaristes », programmée le jeudi 2 février, de l’année en cours dans la Cathédrale Notre-Dame du Congo, à Kinshasa.
« Que dira-t-il, à huis clos, aux religieux et religieuses congolais dont la côte de crédibilité peine à remonter dans le camp des paroissiens, témoins de plusieurs vas de violation de l’Evangile de Jésus Christ ? », s’interroge-t-on.
Fidélité au catéchisme de l’Eglise catholique
Selon les analystes théologiens, les positions du pape ne sont pas en ligne avec le passé, sur des points « chauds », notamment sa position face aux homosexuels, ou ses critiques du système économique dominant.
Depuis le début de son pontificat, le pape François, s’est toujours référé, explicitement, à l’enseignement traditionnel de l’Église, au catéchisme de l’Église catholique et à la doctrine sociale de l’Église. « L’Église s’est déjà exprimée de manière parfaite à ce sujet. Il n’était pas nécessaire d’y revenir, comme je n’ai pas parlé de la fraude, du mensonge ou d’autres choses sur lesquelles l’Église a une doctrine claire ! Ma position est celle de l’Église. Je suis un fils de l’Église », avait-il répondu aux questions des journalistes notamment sur l’avortement et le mariage entre personnes du même sexe, en 2013.

A celle relative à l’ordination des femmes, le souverain pontife a répondu : « l’Église a parlé et a dit : non. C’est ce qu’a dit Jean-Paul II, dans une formulation définitive. Cette porte est fermée ».
Le pontificat du pape François est marqué par un débat intense – et non résolu – sur le rapport entre la fidélité à la doctrine et l’approche pastorale, un débat qui s’est surtout développé à l’occasion des synodes sur la famille, et plus précisément sur la question de l’accès aux sacrements des divorcés remariés, a rappelé la source. En effet, soutiennent des théologiens catholiques, le pape a toujours nié vouloir changer la doctrine de l’Église sur le mariage, a poursuivi l’analyste, ajoutant qu’ « il est plutôt disciple d’une approche pastorale plus adaptée aux situations présentes et aux défis que la culture dominante porte à la vie concrète des fidèles et des hommes d’aujourd’hui ».

Pour lui, il ne faut pas enfermer la doctrine de l’Église dans un certain légalisme, qui prétend d’y voir clair, blanc ou noir, en toutes choses, sans entrer dans la réalité de l’expérience vécue. Conjuguer les exigences de la doctrine avec la compassion divine, ne pas perdre le sens du péché, mais trouver les chemins d’une pastorale du pardon et de l’espérance, ce sont là les idées fortes de sa ligne de conduite, a-t-il conclu.