Partie de la région occidentale de la RDC vers la fin du 19ème siècle, l’évangélisation de la partie orientale du pays ne sera entamée qu’à l’aube du 20ème siècle.
Le diocèse de Butembo-Beni, jadis vicariat de Beni, est situé géographiquement à l’Est du pays et chevauche entre deux provinces : le Nord-Kivu dans les territoires de Beni et de Lubero et l’Ituri, par les territoires de Mambasa et d’Irumu.
Cette entité ecclésiastique est voisine du diocèse de Goma par le Sud, et du diocèse de Kasese (Ouganda) par l’Est.En 1906, l’actuel diocèse de Butembo-Beni reçoit ses premiers missionnaires de la congregation du Sacré-Coeur de Jésus, conduits par Mgr Grison. Selon les récits consultés par l’ACP, ils sont venus de Kisangani, actuelle province administrative de la Tshopo, pour s’installer le long de la rivière Semuliki, à Karuhamba, localité d’implantation de la première mission.En une vingtaine d’années de leur présence dans la région, au cours de l’année 1925, par décret du roi Albert 1er, le parc national de Virunga a été créé. Par conséquent, les populations du bassin de la rivière Semuliki furent délocalisées de la zone désormais aire protégée. Ces populations se sont déplacées à Beni, chef-lieu de la zone administrative coloniale.
Mais affaiblis en nombre et par manque des moyens, les religieux du Sacré-Coeur ont cédé leur nouvelle mission aux missionnaires Assomptionnistes dirigés par le père Henri Pierrard, en 1926. A cause de la maladie du sommeil, la nouvelle mission chrétienne de Karuhamba s’installa dans la bourgade de Beni-Païda, considérée comme le noyau d’expansion missionnaire, d’abord sur l’ensemble du territoire de Beni, puis sur la totalité des agglomérations étendues dans la partie Sud, le territoire de Lubero.
La première cathédrale du diocèse est située jusqu’à ce jour à Beni- Païda, dans la paroisse Saint Gustave.
Pour des raisons administratives, Mgr Henri Pierrard décidera de délocaliser le siège social du diocèse de Beni pour Butembo, dans la seconde moitié du siècle. Après les indépendances, la présence missionnaire blanche devient de plus en plus indésirable tant sur le plan politique que culturel. Quelques Noirs autochtones accèdent aux ministères ecclésiastiques et aux études supérieures à l’étranger. L’Abbé Kathaliko est hissé au rang d’évêque en remplacement du Belge Mgr Henri Pierrard. Le nouveau berger dirige le diocèse de Butembo-Beni jusqu’au 02 août 1998, date de l’ordination épiscopale de Mgr Sikuli Paluku Melchisédech.
Un évêque aux mille douleurs
Cet évêque est un pasteur aux mille douleurs ! Bien avant son sacre déjà, le contexte sécuritaire de son peuple n’est pas stable: les rébellions (RCD et autres), les groupes armés (mai mai), les mouvements terroristes (Adf et Mtm), la mauvaise gouvernance, les conflits post électoraux rendent la tache évangélisatrice difficile.
Cinq prêtres dont trois missionnaires de la paroisse Notre Dame des Pauvres de Beni-Mbau et deux diocésains de la paroisse de Bunyuka sont à ce jour portés disparus dans des conditions inexplicables.
La mission pastorale du diocèse de Butembo-Beni compte une soixantaine de paroisses.
Le diocèse de Butembo-Beni compte environ trois cents prêtres. Une centaine, soit un tiers, est aussi envoyée en dehors du diocèse pour répondre à d’innombrables demandes des évêques en carence de ministres ordonnés.
Des religieux persécutés
Dans un contexte d’insécurité généralisée qui règne dans la contrée, on a deploré au cours de ces dernières décenies le kidnapping des prêtres, les assassinats des religieux et religieuses, même par immolation, la destruction méchante de beaucoup de structures sanitaires sous la gestion du diocese. Ces crimes et bien d’autres encore sont commis par les terroristes islamistes actifs dans la région. Cependant, en dépit de ce contexte sécuritaire apocalyptique, l’église de Butembo-Beni s’occupe, en plus de la mission pastorale, de l’homme tout entier. C’est ainsi que les meilleurs hôpitaux ou centres hospitaliers, les meilleures écoles primaires, secondaires et universitaires sont sous le contrôle du Diocèse.
Bref, le diocèse de Butembo-Beni est une église réellement vivante, maîtresse de la pastorale pour des églises sœurs, vectrice du développement dans la partie orientale de la RDC.