Parler de l’élite intellectuelle congolaise sans faire référence à l’oeuvre missionnaire catholique en République démocratique du Congo serait ni plus ni moins une grave entorse à l’histoire de ce pays. Tant le rôle joué par l’Eglise catholique dans le domaine de l’éducation a été incontournable grâce notamment à son réseau scolaire considéré comme une véritable vitrine de formation de qualité en RDC.
Omniprésente et active dans presque tous les secteurs de la vie nationale, l’Eglise catholique s’est particulièrement distinguée dans celui de l’éducation où son empreinte sera à jamais gravée dans l’imaginaire congolais.
Le travail de qualité abattu par l’Eglise catholique, aujourd’hui salué par tous, a été rendu possible grâce à une convention conclue entre le Saint Siege et l’Etat.
Aux termes de ce protocole qui a régenté les relations entre les deux parties de 1906 à 1957, l’Eglise s’est vu confier le monopole de l’enseignement, l’Etat s’engage à l’aider sous forme de subsides pour « assurer le succès de l’oeuvre civilisatrice belge au Congo ».
Convaincus, dès lors que, sans une population instruite, aucun développement ni progrès n’était possible, les missionnaires catholiques vont faire de l’éducation leur cheval de bataille en implantant des écoles dans toutes les grandes agglomérations avant de gagner les coins reculés.
Ainsi, fort du monopole lui accordé, l’Eglise catholique, avec toute la sagesse, le sérieux, le savoir-faire et le sens de l’organisation qu’on lui reconnait, va s’imposer, au point de se rendre incontournable en matière d’éducation, devenant une véritable référence, non seulement par le nombre des écoles implantées à travers le pays estimées à 12.000 écoles primaires et à 5.400 écoles secondaires, mais surtout par la qualité des enseignements dispensés par un personnel qualifié, tout couronné par des taux de réussite appréciés de tous.
Affirmer, face à ce succès, que l’Eglise catholique s’est efforcée de lier son destin à celui des populations qu’elle tenait à instruire et à former, n’est qu’une évidence qui crève les yeux.
Au prix d’efforts gigantesques et de sacrifices parfois à la limite du croyable, les missionnaires catholiques ont réussi à tisser un réseau scolaire d’une telle intensité qu’aucune région n’a été oubliée.
Outre les écoles primaires, on pouvait compter quelques écoles post primaires ayant un objectif pratique fort limité : écoles de moniteurs pour assurer la formation du personnel enseignant, écoles moyennes pour préparer le personnel subalterne (employé de bureau), écoles d’aides-infirmiers et enfin quelques écoles professionnelles auxquelles s’ajouteront plus tard des séminaires pour la formation du clergé local notamment à Mayidi dans l’actuelle province du Kongo-Central et Kabwe dans le Kasaï-Central pour ne citer que ces deux-là.
L’Eglise déploiera un immense effort pour créer et développer en un temps record un enseignement secondaire et supérieur de grande valeur. On pense ici à LOVANIUM, la toute première université congolaise dont la qualité des enseignements et du corps professoral a doté le pays d’une élite intellectuelle qui fait aujourd’hui la fierté du pays et dont la réputation a franchi les frontières nationales.
Véritable réplique de l’université belge de Louvain et pépinière de l’intelligentsia au service de la Nation dans divers secteurs de vie nationale, cette Alma mater tient encore à ce jour l’étendard de la formation élitiste, confirmant ainsi son statut de précurseur qui aura permis aux autres confessions religieuses de se jeter dans la marre de l’enseignement supérieur.
Aujourd’hui, soit plus d’un siècle de dur labeur abattu par l’Eglise catholique dans l’éducation en RDC, les écoles et institutions d’enseignement supérieur catholique à travers le pays s’affichent incontestablement comme la vitrine de la formation de qualité aussi bien aux plans des enseignements des formateurs que du produit versé sur le marché de l’emploi.