Kinshasa, 10 mars 2025 (ACP).- Le recul des droits de la femme africaine et son renvoi à la cuisine sur le modèle européen, rôle dans lequel l’a confinée la colonisation, a été expliquée lundi à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, dans un entretien téléphonique par un opérateur culturel.
«La régression féminine dans la gestion des sociétés en Afrique se fait sentir par le recul de la femme sous la colonisation avec son renvoi à la cuisine sur le modèle européen», a déclaré M. Audifax Bemba, opérateur culturel.
« Perdue avec la colonisation, l’égalité des sexes en Afrique ne relève pas de la conquête mais plutôt de la réhabilitation», a-t-il ajouté.
Selon M. Bemba, dans l’Afrique précoloniale, la femme disposait des mêmes droits que l’homme selon une répartition des tâches précises pour subvenir aux besoins vitaux de la société : «à l’homme la chasse et la pêche, à la femme et à l’homme l’agriculture et la cueillette».
«La femme dans l’Afrique précoloniale participait à la gestion de la cité, non pas aux côtés de l’homme, mais avec l’homme, conduisant aussi aux destinées de certaines femmes, notamment Nzinga Mbandi du royaume « Kongo » qui a été indétrônable, la Kongo Kimpa Vita dont elle partage le sort combattait à visage découvert, soumettant hommes et femmes sous ses ordres», a indiqué l’opérateur culturel, ajoutant que ce statut faisait la différence avec Jeanne d’Arc qui était obligée de se déguiser en homme pour combattre.
Citant d’autres exemples, Audidax Bemba a affirmé que Amina, reine de Zaria au Nigeria, Yennenga, la guerrière du Burkina Faso, Tayitu Betul, impératrice d’Éthiopie ont joué un rôle déterminant dans la bataille contre l’invasion étrangère.
«Toutes ces femmes portaient l’espoir des peuples en soulevant des foules, lançant des armées à l’assaut d’ennemis redoutables et en connaissant les méandres de la politique et du pouvoir», a expliqué M. Bemba en précisant que cela était dicté par un principe de base (Toute vie est une vie), de la Charte du Mandén en 1236 (inspirée du Serment des Sages proclamé à Kurukanfuga le jour de l’intronisation de Soundiata Keïta comme Empereur du Mali, en pays Mandingue.
Cinq cent soixante-sept ans avant la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, la paix et la liberté qui y règnent sont dues, selon les historiens, â cette charte, modèle d’humanisme et de tolérance favorisant l’évolution de la femme dans la société. ACP/JF