La Cédéao confirme le retrait de trois pays d’ici janvier 2025

Kinshasa, 16 décembre 2024 (ACP).- La communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a confirmé lundi le retrait du Mali, du Niger et du Burkina Faso d’ici janvier 2025, conformément aux dispositions de l’article 91 du traité révisé de cette institution, a appris l’ACP de source officielle, citée par les medias internationaux.

«La Cédéao  prend acte que conformément aux dispositions de l’article 91 du Traité révisé, les trois pays cesseront officiellement d’être membres à compter du 29 janvier 2025», a déclaré Omar Alieu Touray, président de la Commission.

«Une période de transition de 6 mois va s’ouvrir à partir du 29 janvier et à l’issue, fin juillet, la sortie des trois États sahéliens de la Cédéao sera définitive», a-t-il ajouté. La Commission va suivre et appliquer les textes prévus en cas de sortie d’un pays, comme cela avait été le cas pour la Mauritanie en 2000. En revanche, à la demande du Sénégal et du Togo, la médiation va se poursuivre encore avec les dirigeants des pays sortants de l’AES, car les chefs d’État et de gouvernement des pays membres de l’organisation ouest-africaine laissent encore six mois « de réflexion » au Mali, au Burkina et au Niger.

C’est donc à compter du 30 juillet 2025, sauf revirement de leur part, que leur sortie sera considérée comme définitive par la Cédéao.  Le président de la commission de la Cédéao a pour mandat d’organiser la sortie du Mali, du Burkina et du Niger, car ces trois États ne seront plus membres de l’organisation à compter du 29 janvier 2025.

Il a en même temps fait savoir que la commission qu’il dirige a été également instruite de lancer les formalités de retrait après la date limite du 29 janvier prochain. À l’issue du sommet, Bola Ahmed Tinubu a insisté à chacune de ses prises de parole sur la nécessité d’unité et de solidarité. Le chef d’État nigérian, qui préside la Cédéao, a réclamé une standing ovation pour son homologue du Ghana, Nana Akufa-Addo, qu’il a surnommé « Mister Democracy » pour son dernier sommet après l’élection de John Dramani Mahama à la présidence ghanéenne.

En revanche, aucun mot, aucun message n’a été prononcé à l’endroit de l’ex-président Mohammed Bazoum. Toujours privé de sa liberté de mouvement à Niamey, malgré une décision en sa faveur de la Cour de Justice de la Cédéao. Cela implique qu’une période transitoire de six mois va s’ouvrir à partir du retrait officiel de ces trois pays pour gérer la situation des salariés contractuels de la Cédéao originaire de ces trois pays, préparer le déménagement des différentes agences communautaires dont les sièges sont situés dans ces trois Etats membres fondateurs de la communauté ouest-africaine.

Il s’agit en même temps de laisser la porte ouverte à un éventuel retour du Mali, du Niger et du Burkina Faso dans la CEDEAO d’ici au 30 juillet 2025 ou, à défaut de définir les modalités du retrait et d’explorer de nouveaux cadres de coopération. Par ailleurs, la veille, samedi, les trois pays concernés par ce retrait, et désormais regroupés au sein de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), ont rendu public un communiqué dans lequel ils garantissent la libre circulation des ressortissants de pays membres de la CEDEAO. «Les ressortissants de la Cedeao pourront entrer, résider et exercer des activités au sein de l’espace AES sans nécessiter de visa», ont-ils assuré. 

Durant six mois, Omar Alieu Touray et son administration vont donc devoir gérer la situation des salariés contractuels de la Cédéao originaire de ces trois pays, mais ils vont aussi s’appliquer à préparer le déménagement des différentes agences communautaires dont les sièges sont situés dans ces trois États membres fondateurs de la Communauté ouest africaine.

La Cédéao approuve un tribunal spécial pour juger les crimes sous Yahya Jammeh

Une décision « historique » : la Cédéao a décidé de créer un tribunal spécial pour juger les crimes commis en Gambie entre 1994 et 2017, durant la dictature de Yahya Jammeh, qui est désormais réfugié en Guinée équatoriale.

Parmi les atrocités commises sous son régime, l’exécution de 240 à 250 personnes, des disparitions forcées, des viols, des actes de tortures et des détentions arbitraires, jusqu’à l’administration d’un faux traitement contre le sida pour les victimes toujours en vie.

«C’est la première fois que la Cédéao établit un tribunal spécial pour poursuivre en justice les responsables de crimes graves, commis sur le territoire d’un État membre. Je fais part de ma gratitude suite à cette décision monumentale », a déclaré Adama Barrow, président gambien.  Les victimes du régime de Yahya Jammeh avaient déjà pu témoigner dans le cadre de la Commission vérité, réconciliation et réparation, établie en 2018 dans leur pays.

Ses recommandations ont poussé les autorités gambiennes à lancer des poursuites contre 70 personnes, dont Yahya Jammeh, qui a fui après sa défaite aux élections de 2016. Aucun accord d’extradition n’existe entre les deux pays, mais la Guinée équatoriale pourrait avoir du mal à refuser de livrer Yahya Jammeh, face à un tribunal représentant toute la région d’Afrique de l’Ouest.

Jusque-là, les rares procès des crimes commis durant ses 22 années au pouvoir se sont déroulés loin de la Gambie. L’ex-ministre gambien de l’Intérieur et un ancien membre d’un escadron de la mort ont notamment été reconnus coupables de « crimes contre l’humanité » et condamnés à de lourdes peines de prison, en Suisse et en Allemagne. ACP/

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