Kenya : des manifestations contre l’inflation dégénèrent à Nairobi

Kinshasa, 20 mars 2023 (ACP).- Des affrontements ont éclaté lundi au Kenya entre protestataires et police lors de manifestations contre l’inflation, notamment devant des bureaux gouvernementaux à Nairobi, sur fond de conflit politique entre le président et son principal opposant, ont rapporté lundi les médias internationaux.

« Des batailles rangées ont éclaté entre des manifestants jetant des pierres et les forces de l’ordre utilisant des gaz lacrymogènes et canons à eau dans certains quartiers de la capitale », ont rapporté ces sources.

Les organisateurs de la manifestation avaient prévu de marcher vers State House, le palais présidentiel, dans le centre de Nairobi, où une vingtaine de manifestants ont été arrêtés.

Parmi les personnes interpellées figurent deux parlementaires, Stewart Madzayo, chef de la minorité au Sénat, et le député Opiyo Wandayi, tous deux membres du parti de l’opposant Raila Odinga.

« Nous sommes venus ici pacifiquement, mais ils nous ont jeté des gaz lacrymogènes », a affirmé un manifestant.  « Ils nous mentent tous les jours. Où est la farine de maïs bon marché qu’ils ont promis ? Où sont les emplois pour les jeunes qu’ils ont promis ? Tout ce qu’ils font, c’est embaucher leurs amis », a ajouté un homme de 21 ans.

Il s’agit des premiers troubles majeurs depuis l’élection à la présidence en août de William Ruto. A Kibera, le plus grand bidonville de Nairobi, des manifestants ont mis le feu à des pneus et la police a utilisé des canons à eau, selon ces sources.

Des affrontements se sont également produits à Kisumu, dans l’ouest du Kenya, autre bastion de Raila Odinga.

Flambée des prix

« Notre victoire nous a été volée et nous sommes déterminés à la récupérer. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés alors que la vie devient de plus en plus difficile. Nous voulons Raila à State House », a lancé un manifestant à Kisumu, Kevin Ojwang.

Ce mouvement de protestation contre l’inflation avait été interdit dimanche par les autorités.

Les Kényans souffrent de la flambée des prix des produits de première nécessité, de la chute brutale du shilling par rapport au dollar américain et d’une sécheresse record qui a plongé des millions de personnes dans la famine.

La police avait reçu deux demandes de manifestations, dont l’une du parti Azimio la Umoja de M. Odinga. La police y a opposé une fin de non-recevoir pour des raisons de « sécurité publique » et du fait du non-respect du délai de dépôt.

Raila Odinga avait convoqué ces manifestations pour lundi, qualifié « jour du destin », afin de protester contre la « montée en flèche » du coût de la vie mais aussi l’élection « volée » du 9 août. William Ruto avait remporté ce scrutin très serré et son adversaire considère son gouvernement comme « illégitime ».

Malgré l’interdiction, des manifestants se sont réunis pour protester contre le coût de la vie. « La vie est si dure. Voyez ces jeunes hommes et femmes, nous n’avons pas de travail, les gens perdent leur emploi. C’est pourquoi nous venons parler de nos droits », a expliqué Henry Juma, 26 ans, cireur de chaussures.

 Epreuve de force

Le grand journal kényan The Standard a résumé la tension en titrant lundi : « Le jour de l’épreuve de force ».

De nombreux commerces à Nairobi étaient fermés avant les manifestations et certaines entreprises avaient demandé à leurs employés de privilégier le télétravail.

Le chef de l’Etat s’était élevé le week-end contre les appels à manifester de son opposant. « Vous n’allez pas nous menacer avec des ultimatums, du chaos et de l’impunité. Nous ne le permettrons pas », a dit William Ruto, demandant à Raila Odinga d’agir via des moyens « légaux et constitutionnels ».

L’élection présidentielle reste un motif de conflit entre les deux dirigeants. Selon les résultats officiels, M. Odinga a perdu face à M. Ruto de quelque 233.000 voix, l’un des écarts les plus serrés de l’histoire du pays, et alors qu’il était soutenu dans ce scrutin par le président sortant Uhuru Kenyatta.

Le recours intenté par Raila Odinga, qui concourait pour la cinquième fois à la tête du pays et se plaignait de fraudes, a été rejeté par la Cour suprême.

ACP/ KHM

Fil d'actualités

Bendélé Ekweya té

Pas un centimêtre 1Cm

Tous unis derrière nos forces armées

Sur le même sujet