Kinshasa, 02 novembre 2023 (ACP).- La Cour constitutionnelle de la République démocratique du Congo a tranché la problématique de la validation des candidatures à la présidentielle de 2023. La liste provisoire des postulants publiée par la Commission électorale nationale indépendante (Céni) avait retenu 24 candidats.
Surprise : toutes les candidatures en lice ont été validées. Et, cerise sur le gâteau, la Haute cour a ajouté celle d’une dame qui n’avait pas reçu l’approbation de la centrale électorale en raison d’une pièce manquante à son dossier. Nous en sommes désormais à 25 candidats, dont deux femmes qui viennent ainsi conforter à la fois la vision de la masculinité positive chantée par le Président de la République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, et son engagement sur la voie de la parité. Mais la grosse surprise, mêlée d’étonnement, réside dans le fait que contrairement aux belles habitudes sur le continent africain, le pouvoir n’a pas cherché à éliminer certains candidats, comme l’en accusaient déjà certains procès d’intention.
Enfin et surtout, l’étonnement est d’autant plus grand que même des candidats pointés du doigt sur des questions très polémiques de défaut de nationalité, particulièrement d’origine, ont également été validés.
Sagesse à la Salomon ? Tout s’est, en effet, passé comme si la Cour constitutionnelle n’avait pas voulu trancher dans le vif. Avec le risque – qui sait ? – que le doute laisse planer la menace d’un rebondissement ultérieur de certains contentieux qui n’ont visiblement pas été vidés. La jurisprudence Bukanga Lonzo nous prouve, chaque jour qui passe, que la Haute cour peut être saisie autant de fois que la manifestation de la justice l’exige.
N’empêche que, globalement, la plupart des observateurs, y compris dans l’opposition, et chacun pour des raisons qui lui sont propres, ont salué ce développement auquel très peu de Congolais s’attendaient.
D’abord parce que ce verdict – s’il faut ainsi l’appeler – a abouti à une sorte d’apaisement sur la scène politique rd congolaise, permettant aux partis et regroupements politiques, ainsi qu’aux candidats, de s’investir avec sérénité dans la campagne électorale qui démarre bientôt. Le pays évite ainsi, du coup, des déchirements additionnels auxquels on aurait pu s’attendre à la suite de menaces, proférées par certains fils du pays, qui continuent malgré tout de peser sur le processus.
Ensuite, parce que la décision de la Cour constitutionnelle permet d’asseoir le principe de la séparation des pouvoirs, et donc de conforter définitivement la jeune démocratie rd congolaise en construction.
Exit donc les menaces, les procès d’intention, les accusations méchantes, les soupçons gratuits et la mauvaise foi. Place désormais à la tolérance et à l’apaisement, quand bien même les principaux bénéficiaires de cette surprenante évolution n’ont pas toujours fait preuve de fair-play et d’élégance.
Espérons, enfin, que les enseignements tirés de cette évolution portent désormais pour le présent et l’avenir. Et que tous nos compatriotes qui, à bon droit, ont eu des raisons de se féliciter de la décision de la Cour constitutionnelle, fassent preuve, demain ou après-demain, des mêmes ressources morales pour applaudir le verdict final des élections. C’est à cette condition que notre démocratie triomphera.
ACP/