LA LITURGIE : Le « Rite zaïrois », une richesse pour l’Eglise catholique (Par José Booto)

Appelé officiellement « Mis­sel romain pour les diocèses du Zaïre », « le Rite zaïrois est un travail à partir du génie propre de l’Eglise du Congo dans la manifes­tation de sa foi », a déclaré le rec­teur de l’Université Catholique du Congo, abbé Léonard Santedi, dans un entretien accordé à l’ACP.

Tout est parti du Synode mondial sur l’évangélisation où les évêques d’Afrique ont déclaré que « c’est à partir de nos cultures, de nos tra­ditions, de notre génie culturel que nous apporterons à la catholicité, notre contribution pour enrichir l’Eglise ». Cette déclaration faisait suite à l’exhortation en 1967du Pape Paul VI à Kampala en Ouganda: « Vous, Africains, vous devez avoir votre christianisme ».

Pour l’Abbé Santedi, « c’est dans le souci de permettre aux fils et aux filles de notre pays de célébrer Dieu en empruntant les éléments de notre culture, en s’exprimant avec le génie propre de notre culture, que ce rite a été pensé ». Cela a pris du temps et beaucoup d’observation de notre société pour que le rite zaï­rois soit à la fois totalement chré­tien et authentiquement africain, pour qu’on ne puisse pas se couper de la richesse de l’Eglise Univer­selle, mais célébrer la foi que nous avons reçu des apôtres en appor­tant les richesses de notre peuple ». « C’est le fruit d’un travail d’in­culturation, l’annonce de l’Evangile à travers notre culture, pour que ce dernier ne soit plus pour nous comme un vernis décoratif, mais plutôt approprié à notre culture » a renchéri l’abbé Santedi. Ainsi, un grand travail a été fait dans la pas­torale avec les Bakambi (respon­sables des communautés ecclésiales vivantes de base), les laïcs, la créa­tion des mouvements de jeunesse comme« BilengeyaMwinda », « Ki­zito-Anuarité » et la liturgie à tra­vers ce rite.

Difficultés et particularités

Le rite zaïrois a connu un certain nombre des difficultés pour son ac­ceptation et son intégration au sein de l’Eglise universelle, à en croire l’abbé Léonard Santedi. Il y a eu no­tamment : « la capacité d’admettre une pluralité d’expression qui ne puisse pas nuire à l’unité de la Foi, la possible confusion entre l’uni­versalité de l’Eglise et l’uniformité, la conformité de ce rite au caractère apostolique de l’Eglise, l’examen des particularités que les théologiens africains ont apportés à travers ce rite au Canon de la messe (règles de la messe), à la manière de louer, à l’orthodoxie de la doctrine chré­tienne.

Comparé au rite romain, le « Rite zaïrois » a plusieurs particulari­tés. « Notamment dans la struc­ture de la messe, la réécriture des oraisons avec l’invocation des an­cêtres, l’approche interactive dans la prédication (l’échange entre le célébrant et les fidèles), la gestuelle dans la prière avec les mains levées et l’introduction de la danse dans la glorification de Dieu, ainsi que l’habillement du célébrant avec la multi coloration des aubes et l’in­troduction des Nkumu (notable de l’Eglise) autour du célébrant. Tout ceci correspond à dire que dans le « Rite zaïrois » de la messe, c’est l’homme avec sa nature, sa culture, avec toute sa richesse qui élève la voix vers le Seigneur pour le louer et pour solliciter de sa part la béné­diction divine.

Des jeunes filles dansent au cours d’une messe au rite zaïrois dans une paroisse de Kinshasa. (Photo tiers)

Ce qui contraste un peu avec la culture occidentaleoù on loue le Seigneur dans le recueillement, dans le silence alors qu’avec le « Rite zaïrois », on le loue dans la joie et dans l’acclamation.

Le « Rite zaïrois » a été avalisé par le Vatican en 1988. Le pape Fran­çois l’a célébré dans la basilique Saint Pierre de Rome en juillet 2022, ce qui montre qu’il est aus­si un don pour toute l’Eglise. Et le pape François a lui-mêmedéclaré concernant le « Rite zaïrois» qu’il « est un rite inspirateur pour d’autre cultures».

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