Kinshasa, 04 septembre 2024 (ACP).- Le renforcement des mécanismes de coordination a été au centre d’un échange lors d’une réunion bilatérale à Bali (ile indonésienne) entre la République démocratique du Congo et la Suède, en marge du forum de haut niveau sur les partenariats multipartites, a appris l’ACP mercredi de source officielle.
«Concernant les priorités de la RDC et de la Suède en matière d’efficacité du développement et de la 4ème Conférence internationale sur le financement du développement (FfD4), les actions suivantes ont été retenues: renforcer les mécanismes de coordination et de gestion de l’aide au niveau des pays en vue de rendre plus efficaces les interventions des partenaires sur les priorités nationales », a déclaré Guylain Nyembo, Vice-premier ministre, ministre du Plan et de la coordination de l’aide au développement.
Outre ces actions, il a été aussi question de « diversifier et accroitre l’accès aux financements ; établir des relations de collaboration avec le secteur privé dans le cadre des financements innovants pour mettre en œuvre des projets de développement dans des secteurs clés tels que la santé, l’éducation, les infrastructures, l’environnement… », a fait savoir la source.
Par ailleurs, en ce qui concerne la progression du suivi du Partenariat Mondial, la RDC a procédé à la soumission finale des données. Le pays attend, pour les prochaines étapes, la diffusion des résultats par l’Equipe d’Appui Conjointe (OCDE/PNUD) avant la tenue d’un dialogue d’actions avec toutes les parties prenantes, a indiqué Guylain Nyembo.
A cela s’ajoutent d’autres priorités : investir dans le renforcement des capacités institutionnelles afin de développer les compétences notamment sur l’élaboration des politiques et stratégies de développement, la définition des mécanismes de suivi-évaluation ; soutenir l’innovation en permettant aux jeunes entrepreneurs d’accéder aux financements pour des projets novateurs dans les secteurs de technologies vertes et numériques.
Contribuer à façonner des politiques et pratiques au niveau mondial qui favorisent un environnement propice au développement ; et renforcer la confiance entre acteurs, notamment à travers la transparence et la responsabilité mutuelle sur les projets et programmes de développement mis en œuvre, figurent également parmi les priorités, a souligné le vice-premier ministre du Plan.
Cependant, au cours de cette rencontre, les deux personnalités à savoir le Vice-premier ministre du Plan (RDC) Guylain Nyembo et la Directrice adjointe de l’Agence Suédoise de Développement International (SIDA) Marie Ottosson, ont échangé sur trois sujets : la réflexion de la République démocratique du Congo (RDC) et de la Suède sur leur rôle de co-présidentes du Partenariat Mondial pour une coopération efficace au service du développement ; la progression du suivi du Partenariat Mondial en RDC ; et les priorités des deux pays en matière d’efficacité du développement et de la 4ème Conférence internationale sur le financement du développement (FfD4).
Il est a noté qu’en tant que Co-présidente du Partenariat Mondial depuis 2019, la RDC a contribué : à la revue du Partenariat Mondial et celle de l’enquête de suivi ; à l’organisation des consultations régionales avec l’appui de l’Agence de Développement de l’Union Africaine (AUDA-NEPAD); à la préparation du projet de Document final du Sommet de Genève ; au partage politique de «l’Agenda de l’Efficacité» et la mobilisation des parties prenantes au niveau mondial et régional à l’occasion des rencontres internationales telles que le Forum de Busan, le Forum Politique de Haut Niveau sur les ODD ; et à la mobilisation des pays partenaires pour leur participation au 4ème cycle de suivi du partenariat Mondial.
Dans ce cadre, il est prévu que la RDC passe prochainement le témoin de la co-présidence à l’Egypte.
ODD: nécessité de transformer la manière de coopérer dans le partenariat mondial
Transformer la manière de coopérer dans le partenariat mondial est une nécessité pour la réalisation des Objectifs du développement durable (ODD) en République démocratique du Congo, a indiqué le ministère du Plan en marge du Forum de Haut niveau sur les partenariats multipartites qui se tient à Bali en Indonésie.
«J’ai insisté sur la nécessité de transformer la manière de coopérer dans le partenariat mondial. Nous sommes appelés à travailler de sorte que nous puissions surtout nous aligner sur les priorités de chacun de nos pays pour permettre l’efficacité de la coopération», a déclaré Guylain Nyembo, Vice-premier ministre en charge du Plan.
«Il faudra que nous puissions rentrer dans un processus d’amélioration continue de notre manière de faire les choses pour que tout le monde se mette d’accord dans le cadre de cette coopération. Ça va faciliter la question de la transparence entre partenaires, et aussi la visibilité sur les opportunités et les difficultés dans le cadre des échanges d’expériences de différents pays», a-t-il fait savoir.
Par ailleurs, M. Guylain Nyembo a participé comme paneliste, à la session plénière de haut-niveau organisée autour du thème « Construire des ponts: libérer tout le potentiel du Sud mondial grâce à des partenariats multipartites ».
Cette session plénière a également permis au vice-premier ministre du Plan de la RDC, de répondre à certaines préoccupations, en rapport notamment avec les aspects prioritaires de la Coopération internationale que ça soit au niveau mondial ou Sud-Sud, cette coopération repose aujourd’hui sur la réalisation des Objectifs du Développement Durable (OOD).
Trois sujets cruciaux attirant l’attention du Sud global en matière de partenariats multipartites
Cependant, Guylain Nyembo a lancé des appels au Sud global pour lutter contre l’injustice climatique, la criminalité transnationale et le blanchiment des minerais de sang.
«J’ai parlé de la justice climatique, de la criminalité transnationale et du blanchiment des minerais de sang, trois sujets cruciaux qui doivent attirer l’attention du Sud global en matière de partenariats multipartites», a indiqué le Vice-premier ministre en charge du Plan lors de cette session plénière.
Au sujet de la Justice climatique, Il s’est dit heureux de voir la RDC rejoindre l’Indonésie et le Brésil, dans la demande des pays insulaires qui réclament justice, parce que victimes du réchauffement climatique causé par les pays industrialisés qui sont les principaux pollueurs au monde.
«Vous voyez que les trois grands leaders se sont joints à ces (10) pays insulaires. C’est ça que nous voulons pour régler ensemble les problèmes et progresser dans le processus de développement», a-t-il dit.
Parlant de la criminalité transnationale, il a évoqué les conflits qui déchirent certaines régions du monde et qui entravent les efforts de développement, particulièrement en RDC. Le vice-premier ministre du Plan a, à cet effet, lancé un appel à la solidarité judiciaire internationale, pour arrêter tous ceux qui sont à la base de ces conflits.
«Nous sommes tous appelés à ne pas permettre aux criminels qui perturbent les processus de développement de chacun de nos pays, de trouver de l’appui dans un pays voisin ou dans d’autres régions», a-t-il plaidé.
S’agissant du blanchiment des minerais de sang, le Vice-Premier ministre s’est attardé sur la guerre de prédation économique qui sévit à l’est de la RDC depuis maintenant près de trois décennies, causant le « Génocost », le Génocide congolais.
«Aujourd’hui, c’est une histoire mise à nue à travers le monde sur l’est de la RDC, où vous avez toute cette maffia qui tourne autour [malheureusement] du Rwanda, de Kigali ; où vous avez une opération d’un autre pays du Sud qui provoque une guerre, tue, déplace les populations essentiellement dans les parties riches en minerais, pour exploiter ces minerais et les servir à certaines grandes puissances et grandes industries du monde», a fermement dénoncé Guylain Nyembo.
Ainsi, la RDC a besoin que tous les pays qui se sentent concernés par la question essentielle de son développement, pays moteur du continent (africain) et de bon nombre des pays du Sud, que « ces pays puissent se joindre à nous pour que cette cause soit défendue », a insisté Guylain Nyembo.
Forum Indonésie Afrique: une opportunité unique pour l’Agenda 2063
Le Forum Indonésie-Afrique offre une opportunité unique de réflexion sur les futurs possibles entre les deux continents, en vue de réaliser un développement économique inclusif et intégral, conforme aux objectifs de l’Agenda 2063 en matière de développement durable, a indiqué le Vice-premier ministre en charge du Plan.
«J’ai déclaré lors du 2ème Forum Indonésie-Afrique (IAF 2024) qui se tient à Bali, petite île de l’Indonésie (Asie), qu’un « avenir commun entre l’Afrique et l’Indonésie est plus que possible», offrant l’opportunité unique de réflexion sur les « futurs possibles » entre les deux continents, en particulier l’élargissement du spectre de coopération en vue de réaliser un développement économique inclusif et intégral, conforme aux objectifs de l’Agenda 2063 en matière de Développement durable», a dit Guylain Nyembo.
Mais, prenant la parole au nom d’un Etat en proie à une agression perpétrée par un autre pays du Sud, dans la partie Est de son territoire, le Vice-premier ministre congolais a souligné que « (…) ces « futures possibles » ne pourront être envisagés qu’en s’en tenant au strict respect des principes consacrés par la Conférence de Bandung de 1995 ainsi qu’à l’Agenda 2063 », et «si nous parvenons à faire taire les armes, à respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de chacun des Etats, et que nous nous consacrons, ensemble, résolument et sincèrement, à la promotion des intérêts mutuels et à la coopération».
Signalons qu’en qualité de chef de délégation et représentant du Chef de l’Etat Felix Tshisekedi et du Gouvernement congolais à ce Sommet qui accueille 32 pays, le Vice-premier ministre s’est réjoui de la tenue de ce forum, placé sous le thème « Esprit de Bandung pour l’Agenda 2063 de l’Afrique. » Un thème qui rappelle, a-t-il dit, les relations historiques et étroites liant l’Afrique et l’Asie, et qui offre l’opportunité unique de réflexion sur les « futurs possibles » entre les deux continents.
Deux axes de coopération Indonésie-Afrique
Pour Guylain Nyembo, la RDC entrevoit ces « futurs possibles » à travers deux axes : l’accroissement du volume des échanges de biens et de services entre le marché indonésien et le marché africain intégré ; et l’intensification de la coopération dans le domaine de la transition énergétique, avec des investissements conséquents dans la production d’énergies renouvelables, en vue notamment de lutter efficacement contre le réchauffement climatique.
L’Afrique et l’Indonésie partagent de grands défis, a dit Guylain Nyembo. Il a cité le recul de la pauvreté, la captation du dividende démographique et la résilience face aux changements climatiques, des « priorités qui appellent à des actions concertées et efficientes au plus haut niveau et partout où l’avenir de nos populations est discuté », a-t-il soutenu.
C’est, fort de ce principe que la RDC et l’Indonésie, aux côtés du Brésil et de la République du Congo (Brazzaville), «ont porté aux nues l’initiative dite des Trois Bassins : Amazonie, Congo et Bornéo Mékong, dans laquelle il est question d’élaborer une stratégie commune relative à l’application de l’Accord de Paris sur le Climat», a conclu le Vice-premier ministre, ministre du Plan et de la Coordination de l’aide au développement de la RDC.
ACP/ODM