Kinshasa, 9 mars 2025 (ACP).- La population de la République démocratique du Congo a été invitée samedi à Kinshasa, à prendre des responsabilités quant à la condition de la femme congolaise, lors d’un culte œcuménique en soutien aux femmes victimes d’agression rwandaise, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes.
« J’invite la population congolaise toute entière à prendre des responsabilités quant à la condition de la femme congolaise, car les femmes sont le socle économique de notre nation », a déclaré Mme Judith Suminwa, Première ministre de la RDC.
« Avec l’agression de l’armée rwandaise et de ses supplétifs du M23 dans l’est de notre pays, l’actualité nous replace devant nos responsabilités quant à la condition de la femme congolaise confrontée une nouvelle fois à cette barbarie », a-t-elle ajouté, avant de relever que les femmes et les filles ont souvent porté le poids des conflits, subissant différentes formes de violences et des pertes incommensurables.
« Les témoignages des victimes, les récits personnels des femmes qui ont subi des violences sexuelles et physiques sont puissants et peuvent sensibiliser le public à l’ampleur de la tragédie. Les femmes et les jeunes filles sont victimes de violences sexuelles utilisées comme armes de guerre et pourtant, elles restent les gardiennes de la paix et les architectes de la reconstruction de notre pays », a-t-elle martelé.
Le 8 mars, un moment de réflexion

Une vue des participants au culte œcuménique en soutien aux femmes victimes
Mme Suminwa a fait savoir que le 8 mars 2025 a été désigné comme un moment de réflexion, d’introspection et d’engagement civique.
« Chaque 8 mars constitue désormais un moment de réflexion, d’introspection et d’engagement civique pour la garantie d’un monde où l’égalité des genres ne sera plus une ambition politique, mais une réalité banale vécue dans notre quotidien », a-t-elle dit.
« En République démocratique du Congo, la date du 8 mars constitue un moment singulier car, cette célébration est porteuse d’enjeux de grande densité. En effet, les défis uniques et souvent dévastateurs auxquels les femmes de notre nation sont confrontées à la suite des guerres et des violences qui ont marqué profondément notre nation », a-t-elle indiqué, tout en encourageant les femmes à s’impliquer dans le processus des décisions pour bâtir une société équitable.
Pour sa part, Mme Yolande Élebe, ministre de la culture, arts et patrimoine a appelé les femmes à s’impliquer dans le processus des décisions pour bâtir une société équitable et juste.
« Étant que nation, nous devons mettre la congolaise au centre de tout le monde, cela implique d’investir dans la santé, nous devons garantir notre accès à des emplois décents et à des ressources tout en s’impliquant dans le processus décisionnels qui influencent les vies et celles de familles », a-t-elle dit.
Mme Elebe a souligné que malgré la situation tragique qui sévit dans l’Est de notre pays, ceci est une occasion de rendre hommage à la force et l’engagement des femmes congolaises.
Des violences sexuelles laissent des cicatrices profondes
La ministre de la culture et arts a mis un accent particulier sur les violences sexuelles utilisées comme armes de guerre, ce qui ont laissé des cicatrices profondes dans les communautés congolaises.
« En cette journée, je mets un accent particulier sur les violences sexuelles utilisées comme armes de guerre et qui ont laissé des cicatrices profondes dans les communautés congolaises. Nous voulons aussi rappeler au monde entier que les femmes congolaises sont au cœur de toutes les ambitions pour un avenir meilleur et nous devons insister sur l’importance de leurs rôles pour la construction de la paix », a-t-elle rappelé.
Elle a interpellé les femmes à se battre sur plusieurs points, à préserver leurs familles, à éduquer les enfants et à relever les défis quotidiens dans les initiatives communautaires pour la cohésion sociale.
« ‘’La Congolaise au centre de toutes ses ambitions’’, est juste un thème assumant pour la paix dans notre territoire, il est fondamentalement les genres, les stratégies de paix. Les femmes doivent être présentes pour les prises de décisions. Aujourd’hui, l’implication d’une femme est crucial pour mettre fin à la violence et pour restaurer la paix dans notre pays », a indiqué la ministre Élebe.
Elle a appelé la communauté internationale à s’impliquer positivement pour mettre fin à la situation qui se vit à l’est de la République démocratique du Congo, avant de recommander aux congolais à faire la différence pour construire un avenir où chaque femme et chaque fille sera digne en sécurité.
Les femmes congolaises exhortées à bâtir leur respect

Une vue de la pasteure Joëlle Kabasele
La pasteure Joëlle Kabasele de l’Assemblée évangélique nouvelle alliance (Aena) a, dans sa prédication, exhorté les femmes congolaises à bâtir leur respect pour mériter la paix.
« Il est temps que nous bâtissions notre respect. La femme congolaise ainsi que la femme africaine, il est temps pour nous d’apprendre à bâtir notre respect car ça ne se commande pas mais ça se mérite et pour le mériter, il faut le bâtir », a-t-elle déclaré.
« Depuis le feu Mobutu, nous avons vécu une fausse paix. La vie de la femme congolaise, précisément de la RDC, n’a pas de prix. La vie de la femme congolaise n’a pas le même prix que celle de la femme européenne, des États-Unis d’Amérique. Les congolais et les congolaises, nous ne voulons pas de fausse paix. Ce pays est obligé de vivre dans la paix (…). Nous croyons que c’est à partir de la fin de cette guerre que nous allons vivre une paix totale », a-t-elle ajouté.
L’unité recommandée aux Congolais
Le pasteur Kabasele a recommandé aux congolais à éviter de se victimiser et à tout faire pour qu’ils se fassent respecter par les citoyens des autres pays.
« Les Congolais ont battu les entreprises, mais nous n’avons pas battu notre respect. Le respect ne se quémande pas. La paix qui arrive maintenant fera de nous des personnes de valeur. Nous devons arrêter de nous victimiser, la victimisation est irresponsable. Nous sommes fatigués de ce semblant de paix », a-t-elle insisté.
Elle a, par ailleurs, recommandé l’unité aux Congolais pour vaincre les ennemis.
Elle a également convié les congolais à se priver de toute narration allant dans le sens d’étaler les faiblesses de l’Etat, plutôt il faut se ranger derrière « David pour battre Goliath ».
« L’unité de l’esprit. Comment pouvons-nous vivre dans la paix si nous sommes divisés. La victoire est dans la paix. C’est le moment de parler de la gloire, des résultats politiques (…). Il ne s’agit pas d’un homme mais plutôt nous unir pour bâtir une paix totale. Le président Mobutu est passé. Le président Kasa-Vubu est passé. M’zée est passé. Les hommes passent mais le pays reste », a-t-elle dit.
« Il est temps de nous unir pour investir pour la paix, car nous sommes tous d’une même nation. Quand Goliath parle, on ne doit plus parler, il ne faut pas voir les échecs de David ou ses défaillances car il est temps de sauver Israël », a-t-elle précisé.
Les femmes congolaises appelées à être des vrais patriotes pour démasquer les traîtres
Contactée par l’ACP, Eve Bazaiba, ministre d’État en charge de l’environnement a, de son côté, appelé les femmes congolaises à être de vrais patriotes afin de démasquer tous les traîtres.
« Nous devons être de vrais patriotes pour enfin démasquer tous les traîtres de notre pays. Une chose est vraie, nous allons recouvrir l’intégrité territoriale de notre pays», a-t-elle déclaré.
« Nous savons qu’il y a beaucoup d’adhérence. A travers l’ACP, nous demandons à la communauté régionale, internationale et tous les terroristes : ‘’enlevez vos mains de la République démocratique du Congo, parce que le réveil de cette action sera foudroyant’’. Les Congolais ne laisseront plus jamais aucun centimètre de la RDC ne sera donné ailleurs » a-t-elle ajouté.
Elle a fait savoir qu’en RDC, le 8 mars 2025 est mis sous le signe de sang, le signe de violence, des atrocités dont les Congolais, particulièrement les femmes subissent des actions dues aux atrocités commises par l’armée rwandaise et ses supplétifs.
La ministre de l’environnement a, en outre, lancé un message aux femmes de l’Est victimes de violences.
« C’est pour elles que nous sommes là. Les femmes de l’Est, les femmes de toute la République. Parce que ces femmes-là, ce sont les femmes congolaises, nos sœurs, c’est notre amour, notre soutien, nos pensées pieuses vers eux. Même si nous ne sommes pas là. Loin des corps, près du cœur. Et aux Wazalendo, nous sommes nous-mêmes des wazalendo. Nous les soutenons » a-t-elle dit.
« Tous les traîtres qui se trouvent au niveau de la population civile, au niveau politique, dans l’armée, dans la police nationale, dans les services de sécurité et des renseignements. La fin des traîtres, c’est la pendaison. Et c’est les traîtres qui vont s’épandre. On ne négocie pas avec les traîtres. On ne discute pas avec les traîtres. On n’amène pas un traître en prison. Les traîtres, c’est la lignée de Judas. Sa place, c’est la pendaison. Abat les traîtres » a-t-elle insisté.
« Parce que nous avons parlé de signes divins aujourd’hui. La Bible dit : ‘’maudit celui qui va déplacer les bornes de son voisin’’. Le Rwanda et les autres veulent déplacer nos bornes. Ils seront maudits à jamais » a-t-elle conclu.
La journée internationale du droit de la femme est célébrée cette année en RDC dans un contexte particulier marqué par la crise sécuritaire dans la partie Est et Ouest, dû, d’un côté par l’agression Rwandaise et de l’autre, par la milice Mobondo.
Sur ce, le ministère du genre, famille et Enfants, chapeauté par Léonie Kandolo a organisé, sous le haut patronage du président de la République, un culte œcuménique au sein de l’hémicycle du Palais du Peuple. C’est la première ministre, Judith Suminwa Tuluka qui a représenté le chef de l’État.
A cette occasion, une prière en faveur de femmes de l’Est et pour la restauration de la paix en RDC a été dite par les différentes représentantes des confessions religieuses. Il s’agit des femmes des Eglises orthodoxe, islamique, protestante, catholique, kimbaguiste, salutiste, Eglise de réveil, Kimbaguiste et Liloba. ACP/