Goma, 27 mai 2023 (ACP).- La situation sécuritaire évolue positivement en Ituri, et demeure préoccupante au Nord-Kivu, a relevé la réunion du conseil de sécurité tenue vendredi à Goma, évaluant pour la 3ème fois la sécurité dans les provinces sous état de siège en République démocratique du Congo.
« Si l’évolution de la situation sécuritaire en Ituri évolue positivement, elle reste plutôt très préoccupante au Nord-Kivu suite à la guerre d’agression et plusieurs déplacés de guerre. Ce qui exige que des mesures appropriées soient prises afin que l’armée soit à mesure de faire face à cette situation », a indiqué le gouverneur militaire du Nord-Kivu, le lieutenant-général Constant Ndima, à l’issue d’une réunion du conseil de sécurité, présidée par le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde.
« La réunion a planché sur l’évaluation de l’état de siège. C’est un exercice que nous avons déjà fait avec le Premier ministre, les ministres sectoriels et quelques membres de l’Assemblée nationale. Nous lui avons dépeint la situation générale de la province du Nord-Kivu qui, sur le plan sécuritaire, reste très préoccupante suite à la guerre d’agression que nous subissons, et aussi la situation humanitaire avec plus de 2.000 déplacés de guerre », a souligné l’autorité provinciale du Nord-Kivu.
D’après cet officier général des FARDC, l’activisme des ADF est la principale cause de l’insécurité au nord de la province, suite aux massacres des civils perpétrés par ce groupe armé, tandis qu’au sud, le M23, bras séculier du Rwanda pilule dans la population.
« Nous avons deux secteurs opérationnels. Au grand Nord, il y a l’activisme des ADF, qui, depuis plusieurs années, sont en train de massacrer notre population pour qu’ils occupent cette partie de la République et y installent un califat. Ce que les Congolais ne peuvent jamais accepter. Ici au sud de la province, que nous avons baptisé Sokola 2, nous faisons face à l’agression du Rwanda avec son bras séculier, le M23 qui ont conquis quelques localités dans les territoires de Rutshuru, Masisi, Nyiragongo, et aujourd’hui, autour de la ville de Goma », a-t-il expliqué.
« Il fallait que nous expliquions cela au chef du gouvernement pour que des mesures adéquates soient prises afin que l’armée soit à mesure de faire face à cette situation. La situation sécuritaire, bien sûr la situation d’agression et aussi la prise en charge holistique des déplacés de guerre », a soutenu en substance le gouverneur militaire du Nord-Kivu.
Le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde a mis à profit son escale à Goma avant de se rendre à Nyamukubi, pour évaluer pour la troisième fois, la situation sécuritaire et humanitaire dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri sous état de siège.
Le conseil de sécurité a formulé quelques recommandations au gouvernement, dont la teneur n’a pas filtré.
Application de la feuille de route de Luanda : un retrait timide des M23
La feuille de route de Luanda continue à susciter beaucoup de questions quant à son application par les parties, alors que les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) l’observe scrupuleusement.
Le gouverneur militaire du Nord-Kivu, le lieutenant-général Constant Ndima, a déclaré à ce propos,: « qu’Il y a un processus en cours, le processus de Nairobi, qui a attiré la feuille de route de Luanda. Une feuille de route qui prévoyait un cessez-le-feu immédiat. C’est ce que les FARDC sont en train d’observer. Il y a aussi le retrait des M23 des espaces occupés sous la supervision des forces de l’EAC. Mais, c’est un retrait timide. Tantôt on se retire, tantôt on reprend les positions. Voilà le jeu auquel nous sommes en train d’assister ».
« Nous avons exigé que cela soit sincère pour que la population retrouve la paix et regagne son milieu d’origine. Puisque les Congolais n’acceptent pas de rester dans les sites des déplacés, dans des camps pour tendre les mains, chercher la nourriture », a-t-il confié à la presse.
Pour le lieutenant-Général Constant Ndima, la population du Nord-Kivu est très active, elle cherche elle-même sa nourriture. Il a exprimé le vœu de voir les conditions sécuritaires être rétablies le plus vite possible afin que la population retourne dans son milieu d’origine.
Après cette réunion du conseil de sécurité provincial, le Premier ministre s’est entretenu tour à tour avec les gouverneurs militaires du Nord-Kivu et de l’Ituri, les services provinciaux de sécurité, les organisations humanitaires internationales qui accompagnent le pays dans cette partie du territoire national, ainsi que la délégation parlementaire ayant fait le déplacement de Goma avec lui.
Dans la suite du Chef du Gouvernement, l’on a noté la présence des ministres d’État au Budget et au Développement rural, des ministres de l’Industrie, de l’Emploi, travail et Prévoyance sociale, ainsi que des vice-ministres de l’Intérieur et de la Défense. ACP/KHM
