Trois questions à Félix Tshisekedi, Président de la République démocratique du Congo

New York, 19 sept. 2023 (ACP).- De la séparation des pouvoirs, au respect des droits des personnes, en passant par l’indépendance de la justice, ou la question du double standard employé dans l’analyse des événements se déroulant en Afrique, le président Félix Tshisekedi aborde toutes ces questions dans une interview accordée à la presse mardi, en marge de sa participation, à New York, à la 78ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies. Sans faux-fuyant, le président de la République démocratique du Congo évoque aussi bien la question de l’arrestation récente d’un journaliste que celle d’un opposant, se trouvant chacun devant la justice.  

Question 1 : Monsieur le Président, plusieurs cas d’arrestations sont observés en RDC. Les plus récents sont ceux du journaliste Stanis Bujakera et de l’opposant Salomon Kalonda, bras droit de Moïse Katumbi. N’est-ce pas là un recul démocratique qui s’observe sous votre mandat ?

Félix Tshisekedi : J’ai un principe. C’est celui de la séparation des pouvoirs. Je crois qu’en « Occidental » convaincu et convaincant (comprenez bien ce que je veux dire !), je ne me mêle pas de ce qui se passe avec la Justice. Évidemment, comme le dit la Constitution, je suis le magistrat suprême. Sans juger, bien sûr, je peux m’enquérir de certaines situations sans m’immiscer dans les affaires de la justice, surtout lorsque cela suscite des polémiques.

Je dirais, dans les deux cas que vous citez, que ce sont des enquêtes qui sont en cours. Ce serait hyper maladroit de ma part d’oser faire un commentaire. Tout ce que je fais et ce à quoi je veille, c’est que les droits de ces individus soient garantis et respectés. Maintenant, si on me démontre que leurs droits n’ont pas été respectés, je suis prêt à aborder le sujet.

Question 2 : Pour avoir relayé des révélations de Jeune Afrique, le journaliste Bujakera mérite-t-il son sort actuellement devant la justice?

Félix Tshisekedi : Une interpellation d’une institution comme la justice, se constate. Pourquoi voudriez-vous que le même principe ne s’applique pas en RDC ? Par exemple, pour la presse, j’ai lu d’ailleurs quelque part qu’il y a deux ans, une journaliste française avait été interpellée et gardée à vue pour avoir divulgué des informations stratégiques.

Un peu plus loin, il y a Julian Assange qui a été traqué et s’est caché dans les ambassades notamment de Grande-Bretagne, parce qu’il avait divulgué des câbles stratégiques. Quoi de plus normal que la justice essaie de s’intéresser à ça, d’autant plus que le journaliste Stanis Bujakera, c’est un jeune homme que j’aime bien.

Pour la petite histoire, il a couvert notre campagne. Je dis « notre » parce que nous étions en coalition avec l’UNC de Vital Kamerhe. Il a couvert notre campagne. Il était  de tous les combats avec nous. Vous voyez que j’ai de la sympathie pour ce jeune homme. Je regrette ce qu’il lui arrive. Mais je ne peux pas faire entrave à la justice et ne pas permettre à celle-ci de ne pas faire toute la lumière. D’autant plus qu’on parle de mort d’homme.

Rappelez-vous, Chérubin Okende, ancien ministre, a été mon collaborateur pendant longtemps. Très apprécié d’ailleurs par moi, il est mort dans des circonstances suspectes qui, jusqu’à aujourd’hui, ne sont pas encore élucidées. Malgré que nous ayons fait appel à des enquêteurs internationaux : belges, à ma demande personnelle adressée au Premier ministre belge ; sud-africains, français aussi bien que de la MONUSCO.

Malgré tout cela, on prend le risque de désorienter l’enquête et l’opinion, je crois que ça peut intéresser la Justice.

Question 3 : Que diriez-vous du cas de l’opposant Salomon Kalonda?

Félix Tshisekedi : Quant à ce cas, malheureusement nous sommes en situation de guerre nous imposée par le Rwanda, et la justice est en train de s’intéresser de très près aux accointances qui pourraient exister entre cette personne et nos agresseurs.

C’est ce que je peux dire à ce stade sans violer le secret de l’instruction. Parce que je tiens à la séparation des pouvoirs et, en même temps, je tiens au respect des droits des personnes qu’on interpelle.

Donc, j’espère que c’est clair. Cependant, permettez-moi d’ajouter ce questionnement sur les deux cas : pourquoi est-ce que lorsque cela arrive en Occident c’est normal, et lorsque c’est en Afrique, c’est des dictateurs, alors que ce sont les mêmes circonstances ?

Fil d'actualités

Bendélé Ekweya té

Pas un centimêtre 1Cm

Tous unis derrière nos forces armées

Sur le même sujet