Trois questions au professeur  Willy Mbalanda (Directeur général de l’Institut national du Travail social)

Kinshasa, 22 février 2024 (ACP).- Le Travail social constitue un appui du gouvernement dans le secteur social. Il a un rôle à jouer pour l’équilibre social de la population congolaise, dont la majorité vit dans des situations de vulnérabilité.

L’Institut national du Travail social de Kinshasa (INTS) est un établissement public qui offre une formation dans les cycles Graduat et Licence aux étudiants désireux de devenir des professionnels en Assistance sociale. L’INTS a conçu un Plan stratégique 2023-2027, toute une vision pour une formation de qualité des travailleurs sociaux en République démocratique du Congo(RDC).

Voilà qui a poussé l’ACP à approcher jeudi son Directeur général, le professeur  Willy Mbalanda, Docteur en sociologie et chef du département des Sciences du travail à l’Université de Kinshasa (Unikin), pour visualiser l’importance de cette structure dans un pays où le social demeure une priorité des priorités.

Question 1 : Le phénomène « enfant de la rue » a pris de  l’ampleur à Kinshasa  et dans les grandes villes  du pays. En tant qu’expert, avez-vous une voie de sortie à proposer au premier gouvernement du second quinquennat ?

Professeur Willy Mbalanda : « Par rapport à cette question, je pense que l’Institut supérieur du travail social joue un rôle important pour l’intégration sociale des personnes en situation difficile, le cas des enfants de la rue dans nos villes en particulier, et notre pays en général. C’est un problème de cassure des liens sociaux, c’est-à-dire un problème de protection sociale de grande envergure.

Ses origines peuvent être économiques, psychologiques et même  culturels. On a affaire à des enfants qui ne sont plus en attache avec des institutions ou des groupes formels et qui sont dans la rue en raison de difficultés diverses.

Pour mieux accompagner le gouvernement, il faut une bonne politique qui va définir un programme en faveur de ces enfants  vulnérables, qui constituent l’avenir de la RDC. Et pour que cela aboutisse à un meilleur résultat, l’implication du Travail social s’avère importante, parce que les assistants sociaux qui sont sur le terrain sont outillés pour comprendre la raison qui pousse ces enfants dans la rue.

Bref, le travail social étant un appui au gouvernement, les assistants sociaux peuvent faire ce travail, à condition d’être vraiment intégrés dans la politique du gouvernement.

A titre d’exemple, le gouvernement peut plancher sur la formation de ces enfants, mais une politique sanitaire sociale d’aide aux familles en difficulté est nécessaire, de sorte que le problème soit traité en amont et en aval ».

Question 2 : Votre établissement attire beaucoup de jeunes et d’adultes, qui ont pour vocation l’encadrement et l’assistance  dans le secteur social. Alors pourquoi ne pas l’étendre à l’intérieur du pays qui ressent le même problème d’assistance sociale ?

Professeur Willy Mbalanda : « L’Institut national du Travail social de Kinshasa est une institution relativement jeune, et sa connaissance dans la cité évolue d’une manière progressive. Avant, les gens ne connaissaient pas ce qu’est le Travail social, mais de plus en plus, nous voyons effectivement que la population commence à nous découvrir.

Il y a une dizaine d’années que cette institution existe, de plus en plus de personnes commencent à découvrir l’utilité du travail social, ceci explique pourquoi tant d’adultes que des jeunes sont en train d’intégrer notre structure de formation.

D’autre part, il faut signaler que le ministre des Affaires sociales Modeste Mutinga a déjà créé beaucoup d’instituts du Travail social dans les provinces, je crois savoir qu’il y en a sept aujourd’hui sur l’ensemble du territoire national, à savoir au Kwilu, dans le Maniema, aux Nord et Sud-Kivu, au Sud-Ubangi, dans le Sankuru ainsi qu’à l’ Equateur.   

Le grand problème, faut-il le souligner, ce sont les moyens, parce que nous parlons d’institutions techniques. Si nous voulons que ces gens soient vraiment formés, il faut le faire avec une expérience de terrain pour que leur service soit un service de taille ».

Question 3 : Quels sont  vos  rapports  avec le gouvernement, et quels problèmes majeurs rencontrez-vous dans l’exercice de vos tâches ?

Professeur Willy Mbalanda : « Nous sommes reconnaissants  au gouvernement,  à travers le ministère  des Affaires sociales, qui a tout donné à cette institution bien que l’accompagnement ne suive pas le rythme.

Nous ne bénéficions pas de moyens de fonctionnement, alors que c’est une institution technique. Nous avons par exemple la mission de sillonner toute la ville de Kinshasa, mais par manque de moyens de déplacement.

Il est vrai que le gouvernement a beaucoup à faire, mais nous souhaitons qu’il pense aussi à notre institution, de sorte que nous affrontions ensemble le problème de vulnérabilité. Comme vous le constatez, notre infrastructure est très modeste, alors qu’on devrait avoir une bibliothèque, des salles de cours adaptées et modernisées, des moyens logistiques et même des frais de fonctionnement pour la formation des techniciens.

Enfin, la reconnaissance même de la profession, du corps d’assistants sociaux est plus qu’urgente. L’Etat doit, par exemple, définir des postes d’assistants sociaux dans les entreprises et institutions congolaises ».

ACP/

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