Grève des chauffeurs : le transport en commun perturbé à Kinshasa

Kinshasa, 05 juin 2023 (ACP).- Le transport en commun a été perturbé lundi, dans la ville de Kinshasa, en République démocratique du Congo, suite à la grève déclenchée par les chauffeurs taxi pour dénoncer les tracasseries routières dont ils sont régulièrement victimes, a constaté lundi l’ACP.

« Nous en avons assez de tracasseries multiples sur la route. C’est chaque jour que nous affrontons le service de transport qui ne cesse de larguer ses agents pour interpeler les chauffeurs. Même si vous avez des documents en ordre, ils cherchent toujours une raison pour nous interpeller afin de nous faire payer des amendes », a dit un des grévistes, Michael Bikusu, surpris en spectateur sur la route.

Un autre qui se réjouissait de constater l’absence des véhicules de transport en commun sur la route a déclaré : «Je me suis toujours posé la question de savoir combien de services doit-on retrouver sur la route pour le contrôle des voitures. Aujourd’hui on ne sait même pas les identifier. D’un côté il y a des agents qui se font passer pour des bureaux 2, d’un autre côté, ce sont des personnes en tenue civile qui se présente avec des bulletins de service signé par je ne sais qui ».

« Nous l’avons annoncé et nous l’avons fait. Nous nous sommes décidés de répondre favorablement à l’appel de notre syndicat, car il s’agit là de notre intérêt », a laissé entendre un conducteur, Mbula Paty alias « Vieux Zorro » à la population marchant sur le trottoir.

«Le versement journalier est fixé à 40.000fc pour un taxi. Lorsque nous sommes arrêtés, surtout pour des raisons souvent non valables, la police exige  plus ou moins 50.000fc avant de reprendre la voiture. Ils ont trop d’agents de transports et nous ne comprenons plus rien, parce qu’ils nous rendent la tâche difficile », s’est plaint un taximan, Kelly Luzolo.

De son côté, l’Association des chauffeurs du Congo (ACCO) a exprimé son mécontentement de n’avoir pas été associé à cette démarche de grève. « Nos amis de la synergie  des associations de chauffeurs ne nous ont pas associé à la réunion alors que ACCO milite aussi pour les intérêts des conducteurs », a déclaré le président de cette Asbl, Jean Mutombo.

Et d’ajouter : « De toutes les façons cette grève ne pouvait pas avoir lieu aujourd’hui parce que le ministre provincial des transports a accordé une moratoire de dix (10) jours pour permettre aux transporteurs non en règle avec les documents de l’Etat de s’acquitter de leurs obligations ».

Certains jeunes tentent de bloquer quelques artères de la ville de Kinshasa

Des foyers de tension ont été observés sur plusieurs tronçons des avenues de libération et Assossa où des jeunes accompagnés de certains chauffeurs bloquaient le passage aux véhicules à l’aide des pneus brûlés sur la chaussée. Cependant, les éléments de la Police nationale commis à la patrouille les ont dispersés à l’aide de coups de gaz lacrymogène.

Quelques conducteurs qui ont essayé de s’entêté, ont été interpellés voir agressés par leurs collègues en colère. Cau séquence, le long du boulevard Lumumba, ce sont de longues files des personnes marchant à pied qui ont été observés. Même situation sur plusieurs grandes avenues qui conduisent vers le centre ville et le rond-point victoire.

Fluidité de la circulation dans les artères de la ville de Kinshasa

La circulation a été fluide dans la ville de Kinshasa suite à cette grève des conducteurs de transport en commun dans les artères de la ville de Kinshasa, notamment sur l’avenue Kimwenza, dans la commune de Kalamu, les boulevards Lumumba et 30 juin.

Cependant, certaines personnes ont dû parcourir des distance à pieds pour trouver un moyen de transport afin d’arriver dans les lieux de travail ou des activités. Face à cette situation de grève, les motocyclistes ont envahi les artères de la ville de Kinshasa afin de combler le déficit causé par le manque  de transport.

A cet effet, certains motocyclistes ont majoré le prix de la course, notamment la ligne quartier.1 dans la commune de N’djili au marché central qui est passé de 3.000 à 4.000 CDF.

Les conducteurs grévistes sollicitent une rencontre avec le Chef de l’Etat

Les chauffeurs grévistes ont formulé un plaidoyer pour une rencontre avec le Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi. « Nous, chauffeurs taxi de la ville de Kinshasa, tenons à rencontrer le Chef de l’Etat, en sa qualité de garant de la nation, car depuis sa prise de fonctions, il a rencontré plusieurs couches de la société à l’exception des conducteurs taxi.

« Nous saisissons cette opportunité pour introduire notre requête de rencontrer le Chef de l’Etat afin que nous puissions exposer au Président de la République nos desideratas et qu’ensemble, nous proposons des pistes de solution efficace », a dit le président national de l’association « Mopila Asbl », Eric Manianga, membre signataire de cette grève. 

Et d’ajouter : « Nous n’allons pas nous fatiguer à revendiquer nos droits. Cette grève est consécutive, notamment à la présence des unités de trop sur la voie publique qui sont à la base des tracasseries dont sont victimes les chauffeurs. En outre, nous voulons le retrait sans condition de l’Association de chargeurs du Congo(ACHACO) dans les parkings publics, qui suite à leurs tracasseries, deux (2) chauffeurs ont connu la mort le 02 et le 05 mai dernier, respectivement dans les communes de Matete et Bandalungwa ». 

Il a fait savoir que l’Association des chauffeurs plaide pour l’observance de la lettre du gouverneur interdisant le refus de l’ACHACO d’œuvrer dans les parkings afin que les chauffeurs de transport en commun s’organisent pour l’embarcation de leurs clients.

« Nous avions rencontré le gouverneur de la ville jeudi dernier qui nous a rassuré de demander à la police provinciale de Kinshasa de retirer l’unité  Ujana et autre sur la voie publique, ainsi que des agents de transport jusqu’à à la délivrance de document de transport », a-t-il signalé.

Et de poursuivre : « Au regard de toutes les démarches entreprises avec le gouverneur de Kinshasa et le ministre provincial des transports, nous avions levé la grève, sauf que la communication était faible. Donc, nous pensons déjà dès la soirée à la reprise sur la voie publique. Nous sommes confiants que les autorités vont tout mettre en œuvre en rapport avec nos closes pour une solution durable dans un bref délai ».

L’association « Mopila Asbl » est membre de la synergie des associations pour la défense des droits des chauffeurs et la promotion de civisme routier en RDC, rappelle-t-on.

Certaines activités perturbées dans la ville de Kinshasa

Par ailleurs, certaines activités ont été perturbées dans la ville de Kinshasa où certaines personnes ont eu du mal à vaguer librement à leurs occupations. Dans certaines entreprises de la ville de Kinshasa, les travailleurs sont arrivés retards, par contre, d’autre n’ont pas pu.

Le constat est le même dans d’autres activités, notamment dans les marchés où certains étalages étaient vides.

« Je suis arrivé au boulot en retards par manque de transport. J’ai dû prendre la moto ce qui m’a coûté au-delà du montant prévu. Les chauffeurs n’ont pas que des droits à revendiquer, mais aussi des devoirs à remplir, notamment le respect du prix de transport fixé par l’Hôtel de ville. Nous demandons également aux autorités d’axer sur ce dossier lors de leur négociation sur la levée de la grève », a souhaité un travailleur d’une entreprise au centre ville de Kinshasa.

Cependant, les bus de la compagnie de Transport en commun ont circulé ce qui a allégé la situation et permit à certains d’arriver aux lieux de service.     

D’après un document distribué aux chauffeurs par la synergie des Associations des chauffeurs, le mouvement de grève observé ce lundi 5 juin a pour cause les actes de tracasseries routières auxquels les transporteurs en commun font face quotidiennement.

La même source affirme que ces tracasseries sont l’œuvre des chargeurs déployés dans des parkings, mais également des éléments de la police, des équipes du ministère provincial des transports ainsi que d’autres agents fictifs qui trainent dans les artères de Kinshasa pour constater des préventions routières et les taxer des amandes transactionnelles.

Les grévistes ont plaidé pour que le pouvoir public supprime tous les services fictifs qui dérangent les chauffeurs, notamment ceux de l’Association des chargeurs du Congo (ACHACO) pour ne laisser que la police de circulation routière (PCR) qualifiée, réformée et équipée. Ils affirment observer ce mouvement jusqu’au 7 juin. ACP/ODM

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