De manière pragmatique, la stratégie se définit généralement comme un ensemble de voies, moyens, ressources, étapes et opérations mis en œuvre pour atteindre un ou plusieurs objectifs, ainsi que l’a adoptée la République démocratique du Congo avec son président Félix Tshisekedi.
Les RD Congolais n’ont plus que ce mot à la bouche depuis quelque temps, appréciant à leur manière l’action de leurs dirigeants. Après trente ans d’un conflit meurtrier, fait de massacres, viols, pillages et déplacements de populations, le monde assiste, médusé, à un véritable renversement de dynamique dans l’évolution d’une crise, dont peu d’observateurs prédisaient un développement aussi surprenant au regard des forces en présence et des protagonistes proches engagés.
L’élément le plus déterminant a assurément été la résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations Unies. Cette-ci condamne le rôle du Rwanda et du M23 dans la poursuite de la crise. Elle exige le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la RDC, de même que le retrait des forces non invitées sur le sol congolais.
Il y a aussi et surtout une pluie de sanctions inédites, tant individuelles que collectives brandies par les acteurs majeurs mondiaux pour marquer la volonté de la communauté internationale à stopper enfin la crise et installer la paix. Autant de développements que les Congolais doivent à un homme, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, dont l’engagement dans l’option diplomatique a souvent été tournée en dérision avant de déboucher aujourd’hui sur des résultats qui n’ont pas manqué de surprendre aussi bien les plus optimistes que les plus sceptiques des observateurs.
Au-delà du changement d’attitude des acteurs majeurs de la communauté internationale, ce que les Congolais savourent le plus ces dernières semaines, c’est, dans cette dynamique, la nouvelle approche imprimée par l’administration américaine sous la houlette du président Donald Trump. Une approche dont on attend, selon des sources à Kinshasa comme à Washington, un accord historique « Minerais contre Sécurité » appelé à modifier profondément les relations d’amitié et de coopération entre les Etats-Unis et la RD Congo. Mais aussi à réduire considérablement l’influence du Rwanda, désormais désigné comme agresseur, dans la sous-région des grands lacs.
En gros, Washington devrait avoir accès aux minerais critiques de la RDC et offrir en même temps à Kinshasa les outils susceptibles de lui assurer plus de sécurité et de stabilité, ainsi que des infrastructures. On cite parmi ces minerais critiques le nickel, le cobalt, le tantale, le germanium, l’uranium, le lithium, le nobium, etc.
Alors que des sources dans la capitale américaine font état d’une invitation de la Maison Blanche au Président Tshisekedi, début avril, pour confirmer et conclure le « deal » entre les deux pays, on croit savoir que des échanges de haut niveau ont eu lieu la semaine dernière dans la capitale américaine entre les délégués des deux gouvernements pour définir les grandes lignes de l’accord. En d’autres termes, Kinshasa a plus que jamais besoin de renforcer son secteur sécuritaire et des infrastructures quand Washington de plus en plus distancé par Pékin dans le secteur des technologies du futur entend s’approvisionner directement à la source dans une formule gagnant-gagnant qui n’a cessé de motiver les autorités congolaises.
Il reste que la RDC doit apprendre à remettre de l’ordre dans sa boutique et à nettoyer ses écuries d’Augias pour mériter la confiance de ses partenaires. Des échos en provenance de Washington font en l’occurrence état de l’accent mis par l’administration américaine sur la lutte contre la corruption et l’impunité comme frein au développement, de même que sur la fin des détournements des deniers publics. La balle se trouve ainsi, en définitive, dans le camp de la RDC. Jules Alingete, le Chef de L’Inspection Générale des Finances (IGF), valorisée par le Chef de l’État doit redoubler d’ardeur, tout comme la Cour des comptes qui a débuté par une campagne de sensibilisation.
Avec ce deal gagnant-gagnant, es minerais de sang laisseront ainsi la place aux minerais de la paix. Personne ne sera perdant. Kigali doit intégrer cette donne pour une véritable paix dans les Grands lacs.
Bienvenu-Marie Bakumanya