Le champion du catch sans fétiche « Mwimba Texas » a tiré sa révérence

Kinshasa, 01 septembre 2020 (ACP).- Le champion du catch sans fétiche, Mwimba Texas, a tiré sa révérence, dimanche 30 août dernier à Kinshasa des suites d’une maladie.

A sa mort à 53 ans, Mwimba Texas est resté sans concurrent, dans la mesure où, en 652 combats, il n’a trouvé aucune résistance.

Pratiquant un catch professionnel sans fétiche et premier catcheur albinos, Mwimba Texas s’était également engagé dans la lutte contre les préjugés auxquels font face les gens atteints du problème de pigmentation de la peau.

Le catcheur avait d’ailleurs lancé en 1998 une fondation portant son nom pour venir en aide à ceux qu’il appelait ses « frères albinos ».

Il se battait notamment pour inciter les personnes atteintes de la dépigmentation de la peau, causée par un déficit de mélanine, à se protéger du soleil pour éviter le cancer de la peau.

La popularité de Mwimba Texas a aussi contribué à sensibiliser la société congolaise au sort des albinos, qui sont encore régulièrement assassinés en Afrique car, jugés comme étant des êtres diaboliques et sujets à des pratiques de sorcellerie.

Le sportif était connu non seulement pour son immense carrière et son impressionnant palmarès mais aussi et surtout pour son engagement aux côtés des albinos vulnérables à travers la fondation éponyme créée en 1998.

Le dernier combat du catcheur albinos

Le célèbre catcheur congolais Mwimba Texas se démène pour aider les albinos africains à travers sa fondation à Kinshasa, luttant contre les préjugés et l’ignorance.

Un documentaire lui rend même hommage, écrivait Jeune Afrique qui a eu à décrire sa rencontre avec le catcheur défenseur de ses pairs : « Deux enveloppes sont posées sur la table. La première, il l’a déjà ouverte : elle contient des portraits en pagaille.

Sur tous les clichés, il apparaît lui, le catcheur albinos congolais, toujours invaincu au terme des 652 combats de sa carrière.

Mwimba Texas avec le Malien Salif Keïta, autre star touchée par l’albinisme. Mwimba Texas sous une banderole de la fondation, créée en 1998, qui porte son nom, et qui se bat pour la prise en charge des albinos et autres personnes vulnérables.

La deuxième enveloppe est plus petite. Il sort les photos de façon un peu mécanique, et les détaille sur le ton monocorde de celui qui a dû reproduire les mêmes gestes, les mêmes mots, de bonnes centaines de fois pour convaincre du bien fondé de sa cause.

’Là il va falloir être fort, ce sont des gens que nous essayons d’aider à la fondation… mais on a souvent que des pansements pour les soulager.’’

 Les images sont à peine soutenables. Ce sont des portraits d’albinos, la plupart enfants ou adolescents, atteints du cancer de la peau.

La maladie a grignoté leur visage.

Parfois la peau est trouée. Parfois elle crée des boursouflures monstrueuses et purulentes, recouvrant les yeux, avalant les joues, faisant comme fondre le menton.»

Lutter contre le cancer et la sorcellerie

Le charisme du Noir blanc est évident. Lunettes de marque, bonnet rouge vissé sur le crâne, ce businessman a des allures de sapeur. La route a pourtant été longue pour assumer sa différence. « J’ai eu la chance de naître dans une famille où le frère cadet était aussi albinos, raconte Mwimba Texas, aujourd’hui 52 ans. Il m’a aidé à me décomplexer, à affronter les préjugés. »

L’albinisme fait toujours naître de nombreux fantasmes.

«On nous considère encore comme des êtres diaboliques, regrette-t-il. Encore aujourd’hui, en entrant dans un taxi, je peux faire fuir les autres clients !» Au Burundi on dit que manger le sexe d’un albinos apporte la richesse.

En Tanzanie, on rapporte l’assassinat de 75 albinos ces 15 dernières années… «Pourtant, ces crimes atroces causent beaucoup moins de morts que les cancers de la peau», souligne Texas, bien décidé à se battre.

«Je reste toujours optimiste et jusqu’au-boutiste»

Et ça, il sait faire. Encore étudiant en mécanique, Texas se prend de passion pour la castagne. karaté, self defense, lutte gréco-romaine… le catch le tente. « On me disait : tu ne peux pas, tu es trop fragile… » En 1980, cet ambitieux a déjà son propre club.

Il promeut le « catch classique sans grigri » dans un pays où sur les rings, se multiplient les sacrifices de pigeons, de serpents ou les séances d’envoûtement.

Mais pour le catcheur, promouvoir un sport sans sorcellerie, c’est aussi une manière de lutter contre les croyances liées à l’albinisme. De match en match, le sportif gagne en notoriété.

«Aujourd’hui ce n’est pas possible de faire 50 mètres à Kinshasa sans que quelqu’un le salue», reconnaît Soizic Sanson. Il a organisé des combats philanthropiques dans des prisons, ou pour les blessés dans les camps militaires, apportant des denrées alimentaires de base, peaufinant son image positive.

Toujours gagnant sur le ring, le « Mandela des albinos », longtemps champion de Kinshasa, aspirait à prendre sa retraite pour se consacrer pleinement à sa fondation. Texas avait un sens évident du marketing, savait comment utiliser les médias et son réseau. Mais il avait peiné à trouver des fonds.

Le Bureau conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme salue la mémoire de Mwimba Texas

Le Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme (BCNUDH) s’est exprimé au sujet du décès ce dimanche de Mwimba Texas. Le catcheur de 53 ans est mort de suite d’une maladie qui s’est aggravée ces quatre derniers jours.

Le BCNUDH présente ses condoléances à sa famille ainsi qu’à l’ensemble de la communauté des défenseurs des droits de l’homme.

Le BCNUDH s’est dit attristé par la nouvelle de la disparition « d’un défenseur des droits de l’homme engagé dans la promotion et la défense des droits de tous.

La fondation Mwimba Texas a apporté une contribution inestimable à la sensibilisation sur l’albinisme en RDC ». ACP/Awa

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