Journée mondiale de l’art : trois questions au plasticien Bruno Ilunga

Kinshasa, 15 avril 2024(ACP).- L’art congolais se porte relativement bien, en quête d’un mécénat étatique pour  se relever et se booster. Tel est le point de vue du plasticien Bruno Ilunga et président de l’Association internationale des critiques d’arts section RDC, partagé à l’ACP, à l’occasion de la journée mondiale de l’art contemporain célébrée le 15 avril de chaque année.

Ce critique d’art, également enseignant à l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa, lance un appel aux artistes congolais, toutes filières confondues à s’investir pour faire la création d’un « front culturel », contre l’agression rwandaise, hormis les fronts militaire, diplomatique et autres utilisés par le gouvernement congolais.

Question 1. Comment se porte aujourd’hui l’art plastique visuel en RDC après les générations de Liyolo, Mavinga, Lufua, Botembe?

Bruno Ilunga: l’art se porte relativement bien en République démocratique du Congo. A l’époque de toutes ces grandes figures,  il y a eu le mécénat d’Etat, axé sur la promotion de l’art  qui avait permis à beaucoup d’artistes de progresser. De nombreux artistes avaient bénéficié de ce mécénat pour que leur art  ait de l’ampleur et soit promu, dans le cadre,  notamment du retour à l’authenticité du Maréchal Mobutu. Et le choix du ministre de la Culture n’était pas n’importe qui. Ça devait être un expert et quelqu’un qui maîtrisait la vision de Mobutu.

Aujourd’hui notre art est relativement bien portant, bien  qu’il se présente encore un besoin d’animateur  expert à la tête du ministère de la Culture. Quelqu’un qui devait avoir une parfaite maîtrise des questions profondes de ce secteur.

Question 2. En cette période où le pays fait face à l’agression rwandaise, que doit faire les artistes pour que la Culture devienne un autre front contre cette guerre, hormis les fronts militaire, diplomatique et médiatique ?

Bruno Ilunga:- Effectivement, les artistes doivent combattre. Ils doivent le faire au travers de plusieurs illustrations,  dénoncer cette guerre dans leurs différentes facettes, comme on l’a vécu à l’époque de la guerre mondiale, notamment avec Picasso qui a montré les tueries en Espagne, à travers son œuvre « Guerrnica« .

Les artistes congolais peuvent se lancer dans cette lutte en présentant des œuvres qui retracent toutes les épisodes des tueries et des violences de cette guerre dans toute sa durée. D’ailleurs, nous encourageons certains artistes qui le font déjà, tels que Francis Mampuya qui  travaille dans cette approche avec des enfants, qui expriment leurs émotions, exhibent leur condition de vie dans les zones en confits. C’est-à-dire le combat mené par le prophète Simon Kimbangu. Donc, tous doivent  lutter à travers la sculpture, la peinture, le métal, l’art visuel et pourquoi pas la musique pour dénoncer ces atrocités.

Question 3. Dans le cadre de la concurrence dans le marché mondial de l’art  que recommandez-vous aux artistes congolais pour améliorer leurs produits ?

Bruno Ilunga: Les artistes congolais ont un produit déjà amélioré, car ils  travaillent très bien dans l’ensemble. Nous avons certains parmi eux qui organisent des expositions à travers le monde d’où ils ont aussi beaucoup vendu. Mais, seulement cela passe inaperçu parce que le marché surplace chez nous ici,  a tari, autrement dit elle n’a pas pris de l’ampleur. C’est-à-dire que, avant la période mobutiste, ce sont les européens qui achetaient les œuvres pour leurs musées en étranger.

Aujourd’hui nous avons  des Congolais et des mécènes qui consomment aussi ces produits locaux.

Sur le plan interne, il faut absolument que l’engouement du passé, caractérisé par les foires artistiques, des expositions soient organisées régulièrement ainsi que l’aménagement des galeries propres au pays. Actuellement il n’y a que des galeries des privés étrangers qui sont moins coopératifs.

Bref, il nous faut une politique culturelle de notre pays, qui exige d’abord une personne ressource. Le temps est venu pour que l’art puisse appartenir aux enfants qui aiment la culture, afin que celle-ci soit bien vendue et qu’il profite à la Nation. Les artistes bien formés sont pléthoriques  en RDC, mais le marché de l’art est fermé par manque d’un mécénat efficace, un appui financier étatique pour booster le secteur artistique.

Implantée en RDC depuis les années 1973,  l’AICA consiste en une structure de critique en même temps de surveillance de l’évolution de l’art ainsi que de réglementation de l’éthique et de la déontologie du métier d’art, dans sa diversité. Cette représentation de la RDC qui a traversé plusieurs générations d’artistes, a eu des membres tels que Andre Lufua, Mavinga, Alfred Liyolo, Roger Botembe, Francine Mava, Franck Dikisongele et autres de renommée nationale comme internationale. ACP/

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